LES CONTOURS D'UNE NOUVELLE MAJORITÉ XXL
Depuis 1991 et le gouvernement (PS) de majorité élargie, le Sénégal n’avait pas connu une alliance politique majeure aussi vaste que celle officialisée, dimanche dernier, entre Macky Sall et principalement Idrissa Seck, nouveau président du CESE

Depuis 1991 et le Gouvernement (Ps) de majorité élargie, le Sénégal n’avait pas connu une alliance politique majeure aussi vaste que celle officialisée, dimanche dernier, entre le Président de la République, Macky Sall, et principalement Idrissa Seck, nouveau président du Conseil économique, social et environnemental (Cese). Entrant dans le Gouvernement du Président Abdou Diouf, celui qui était encore l’un des opposants les plus célèbres en Afrique expliquait ses motivations dans les colonnes du «Soleil», en avril 1991, par la situation que traverse le Sénégal et les difficultés qui dépassent les capacités d’un seul parti ». Le futur Président Wade lançait un appel au patriotisme : «Il faut que l’écrasante majorité des Sénégalais s’investisse pour faire face à cette situation ». Autre époque, même pays. Après une retentissante victoire à la présidentielle de 2000, Me Wade est au pouvoir depuis quatre ans. Un de ses plus farouches opposants, feu Djibo Kâ, est appelé au Gouvernement un jour d’avril 2004 comme ministre d’État, ministre de l’Économie maritime. Le fondateur de l’Union pour le renouveau démocratique (Urd) s’explique, quelques jours plus tard, devant ses militants réunis à Linguère : «Rien ne sera de trop pour mettre la main au service du peuple, et le Président de la République (Me Wade – Ndlr) estime qu’on doit mieux faire ensemble pour le bonheur de toute la Nation».
Dimanche dernier, quelques heures après sa nomination, Idrissa Seck donnait les raisons de son choix : «J’ai choisi le chemin d’une implication directe et personnelle pour participer aux efforts qui nous incombent à tous pour redresser le pays. Nous avons fait le choix responsable de répondre positivement à l’appel du Président d’unir l’ensemble des forces vives de la Nation ». Les régimes passent, mais les motivations restent les mêmes quand il s’agit de répondre à l’appel du Chef de l’État. Ce sont à la fois l’agenda électoral, le rapport de forces et la situation socioéconomique qui créent une conjoncture politique. Au-delà de son élargissement, avec l’arrivée à ses côtés de l’ancien Premier ministre classé deuxième lors de la dernière élection présidentielle, en plus de la nomination au Gouvernement du co-fondateur de «Suxali Sopi», l’ancien ministre et maire de Dagana, Oumar Sarr, la nouvelle majorité dévoile un caractère inédit par son épaisseur au Gouvernement comme à l’Assemblée nationale et dans la plupart des grandes collectivités locales, hormis Dakar. «Benno Bokk Yaakaar» a muté avec l’arrivée d’Idrissa Seck dans la majorité présidentielle. Le nouveau venu est fort de ses 20,51% obtenus lors de la dernière présidentielle, une aura assurée dans certains bassins électoraux (Touba et Thiès), une expérience gouvernementale (ancien Premier ministre, plusieurs fois ministre), bref, une envergure nationale.
Pour sa part, le nouveau ministre des Mines et de la Géologie, Oumar Sarr, apporte sa longue expérience des arcanes de la famille libérale. Ministre systématiquement reconduit sous le régime libéral entre 2000 et 2012, le maire de Dagana (depuis 1996) est un spécialiste connu des fichiers électoraux. Tous les grands partis se retrouvent désormais dans la majorité présidentielle.
Les contours de la nouvelle majorité, née à la faveur de la nomination de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck au perchoir du Cese et du remaniement ministériel du 1er novembre, donnent un large spectre qui va des libéraux (dissidences du Pds) à l’ancien «Pôle de Gauche» en passant par les centristes comme l’Ucs d’Abdoulaye Baldé ou le Bcg de Jean-Paul Dias et le navire-amiral que constitue le bloc «Benno».
Avec une telle plateforme, inédite depuis l’ouverture démocratique de 1974, le Président Macky Sall a encore plus de moyens «politiques» de réaliser ses ambitions dans «l’anticipation» et «le pragmatisme, la cohérence, la résilience et la performance», dixit Seydou Guèye, le porte-parole de la Présidence de la République. Toutefois, des questions affleurent. Idrissa Seck va-t-il siéger à la Conférence des présidents de «Benno Bokk Yaakaar» ? Un nouveau pôle constitutif de la nouvelle majorité verra-t-il le jour ? Avec une nouvelle dénomination ?