LES MINUTES D’UNE CONFRONTATION
Tant attendue, la confrontation entre le leader de Pastef et la jeune masseuse Adji Rabi Sarr a eu lieu hier dans le bureau du doyen des juges, Oumar Maham Diallo.

Pour les besoins d’une confrontation, Ousmane Sonko et son accusatrice Adji Sarr ont passé près de dix heures dans le cabinet du doyen des juges d’instruction du tribunal de grande instance hors classe de Dakar, Oumar Maham Diallo, hier. Le face-à-face entre le leader de Pastef et la jeune masseuse du salon Sweet Beauty n’a pas tenu toutes ses promesses même s’il fut en un moment donné houleux.
Tant attendue, la confrontation entre le leader de Pastef et la jeune masseuse Adji Rabi Sarr a eu lieu hier dans le bureau du doyen des juges, Oumar Maham Diallo. Et c’est vers les coups de 10h45mn que Adji Sarr vêtue d’une robe de couleur rouge et Ousmane Sonko, en costume noir et cravate de la même couleur sur une chemise blanche ont fait leur entrée en compagnie de leurs avocats dans l’enceinte du palais de justice Lat Dior de Dakar pour répondre à la convocation du doyen des juges d’instruction. Au moment de démarrer la séance petit couac puisque la machine qui doit tirer les documents fait des siennes selon nos sources ayant pris part à la confrontation. Toutefois, le problème sera vite réglé. Les choses sérieuses démarrent finalement vers 11h30mn avec le jeu des questions-réponses.
Sonko refuse de répondre au juge, au procureur, aux avocats de Adji Sarr...
Ousmane Sonko est le premier à se soumettre au feu roulant des questions. Le juge, le substitut du procureur et les avocats de Adji Sarr dont Me El Hadj Diouf lui ont posé une trentaine de questions autour des viols répétitifs et menaces de mort dont il est accusé mais le leader de Pastef refuse catégoriquement de répondre à leurs questions.
À Me El Hadj Diouf, Ousmane Sonko lui fait savoir qu’il ne va du tout pas répondre à une personne comme lui. « Je ne vais te répondre... », fait savoir Sonko à Me Diouf. Au cours d’une déclaration faite dans la soirée, il a expliqué les raisons pour lesquelles il n’a pas cru devoir répondre aux questions du tonitruant avocat (voir par ailleurs). C’est la même attitude que le leader de Pastef a adoptée envers le procureur et le doyen des juges. Il a catégoriquement refusé de répondre à leurs questions qui tournaient autour des types de massages faits à Sweet Beauty, ses relations avec Adji Sarr, les viols répétitifs et les menaces de mort dont l’accuse la masseuse aux formes plantureuses.
Adji Sarr refuse elle aussi de répondre aux avocats de Sonko...
Ousmane Sonko ayant choisi le silence, le juge se tourne vers Adji Rabi Sarr pour l’interroger. La protégée de Me El Hadj Diouf aurait accepté de répondre à toutes les questions du procureur et du juge mais refusé catégoriquement de répondre aux avocats de Ousmane Sonko en soutenant que son vis-à-vis, le leader de Pastef, a refusé de répondre aux questions de son avocat Me El Hadj Diouf. Toutefois, elle a confirmé tout ce qu’elle avait dit au juge et au procureur lors de son premier face à face avec eux.
Me Abdou Dialy Kane, l’un des avocats de Adji Sarr, a d’ailleurs fait face à la presse au terme de la confrontation de sa cliente avec Ousmane Sonko pour soutenir qu’il n’y avait pas eu en vérité une véritable confrontation « dans la mesure où Monsieur Sonko a refusé de répondre non seulement aux questions du procureur, mais aussi aux questions des avocats de la défense. » « Par conséquent, il y a eu un nouvel interrogatoire mais pas une confrontation en tant que telle. Parce qu’on ne peut pas se confronter à quelqu’un qui refuse de parler », a déclaré Me Abdou Dialy Kane, l’un des avocats de Adji Sarr.
Le jeu des questions et réponses terminé, le doyen des juges a libéré le deux parties vers les coups de 19h40mn. C’est à 19h56 mn que le cortège du leader de Pastef a franchi la porte du tribunal de grande instance de Dakar. En compagnie de ses avocats, Ousmane Sonko est rentré chez lui sous haute escorte de la gendarmerie nationale, cela après environ dix tours d’horloge passés devant le doyen des juges en confrontation avec la jeune masseuse Adji Raby Sarr qui l’accuse de « viols répétitifs. » Engouffré dans sa voiture type 4x4 de couleur grise, avec des vitres teintées, Ousmane Sonko est ainsi rentré tranquillement chez lui après une rude confrontation avec son accusatrice.
Son accusatrice, Adji Sarr, a suivi le leader de Pastef. En compagnie de son avocat et d’une activiste, elle franchi le portail du tribunal avant d’aller prononcer quelques mots devant la presse.
ME ELHADJ DIOUF, AVOCAT DE ADJI SARR : « Ousmane Sonko a choisi délibérément de ne pas répondre aux questions ! »
Ce que je peux vous dire c’est qu’il n’y a pas eu de confrontation, vraiment. Parce qu’il y a une partie qui a choisi délibérément de ne pas répondre aux questions du juge, du procureur et des avocats de la plaignante. Ousmane Sonko a dit clairement qu’il ne répond pas au procureur parce que c’est un comploteur et il a développé des arguments pour fuir le débat. Sonko a refusé de répondre aux questions du procureur, du juge et des avocats de la partie civile. Par ailleurs, je voudrais aussi préciser que le doyen des juges n’a nullement dit qu’il a perdu les PV d’enquête. C’est archi-faux. Ce sont les éléments de Pastef qui ont orchestré cette forme de manipulation de l’opinion. Il n’y pas eu non plus d’altercation. Il n’y a pas eu d’échanges de mots entre Adji Sarr et Sonko. »
ME BAMBA CISSE, AVOCAT DE OUSMANE SONKO : « Ils ont perdu la bataille de la confrontation et ils le savent... Aucun Pv n’a disparu... »
« La fille n’a pas voulu s’exprimer, elle s’est retranchée dans un silence qui nous a surpris. On pensait qu’elle serait d’attaque avec des preuves «vidéo» qu’elle disait détenir et promettait de remettre au juge. Ce silence de Adji Sarr nous a étonnés. Ils ont perdu la bataille de la confrontation et ils le savent. Sonko est très cohérent dans sa ligne de défense. Il n’a pas voulu répondre aux questions des avocats parce qu’il leur a expliqué la raison. Je ne veux pas entrer dans le fond mais cette raison, Adji Sarr ne vous la dira pas, ses excellents avocats ne vous la diront pas. Pour ce qui concerne le procureur, Sonko a dit en conférence de presse qu’il le considère comme un membre clef du complot qu’il proclame depuis le début. Notre client a répondu à toutes les questions du juge et il a été très cohérent. Adji Sarr, elle, n’a fourni aucune explication. La plaignante n’a pas été cohérente, elle n’a donné aucune explication par rapport à la centaine de questions qui lui ont été posées. Hier, elle a fait une interview pour dire qu’elle n’attendait que la confrontation pour déposersurla table du juge la preuve de l’existence d’un viol qui a été commis à son préjudice, mais on a constaté que cette fille n’a pu apporter aucune preuve, elle s’est plutôt barricadée dans un silence... Aucun Pv n’a disparu. C’étaient des dommages techniques car la machine est tombée en panne. Mais on a pu retrouver tous les éléments... »
ADJI SARR APRES SA CONFRONTATION AVEC OUSMANE SONKO : «Je n’ai jamais dit que j’étais enceinte »
Adji Raby Sarr s’est dit déçue par le comportement de son présumé violeur, Ousmane Sonko, lors de leur confrontation. La protégée de Me El Hadj Diouf a soutenu qu’elle s’attendait à une confrontation, « ce qui n’a malheureusement pas eu lieu » selon elle. « J’étais un peu déçue parce que je m’attendais à une confrontation mais il n’a pas voulu répondre aux questions. Finalement je ne savais pas quoi faire. Je ne reconnais plus Ousmane Sonko », a déclaré la masseuse du salon « Sweet Beauty » à sa sortie du cabinet du doyen des juges d’instruction. Interrogée sur l’incident qui aurait causé la suspension de la confrontation, Adji Sarr a soutenu que son violeur présumé « n’a pas la témérité de me traiter de menteuse ». Quant à sa supposée grossesse dont il avait été fait état, l’accusatrice de Sonko dit n’avoir jamais dit qu’elle était enceinte.