KEUR MASSAR EXIGE DES PREALABLES
Le projet d’érection de la commune en département, annoncé par le chef de l’Etat lors de sa récente visite dans cette localité, a installé un débat dans la banlieue

Le projet de faire de Keur Massar suscite beaucoup d’interrogations dans cette localité de la banlieue. En attendant que l’idée agitée par le chef de l’Etat ne soit matérialisée les acteurs politiques, la société civile ainsi que les populations posent des préalables.
Le projet d’érection de Keur Massar en département, annoncé par le Chef de l’Etat lors de sa récente visite dans cette localité, a installé un débat dans la banlieue. Du côté de la société civile, on pense que ce projet doit être mûri à la base par un dialogue inclusif pour corriger l’injustice sociale dont a été victime leur commune en retard à tous les niveaux, malgré sa forte croissance démographique avec une population de 593 mille habitants, donc deux fois plus grande que le Département de Kédougou estimé à 200 mille habitants.
D’après Abdourahmane Diallo, leader du mouvement citoyen « Keur Massar sunu yitté », l’idée du Chef de l’Etat est à saluer même elle doit nécessiter l’implication des populations pour sa matérialisation. «Si on veut réussir le pari de la départementalisation, il faut un dialogue inclusif pour pouvoir corriger le mauvais découpage administratif dont celui de 1996 et les litiges fonciers qui nous opposent à Mbao et Jaxaay. Et pour cela, il faut organiser des forums communautaires dans tous les quartiers de Keur Massar pour lister les difficultés dont souffre notre localité en vue de faire des recommandations qui seront portées aux autorités administratives. L’erreur de cette départementalisation serait de laisser les politiques décider à la place des populations, car ce serait un précédent dangereux pour l’histoire », dit-il. « Il y a des choses que tout le monde attend ici, il y a d’abord le règlement du problème des inondations et de l’assainissement. Ensuite vient le renforcement en infrastructures sanitaires avec l’érection d’un hôpital de niveau 01 et de centres de santé dans les villages de Boune et d’Aladji Pathé, mais aussi éducatives et sécuritaires dont la construction de postes de gendarmerie avancés et de Commissariats de Police. Il nous faut également une caserne de sapeurs-pompiers et des routes pour désenclaver certains quartiers qui sont quasiment inaccessibles, surtout en cette période d’hivernage», insiste M Diallo.
Le chargé de communication des acteurs au développement de Boune, Paul Bass Mendy embouche la même trompette: «Nous saluons l’idée du président de la République. Nous souhaitons tout de même que Keur Massar soit le cheflieu de Département. Ensuite, nous voulons que Boune soit érigé en Commune pour corriger l’injustice sociale dont nous avons été victimes. Car en 1996, lorsqu’il y a eu le découpage administratif et la création des communes d’arrondissement, on a fait un découpage politique pour disloquer les 19 quartiers de Boune entre 03 communes que sont Yeumbeul-Nord, Yeumbeul-Sud et Keur Massar, sans tenir compte des réalités sociologiques, historiques, géographiques et culturelles. Ce qui fait que nous avons trop souffert car Boune, fondé dans les années 1777, n’a rien bénéficié de cet acte 02 ni de l’acte 03 de la décentralisation. Nous avons été marginalisés à tous les niveaux par ces maires des différentes communes. Nous n’avons bénéficié de rien au plan local.»
Pour le Jaraaf de Keur Massar Mactar Diop dit « Aldo », l’idée du Président est excellente mais il faut des pourparlers à la base, sous la supervision des autorités administratives, pour faire des recommandations pour une gestion inclusive du projet. «Je l’avais tantôt dit et je le réitère. Des assises communales de la décentralisation s’imposent ici si on veut booster le développement local. Car aujourd’hui, les gens se sentent exclus dans les programmes de développement local. Le Chef de l’Etat l’a théorisé car il veut que Keur Massar se développe. Donc, nous devrons nous approprier ce projet de départementalisation par l’organisation de forums communautaires dans les quartiers qui doivent aboutir à des assises communales supervisées par les autorités administratives. Et les conclusions de ces assises doivent être remises aux autorités étatiques pour leur matérialisation», renchérit le responsable des cadres de l’Apr. Un avis que partage l’opposition qui émet tout de même des réserves face aux urgences sociales.
D’après la responsable politique du Parti démocratique sénégalais (Pds) Marie Aw par ailleurs adjointe au maire de Keur Massar : «Nous partageons l’idée de cette départementalisation qu’on avait mûrie en 2012. Mais aujourd’hui, l’urgence est ailleurs c’est-à-dire tout d’abord sortir les populations des inondations. Car sur 134 quartiers de Keur Massar, les 58 sont dans l’eau. Il faut donc penser à restructurer ces quartiers avant de faire de la départementalisation. Pour ça, il faut éviter de politiser les inondations car actuellement, nous à Keur Massar, les conseillers sont exclus de la gestion de cette catastrophe naturelle. C’est le maire qui déroule tout seul avec son équipe de Benno bokk yaakaar.»