L’OPPOSITION ET LA SOCIETE CIVILE ACTENT LA RESISTANCE
Des lendemains incertains guettent le pays ! L’arrestation d’Ousmane Sonko a entraîné dans l’après-midi d’hier une réunion de leaders de partis de l’opposition, de mouvements politiques ainsi que de la société civile

C’est sous haute tension que s’est tenue hier la rencontre d’urgence convoquée par l’opposition et la société civile. Une rencontre qui intervenait quelques heures après l’arrestation du leader de Pastef et à laquelle ont assisté Bougane Guèye Dani, Cheikh Bamba Dièye, le professeur Babacar Diop, Cheikh Tidiane Dièye, Aminata Lo Dieng et le mouvement Y en a marre. Annonçant des marches de protestation dans tout le pays à partir de vendredi demain vendredi, ces membres de l’opposition et de la société civile ont dénoncé une « démocratie minée, pervertie jusqu’à la caricature par Macky Sall et son régime ».
Des lendemains incertains guettent le pays ! L’arrestation d’Ousmane Sonko a entraîné dans l’après-midi d’hier une réunion de leaders de partis de l’opposition, de mouvements politiques ainsi que de la société civile. Une réunion à l’issue de laquelle le branle-bas de combat a été sonné. C’est en tout cas le message que l’on peut décrypter de la déclaration faite par la voix de Cheikh Tidiane Dièye du mouvement « Sénégal bi ñu beugg ».
Entouré du coordonnateur de Y en a marre, Aliou Sané, du leader des Forces démocratiques du Sénégal, Pr Babacar Diop et de l’ancienne ministre Fatou Blondin Ndiaye, Dr Dièye a lu une déclaration intitulée « Debout pour la démocratie et l’Etat de droit ». Dans une salle pleine à craquer où on, apercevait entre autres personnalités, Bougane Gueye Dani, chef de file du mouvement ‘Geum Sa Bopp’, et l’ancienne ministre sous Wade, Aminata Lo Dieng, c’est avec un ton solennel que M. Dièye a d’emblée fait savoir que le Sénégal traverse les moments les plus sombres de son histoire politique.
A l’en croire, notre démocratie serait minée, pervertie jusqu’à la caricature par Macky Sall et son régime. « Au lieu de construire et consolider l’état de droit, Macky Sall s’est arrogé tous les droits, notamment celui de choisir qui doit ou non s’opposer à lui et à son gouvernement ; décider qui parmi les électeurs peut voter ; décider qui pourra participer aux compétitions électorales », a soutenu Cheikh Tidiane Dièye au nom du collectif hétéroclite qui s’est réuni hier.
Accusant le président Macky Sall de vouloir atomiser l’opposition pour se maintenir éternellement au pouvoir en imposant un unanimisme de façade, les partis signataires de la déclaration évoquent, entre autres maux qui gangrèneraient notre pays, la corruption, le népotisme et l’incurie du régime qui auraient fini de saper les ressources publiques.
A en croire ces opposants et membres de la société civile, l’affaire Ousmane Sonko serait une illustration manifeste et tenace de ce qu’ils dénoncent. « Le complot grossier ourdi contre ce député élu par le peuple sénégalais, sorti troisième à la dernière élection présidentielle, est une preuve de plus de la volonté de Macky Sall de tuer toute opposition politique au Sénégal », ont soutenu Cheikh Tidiane Dièye et ses amis. Ils parlent d’une attaque préparée dans les officines les plus élevées de la coalition Benno Bokk Yaakar, « avec une complicité coupable de certains démembrements de l’Etat aux ordres ».
Un pacte d’engagement scellé sous haute tension
« Conscients de la nécessité absolue de déjouer le complot politique grossier et l’agression sordide fomentée contre un des leaders », les membres du collectif disent voir décidé de mettre sur pied un cadre d’unité d’action. Et à en croire le porte-parole du jour de ces acteurs de la scène politique mais aussi de la société civile nationale, il est devenu impérieux de sceller un pacte d’engagement, une alliance des citoyens, patriotes, démocrates et républicains pour constituer un bouclier autour de la démocratie et l’Etat de droit.
Prenant la parole à son tour, Aliou Sané du mouvement Y en a marre a estimé que l’heure est à la résistance. « Les choses ont démarré. Et ce n’est que le début de la résistance. Le premier cap sera donné dès ce vendredi à travers une grande mobilisation à Dakar, dans les régions du pays ainsi que dans la diaspora. Nous allons manifester pour l’état de droit, la démocratie et contre le régime de Macky Sall qui vient d’entrer dans l’ère de la dictature. Et ce sera aussi pour la libération d’Ousmane Sonko en plus des autres hommes et femmes arbitrairement arrêtés dans cette affaire », annonce-t-il avant d’être brusquement coupé par un jeune aux nerfs tendus qui demande aux acteurs sur place d’envahir la rue au lieu des discours d’annonce. Il s’en est suivi des empoignades avec le rappeur et activiste Kilifeu de Y en a marre. «Je comprends l’amertume des uns et des autres face à cette situation de crise inédite. Dans tout le pays, les cœurs s’enflamment ! Mais je vous assure que les choses ont commencé aujourd’hui et elles vont se poursuivre à travers la marche prévue ce vendredi. Et ce sera une longue marche en vue de préserver nos acquis démocratiques », a commenté avec verve Aliou Sané, le coordonnateur du mouvement Y en a marre.