L’OPPOSITION FAIT CAPOTER LA PORTÉE HISTORIQUE DU VOTE DE LA LOI D'HABILITATION
Le député Mamadou Lamine Diallo n’a pas participé au vote de la loi habilitant le Président Macky Sall à prendre, par ordonnance, des décisions relevant du domaine de la loi dans le cadre de la lutte contre le virus Covid-19.

Le député Mamadou Lamine Diallo n’a pas participé au vote de la loi habilitant le Président Macky Sall à prendre, par ordonnance, des décisions relevant du domaine de la loi dans le cadre de la lutte contre le virus Covid-19. Une abstention qui vient se greffer à celle du leader du Pastef Ousmane Sonko, entachant ainsi la portée historique de ce vote qui devait symboliser l’union sacrée autour du chef de l’état pour la lutte contre le coronavirus
L’objectif du Président Macky Sall, en recevant l’opposition parlementaire au Palais, était de la faire adhérer à la cause nationale de lutte contre le Covid-19, en plus d’avoir son accord sur la loi d’habilitation. Mais ce souhait n’a pas été totalement exaucé. Même si hier, cette loi a été votée à l’unanimité, elle n’aura pas la portée historique que recherchait le Président Macky Sall à travers les audiences et le lobbying intense mené par ce dernier.
Autrement dit, la montagne aura accouché d’une souris. En effet, l’opposition n’est pas allée au-delà de ses limites en votant ce projet de loi. Le premier à annoncer son abstention est le député de Pastef Ousmane Sonko. Malgré son audience historique avec le chef de l’Etat, le N°1 des patriotes est resté sur ses principes d’opposant inflexible. «Oui pour l’union sacrée pour faire face à un ennemi commun aussi insaisissable que vicieux ! Mais cela ne doit pas signifier pour autant une négation des rôles et des responsabilités», a martelé l’ancien inspecteur des Impôts et Domaines.
A l’en croire, «le temps de guerre est certes le temps de la solidarité nationale, mais uniquement dans l’intérêt général. Il n’est pas un temps de «non-opposition». Expliquant les raisons de son abstention, Ousmane Sonko soutient : «Avec une loi d’habilitation tirée de l’application de l’article 77 de la Constitution, le pouvoir du président de la République ne peut être absolu. Même en temps de crise, l’Assemblée nationale ne doit pas être dépouillée de toutes ses prérogatives. L’état d’urgence ne signifie pas la mise en congé ou la suspension de la légalité. C’est pourquoi la loi doit dire de manière précise et non générique, les matières dans lesquelles le Président est habilité à intervenir». Il ne fait aucun doute à ses yeux que ce projet de loi est, de manière flagrante, anticonstitutionnel en ce qu’il procède d’une rédaction très vague qui vise à doter le Président d’une habilitation à légiférer, en toutes matières, par ordonnances. «La solidarité dans la lutte contre le COVID-19 est nécessaire. Nous le concevons. Mais, pour paraphraser Francesco Alberoni, elle ne doit pas se transformer en une coalition d’égoïsmes où les acteurs se taisent sur les violations allègres de la loi et les mauvaises pratiques républicaines pour faire bon genre dans le contexte actuel», tranche-t-il.
Le président du Mouvement Tekki Mamadou Lamine Diallo a refusé lui aussi de participer à ce vote pour presque les mêmes raisons que son collègue de Pastef. «Il n’y a aucune raison de signer un chèque en blanc à BBY pour gérer la crise nationale due à la pandémie», affirme Mamadou Lamine Diallo qui se dit favorable à une Assemblée nationale forte qui contrôle l’Exécutif. «C’est la condition sine qua non de développement économique, social et environnemental de notre pays. Les pleins pouvoirs appartiennent à Dieu», rappelle le député de Tekki.