MACKY VEUT FAIRE OPA SUR LES COLLECTIVITES TERRITORIALES
Idrissa Seck a intégré la mouvance présidentielle, y trouvant les maires Oumar Sarr, Aïssata Tall Sall et Abdoulaye Baldé, qui avaient tous gagné dans leurs communes contre la coalition au pouvoir.

Nommé président du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE), Idrissa Seck a intégré la mouvance présidentielle, y trouvant les maires Oumar Sarr, Aïssata Tall Sall et Abdoulaye Baldé, qui avaient tous gagné dans leurs communes contre la coalition au pouvoir. L’enrôlement de ces gros poissons dans le « Macky » permet symboliquement au chef de l’Etat de récupérer des villes que lui et ses alliés avaient perdues lors des dernières Locales. D’ailleurs, si ces responsables politiques conservent leur popularité, le leader de l’Alliance pour la République (APR) a toutes les chances de faire main basse sur les collectivités territoriales du Sénégal, lors des prochaines joutes électorales prévues en mars 2021.
Par sa capacité à se mouvoir dans le landerneau politique ivoirien tel un caméléon dans la forêt, et son génie à rouler dans la farine tous ses adversaires ainsi que ses alliés pour accéder à la tête de la Côte d’Ivoire et réussir à prolonger son mandat de cinq ans sans passer par les urnes, Laurent Gbagbo était nommé le « boulanger ». Même si comparaison n’est pas raison, ce surnom pourrait être très bien attribué au Président Macky Sall après le coup de maître politique qu’il a réalisé ces derniers jours, en enrôlant simultanément le leader du parti Rewmi et deuxième lors de la dernière élection présidentielle, Idrissa Seck, et l’ancien secrétaire général adjoint du Parti Démocratique Sénégalais (PDS), Oumar Sarr, qui était pratiquement sur tous les fronts lors du procès de Karim Wade devant la Cour de Répression de l’Enrichissement illicite (CREI), pour réclamer sa libération.
Cette pêche aux gros poissons enclenchée depuis la veille de la dernière élection présidentielle en 2019, avec l’arrivée d’Abdoulaye Baldé, d’Aïssata Tall Sall et de Moussa Sy dans les rangs du pouvoir, se dessine actuellement comme une revanche du chef de l’Etat après la perte des grandes villes telles que Thiès, Dakar, Ziguinchor, Podor et Dagana par ses alliés lors des élections locales en 2014.Ainsi, symboliquement, au regard de la situation actuelle, Macky et ses partisans trônent, sauf pour le cas de Dakar, sur ces grandes villes. Par conséquent, la mouvance présidentielle devrait, si les maires qui dirigent ces communes gardent toujours leur popularité, basculer dans le camp du pouvoir lors des prochaines Locales prévues le 28 mars 2021. Pour le cas de Thiès, les choses semblent déjà être beaucoup faciles. Fief d’Idrissa Seck, la commune est dirigée actuellement par Talla Sylla qui est lui aussi dans la mouvance présidentielle.
Avec l’apport de la coalition Benno Bokk Yaakaar, la coalition présidentielle pourrait faire une razzia dans la capitale du Rail. A Zinguichor également, Macky a des chances de voir la commune basculer en sa faveur. D’ailleurs son poulain, le maire de la ville Abdoulaye Baldé, a déjà ouvert les hostilités. « Ma candidature n’est pas à l’ordre du jour parce que tout va se dessiner après au sein de la grande coalition présidentielle. Nous sommes en train de bâtir un parti fort pour les échéances futures. Nous sommes dans une marche victorieuse. Nous ne voyons pas quelqu’un qui pourra nous gagner ici. Les gens vont venir, ils vont parler et vont partir. Les élections vont venir et les Ziguinchorois savent où se trouve la vérité. Ensemble dans notre coalition, je suis sûr que nous allons gagner l’ensemble des communes de la région de Ziguinchor et ailleurs en Casamance. Ce sera un raz-de-marée.», a-t-il déclaré récemment. En ce qui concerne la commune de Podor, Aïssata Tall Sall devrait rempiler sans problème devant ses anciens adversaires Racine Sy et Me Moussa Diop. Le même scénario va sans doute se réaliser à Dagana. Oumar Sarr va désormais être en roue libre après le limogeage de son principal adversaire Mamadou Makhtar Cissé, qui n’était entré en politique que par procuration.
D’ailleurs, il est handicapé par son statut d’Inspecteur général d’Etat (IGE) qui l’empêche de faire de la politique, selon beaucoup de spécialistes. Donc, à moins qu’il démissionne de l’IGE, Omar Sarr n’a pas de challenger sérieux pour lui arracher sa fonction de maire de Dagana qu’il occupe depuis 1996. Si toutes ces hypothèses se réalisent, le président Macky Sall aura toutes les cartes en main, sur le plan de la popularité, pour briguer et obtenir un troisième mandat. En tout état de cause, vu la configuration actuelle de la sphère politique, le chef de l’Etat a symboliquement la mainmise sur presque toutes les grandes villes du Sénégal.