«NOO LANK» ACCUSE MACKY SALL DE RESTREINDRE LES LIBERTES REGULIERES
La coïncidence entre la modification de la loi relative à l’état d’urgence et à l’état de siège et la disponibilité prochaine du vaccin contre la Covid-19 au Sénégal n’est pas fortuite.

Les modifications apportées sur les dispositions de la loi relative à l’état d’urgence et à l’état de siège ont fait sortir le collectif «Noo Lank» de ses gonds. Aphone depuis un certain temps, l’organisation membre de la société civile a, dans un communiqué reçu à la Rédaction, accusé le Président Sall et son régime de vouloir se baser sur cette nouvelle législation pour mater éventuellement les individus ou groupes qui s’opposeront par leurs paroles et actions à son plan sanitaire, notamment contre le vaccin contre la Covid-19.
La coïncidence entre la modification de la loi relative à l’état d’urgence et à l’état de siège et la disponibilité prochaine du vaccin contre la Covid-19 au Sénégal n’est pas fortuite.
A en croire le collectif «Noo Lank», Macky Sall et son régime visent à travers ces nouveaux changements à préparer le terrain contre toute opposition au vaccin contre le Coronavirus annoncé au Sénégal d’ici mars 2021, selon les autorités sanitaires. «Ajouter à cette loi un chapitre sur l’urgence sanitaire ou catastrophe naturelle ne change rien à la nature de cette loi qui n’existe que pour prendre des pouvoirs exceptionnels afin de pouvoir restreindre les droits des individus et libertés publiques. C’est cela le but de cette loi ; assumer des pouvoirs exceptionnels pour restreindre les libertés régulières», dénoncent le nouveau Coordonnateur du collectif «Noo Lank», Papa Abdoulaye Touré et cie qui ajoutent, par ailleurs, que c’est précisément la volonté d’imposer aux citoyens sénégalais la vaccination qui explique l’introduction de deux nouveaux articles dans la loi sur l’état d’urgence et de siège.
D’après les activistes, les nouveaux articles 24 et 25 sur ladite loi vont donner le plein pouvoir au Chef de l’Etat et qu’il pourra ensuite déléguer. Par exemple, expliquent-ils, il pourra prendre toute mesure de répression contre les individus ou groupes qui s’opposent par leurs paroles et actions à son plan sanitaire. «Et puisque le gouvernement est conscient qu’il fera face à une opposition s’il veut introduire ce vaccin au Sénégal dès l‘année prochaine, le Président Macky Sall prend d’avance les changements requis à la loi sur l’Etat d’urgence», se rebellent-ils. C’est pourquoi ils comptent sonner la mobilisation avec toutes les forces vives du pays pour s’opposer à cette modification. Par ailleurs, l’organisation va organiser aujourd’hui un séminaire restreint pour définir les voies à adopter pour contrecarrer cette loi avant qu’elle ne soit déposée devant le bureau de l’Assemblée nationale.
A cet effet, l’organisation de la société civile veut mobiliser toutes les organisations de la société civile, les avocats, l’UMS bref tous les Sénégalais sur les dangers de cette loi qui risque, à ses yeux, d’être une catastrophe nationale. Car, juge notre interlocuteur, cette loi va porter un sérieux coup aux droits de l’Homme et aux libertés consacrés par la Constitution du Sénégal.
Mieux, dit-il, il n’y a rien qui puisse justifier cette loi. Sous ce rapport, Papa Abdoulaye Touré et ses collaborateurs estiment que le projet soumis à l’Assemblée a un exposé trompeur en prétendant que l’objet du changement est de permettre à l’Exécutif de décréter une urgence sanitaire sans déclarer l’état d’urgence. «Si c’était cela, il aurait suffi d’une loi d’urgence sanitaire ou de gestion des catastrophes naturelles séparée de la loi sur l’état d’urgence et de siège L 69-9. La loi L 69-9 n’est invoquée qu’en vertu de l’article 69 de la constitution, qui vise l’état d’urgence et de siège, point barre», martèlent-ils.
Par ailleurs, ils assimilent cette modification à «une insulte» en ce qu’elle permet au Président de se passer de l’Assemblée pour recourir à l’état d’urgence ou à l’état de siège. «Il pourra le décréter seul et l’appliquer autant de fois qu’il voudra le faire durer à sa guise. Dans le contexte actuel de la covid-19, il pourrait imposer une situation d’urgence sanitaire sur 3 ans en le décrétant successivement si nécessaire», font-ils souligner.