«NOUS NE PARTICIPERONS PAS AU DIALOGUE POUR NE PAS VALIDER UNE ENIEME FORFAITURE DE MACKY»
Président Mohamed Ben Diop, du parti Pass-Pass, veut briguer les suffrages des Sénégalais à l’élection présidentielle de 2024

Ingénieur financier de profession, Mohamed Ben Diop, le leader du Parti Pass-pass est doté d’une grande expérience dans les domaines de la gestion et du management des entreprises. Fort de ses qualités professionnelles, il veut briguer les suffrages des Sénégalais à l’élection présidentielle de 2024. Comment et pourquoi ? Mohamed Ben Diop répond à travers cet entretien accordé au « Témoin ».
Le Témoin : Votre parti, Pass-Pass, va-t-il répondre à l’appel du président Macky Sall et participer au dialogue national ?
Mohamed Diop : Vous parlez de dialogue ! Mais dialoguer avec qui ? Pourquoi faire ? Non, je ne participerai pas à un dialogue pour lequel on nous parle déjà de « deal » et de compromis entre les acteurs, avant même l’ouverture des débats. Entre l’ami qui est devenu l’ennemi et l’ennemi qui devient l’ami intime…C’est bon, il est temps de siffler la fin de la récréation et respecter les Sénégalais pour une fois. Comme si nous avions un problème de choix de leaders ! Ma formation politique Pass-Pass ne validera pas une énième forfaiture qui ne pose aucun acte en direction de la population. Nous ne poserons aucune condition car n’étant pas partie prenante à cette foire verbale ! Si le but est de valider les conditions de participation à la prochaine présidentielle de 2024 des autres candidats, nous avons un outil qui s’appelle « le code électoral » pour le faire avec une « Assemblée nationale » et une autre institution qui s’appelle « Conseil constitutionnel » pour superviser et valider tout cela. Déjà l’opposition s’entredéchire pour des raisons autres que le combat pour lequel nous souhaitons l’adhésion et la confiance des Sénégalais, le pouvoir lui rit sous cape car surfant sur nos positions pour nous discréditer à la face du monde. Ne changeons pas les priorités ni la réalité. Le président Macky Sall a échoué lamentablement sur le plan socio-économique et doit partir. S’il se glorifie d’avoir doublé le budget du pays en 11 ans, le Sénégalais n’a jamais autant eu faim qu’aujourd’hui. Le coût de la vie sous le président Macky Sall a suivi la courbe exponentielle de son budget. Jamais il n’aura autant investi dans un secteur comme l’agriculture sans réussir à nous mettre à l’abri ni atteindre l’autosuffisance en rien. Nous connaissions avec ses prédécesseurs l’arrivée à la maison de ravitaillement avec tout le nécessaire à la fin de chaque mois. Avec Macky Sall, c’est la factorisation de nos repas quotidiens limités à deux voire un jusqu’au thé. Avec plus de 700 Km de côtes maritimes, manger du poisson est devenu un luxe au Sénégal. Nos enfants étudient dans des abris provisoires et chaque jour nous assistons à des téléthons pour soigner nos malades. Les inondations ne sont pas encore un vieux souvenir et j’en passe pour vous dire que si le dialogue était basé sur la résolution de ces problèmes, je serais le premier à signer car le président Macky Sall, avec son gouvernement de toc pour ne pas dire de choc, a montré ses limites! En lieu et place du dialogue, Macky Sall devait organiser une concertation nationale afin de bénéficier du capital humain de qualité composé de hauts cadres dans tous les domaines dont regorge le pays pour trouver les solutions à son échec et les mettre en pratique.
Ne pensez-vous pas que cet appel au dialogue vise à sélectionner les candidats devant prendre part à la présidentielle de 2024 ?
Que ça soit le but inavoué m’importe peu dans la mesure où, avec ma formation politique, nous travaillons pour être présents en 2024 tout en anticipant sur les conditions éventuelles qui seront imposées aux candidats déclarés. Il appartiendra au peuple de choisir celui ou celle en qui il portera sa confiance pour le prochain quinquennat et nous espérons être ce choix.
Quelles sont vos priorités du moment alors ?
Continuer notre « Jootayou Pass-Pass » avec les populations afin de partager avec elles nos propositions et visions. Les accompagner du mieux que nous pouvons dans l’amélioration de leur quotidien et surtout leur faire comprendre que l’espoir d’un lendemain meilleur est bien réel. Vous me posiez la question sur la situation socio-économique si nous n’en parlons pas qui d’autre le fera. Où sont nos associations qui défendent nos consommateurs ? Quels sont les combats qu’elles mènent actuellement et les actions ? Et la liste est longue devons-nous continuer à ne parler que « cas politisés » où allons-nous enfin nous occuper des vraies problématiques objets de notre engagement ? C’est à cela que j’invite mes concitoyens chefs de parti et ne pas jouer le jeu du pouvoir actuel. Ça ne fera que nous occuper sans pour autant remplir le panier de la ménagère.
Vous êtes candidat déclaré à la prochaine présidentielle de 2024, comment analysez-vous la situation socio-économique actuelle du pays ?
Une vraie question d’actualité ! D’abord permettez-moi de vous rectifier car la politique a trop pris le dessus sur la situation socio-économique. Si vous voyez les manchettes des journaux, les plateaux des télévisions et les studios des radios, force est de constater que nous sommes déjà en pré-campagne qui ne dit pas son nom. Sans oublier les conférences de presse et les meetings d’investiture tous azimuts organisés par des responsables politiques et des militants-activistes. Malheureusement, cette pré-campagne renforce le sentiment de détestation qu’une certaine frange de la population nourrit envers les politiciens. Car si, au même moment, nous, politiques, nos discours tournaient autour de nos programmes et propositions, on pourrait comprendre mais nous sommes pour la plupart dans des attaques crypto-personnelles d’un côté et dans le rejet et condamnation de nos institutions de l’autre. C’est à se demander dans quel pays sommes-nous ?
Faites-vous allusion à la dernière sortie d’une certaine opposition ?
Je n’ai pas besoin de parler en filigrane et je condamne ces sorties. D’ailleurs je soupçonne qu’il joue le jeu du pouvoir. Monsieur Ousmane Sonko, pour ne pas le citer, semble être complice du pouvoir qu’il dénonce. Car il met en avant ses propres problèmes pour combattre le régime existant tout en occultant les réalités socioéconomiques que vivent nos concitoyens. Des concitoyens qui continuent toujours de subir la hausse des denrées alimentaires tels que l’huile, le sucre, le lait etc. Sans compter les factures salées d’eau, d’électricité, de carburant, de loyer etc…Donc vous conviendrez avec moi qu’aucun produit de base n’a connu une baisse malgré les mesures prises par le gouvernement. Du vrai saupoudrage ! Pour revenir sur Ousmane Sonko, je vous donne un cas concret: Pensez-vous que ça soit un bon signal de renoncer à la construction d’un marché local parce que les grandes enseignes étrangères qu’il dénonçait tapent aujourd’hui aux portes de sa ville qu’est Ziguinchor ? Pensez-vous que la réponse soit de construire un centre aéré et une piscine ? Qui va aider les populations locales à écouler leurs produits ? J’attendais plus de combativité en rapport avec ses déclarations antérieures. En tout cas, rares sont ceux qui osent dénoncer les dérives du leader de Pastef qui est également le maire de Ziguinchor. Une ville qui regorge tellement de potentialités agricoles immenses qu’un marché local avec toutes les commodités ne serait jamais de trop pour les populations. Je ne peux pas être tendre avec lui car nous sommes de la même génération et dénonçons plus ou moins cette politique stagnante de nos économies depuis nos indépendances. Nous nous devons d’incarner cette alternance générationnelle, la vraie, avec une nouvelle manière de faire de la politique. C’est parce que nous connaissons les priorités de notre société que nous nous sommes engagés avec une vision claire et objective de ce que nous voulons faire de notre pays, notre continent.
Quelle analyse faites-vous sur la dernière sortie d’Idrissa Seck candidat déclaré à la présidentielle de 2024 ?
Laissez-moi sur cette lancée d’alternance générationnelle. Parce que nous sommes appelés à tirer de bonnes leçons des actes posés par nos ainés. Juste pour vous dire que j’ai beaucoup de respect pour Monsieur Idrissa Seck mais on ne va pas faire du neuf avec un vieux sur ce coup-ci, pas en 2024.