OUSMANE SONKO À LA RECHERCHE D’UN BOUCLIER POPULAIRE
La visite du leader de Pastef chez Ahmet Khalifa Niass fait couler beaucoup d’encre et suscite un flot de commentaires. A en croire l'analyste politique Momar Diongue, l'homme serait en train de recadrer son discours sur le système

Depuis qu’il a été placé sous contrôle judiciaire par le doyen des juges d’instruction du tribunal de grande instance hors classe de Dakar, Ousmane Sonko multiplie les visites à divers partis politiques et mouvements de la société civile mais aussi à des groupes de presse. Il est même allé chez Ahmet Khalifa Niass qui l’avait traité une fois de tous les noms d’oiseaux. Il faut dire que dans cette histoire de viol dont il est accusé, le marabout et politicien l’a publiquement soutenu. Le député Ousmane Sonko serait ainsi, selon des observateurs, à la recherche d’un bouclier populaire avant son éventuel procès !
La visite de Ousmane Sonko chez le marabout Ahmet Khalifa Niass et leader du parti Front des alliances patriotiques (FAP) fait couler beaucoup d’encre et suscite un flot de commentaires sur la toile. En effet, dans un passé récent, réagissant au meurtre tragique d’une militante du Pastef, Mariama Sagna, à Keur Massar, le marabout et homme politique soutenait ce qui suit en 2018. « Mariama Sagna ne portait pas le voile. Et Daesh ne cautionne pas les femmes qui ne portent pas le voile. C’est sûrement pour cela qu’ils (Daesh) l’ont tuée ». Une manière très grossière de faire croire que le député Ousmane Sonko est un terroriste. Il poursuivait : « il y a lieu de savoir que l’idéologie d’Ousmane Sonko est la même qui a sévi à Grand Bassam, en Cîte d’Ivoire, dans la zone de Mopti et au nord du Mali. Elle a ouvert un front au Burkina Faso, ancienne Haute Volta. Mais au Sénégal, le salafisme a utilisé le langage dit de la Taquya, qui était l’apanage du chiisme, c’est-à-dire celui du double langage », chargeait Ahmet Khalifa Niass. Face à une telle accusation, le plus jeune des candidats lors de la élection présidentielle répliquait en ces termes : « Dans le système, il n’y a pas que les politiciens. Il y a aussi des saï-saï religieux, des opportunistes. Vous avez entendu ces derniers jours quelqu’un qui se dit chef religieux m’attaquer. Peut-être que les plus jeunes ne connaissent pas son histoire. Quand il va en Iran, il leur dit qu’il est chiite, on lui donne des milliards. Quand il va en Arabie Saoudite, il leur dit qu’il est Wahhabite, on lui donne des milliards. Quand il va chez Kadhafi, il se fait passer pour un petit- fils du prophète et il encaisse des milliards et rentre au Sénégal. C’est dire qu’il a été de tous les complots en Afrique et au Sénégal » avait riposté énergiquement Ousmane Sonko.
La hache de guerre enterrée !
Dans l’affaire du viol dont est accusé le leader de Pastef, le marabout et politicien a ouvertement soutenu Ousmane Sonko pendant que ce dernier était entre les mailles des filets de la justice. Le professeur Ousmane Ba, sociologue et chercheur en sociologie politique, a une autre lecture de la visite du député Ousmane Sonko chez l’ex-« ayatollah de Kaolack ». « La visite du leader des patriotes est une visite de reconnaissance pour toutes les personnes et les leaders qui l’ont soutenu dans des moments difficiles. Mais ceci n’est pas une alliance politique. Toutefois, Sonko a compris qu’à lui seul, il ne peut gagner les prochaines élections. Qu’elles soient municipales et présidentielle. Cela dit, il faut qu’il fasse très attention par rapport à ses visites car la politique est d’abord une question d’image et de perception », alerte le sociologue.
A l’en croire, la visite de Sonko chez le marabout Ameth Khalifa Niass peut prêter à confusion. Ce même si tous les leaders politiques ont besoin d’une couverture. Qu’elle soit populaire, institutionnelle où judiciaire. Selon le sociologue, les cadres de Pastef doivent sortir davantage afin d’expliquer aux gens c’est qu’est le système. « Nous sommes dans l’arène politiques et les détracteurs peuvent en profiter pour semer la confusion chez les populations. Surtout au niveau des réseaux sociaux », soutient notre interocuteur.
Le sociologue est persuadé que, dans ce bras de fer qui oppose Sonko au régime de Macky Sall, le député, en dehors du soutien populaire, a forcément besoin de soutiens politiques de taille. « Mais pas du genre de ceux dont il a bénéficié en 2019 lors de l’élection présidentielle. Et c’est là où réside toute la difficulté. De ce fait, toutes les couvertures ou tous les boucliers ne sont pas forcément bons pour le leader incontesté de l’opposition », soutient M. Ba.
A l’en croire, la recherche de couverture peut se comprendre dans la mesure où Sonko peut être comparé à « un poisson dans un océan de requins ». De ce fait, étant persuadé que l’adversaire n’a pas encore lâché prise et que la ligne d’arrivée c’est 2024, il lui faut chercher des couvertures. Son collègue Abdoul Aziz Diop avertit le leader des « patriotes » sur ses prochaines actions. « Il est temps qu’il assume pleinement sa dimension. La guerre politique qui a toujours existé entre le député Ousmane Sonko et le président Macky Sall ne fait que commencer. Et une fausse note pourrait lui être fatale » estime-t-il.
Par conséquent, estime-t-il, Ousmane Sonko a plus que jamais besoin d’une couverture populaire car le système judiciaire est ce qu’il est dans ce pays. « Aucun leader politique de l’opposition ne peut compter sur la justice. Ce qui est malheureux » déplor Abdoul Aziz Diop. A l’en croire, seul le bouclier populaire peut protéger le député Ousmane Sonko.
A en croire le journaliste et analyste politique Momar Diongue, le leader de Pastef serait en train de recadrer son discours sur le système. Mais également, il se positionne davantage comme leader de l’opposition.