PAPE DIOP, UN SAGE DE LA POLITIQUE À L'ASSAUT DE LA PLACE SOWETO
Rien n’a jamais été donné à l'ancien président de l'Assemblée nationale, encore plus suite à son départ du PDS au lendemain du lancement de son propre parti, la Convergence Bokk Gis Gis, en novembre 2012 - PORTRAIT

La tête de liste nationale de la coalition de la Convergence Bokk gis Gis-Liguey, Pape Diop, est plus que tout un entrepreneur dans l’âme convaincu de la nécessité de la politique comme un moyen de changer la vie des populations.
Cette conviction l’a conduit au cœur du pouvoir à partir des années 2000, à la tête de la mairie de Dakar et à la présidence de l’Assemblée nationale et du défunt Sénat, pour finalement le consacrer définitivement en homme d’Etat.
Mais rien n’a jamais été donné à Pape Diop, encore plus après son départ du PDS après avoir lancé son propre parti, la Convergence Bokk Gis Gis, en novembre 2012.
Rien de si effrayant pour ce lébou et fier de l’être, natif de Kaolack, (centre) qui repart au front pour se faire élire député pour le compte de la prochaine législature, même à 68 ans.
"Mon père est décédé lorsque j’avais 4 ans, on m’a confié à ma tante paternelle dont j’aurai porté le prénom si j’avais été une fille. J’ai grandi avec son fils. A 7 ans, ce dernier a été inscrit à l’école, moi non. Deux ans plus tard, alors que j’étais âgé de 9 ans, ma tante m’a finalement placé dans un atelier d’apprentissage en menuiserie’’, raconte-t-il.
"Un jour, ma mère venue me rendre visite chez ma tante, constata que je n’ai pas été inscrit à l’école - un jour inoubliable car ma mère avait bien pleuré - Sur-le-champ, elle demanda à mon oncle de me chercher un jugement supplétif pour que je puisse intégrer l’école française’’, dit-il, avant d’ajouter : "Mon passage à l’école coranique aidant, j’étais très brillant".
Le propos de tête de liste nationale de la coalition président de la convergence Bokk Gis Gis-Liguey fourmillant d’anecdotes sur cet épisode de sa vie.
Il insiste sur un souvenir marquant de sa trajectoire, quant son maître de l’époque l’avait donné en élève "modèle". Pape Diop et ses camarades avaient alors été invités à plancher sur un problème apparemment "inintelligible" pour leur âge.
Seul le ’’brillant" élève qu’il était avait imaginé la solution et avait osé lever la main pour cet exercice.
Il n’était donc pas étonnant de le voir réussir à l’examen du Certificat d’études primaires avant même le CM2, classe habituellement réservée aux postulants à ce premier diplôme scolaire.
Pape Diop faisit partie des 13 élèves ayant réussi à cet examen, sur les 15 présentés à cet examen par leur école par anticipation.
Il s’ensuit un parcours scolaire tout ce qu’il ya de plus classique et d’attendu jusqu’au lycée, avec à la clé un Baccalauréat, option série C.
"Ce parchemin est une base qui permet d’ouvrir toutes les portes et permet de se projeter vers l’avenir", note-t-il, invitant la jeune génération à travailler pour être admis dans les séries scientifiques.
Brillant en mathématiques et en physique, l’élève Pape Diop se signale également par une discipline à toute épreuve.
Il croise pendant son cursus de futures personnalités telles que l’ancien Garde ses Sceaux, Serigne Diop, ou l’ex-ministre de l’Economie et des Finances, Abdoulaye Diop.
Après une formation à l’Institut universitaire de technologique (IUT) de Dakar, sanctionnée par un diplôme de comptable, il intègre en 1976 l’ex-ONCAD, l’Office national de coopération et d’assistance pour le développement (ONCAD) créé en 1966 et qui fournissait aux paysans crédit, semences, engrais et matériel agricole.
Devenu administrateur de société en 1982, Pape Diop n’en a pas moins un long parcours politique au sein du PDS, le parti démocratique sénégalais (PDS) de l’ancien président Abdoulaye Wade.
Le flair des affaires aidant, M. Diop avait déjà fondé, en 1978, la Soumex (Soumbédioune Export), une entreprise d’exportation de produis halieutiques.
"J’ai commencé des études en comptabilité mais je n’ai pas beaucoup officié dans ce domaine, car j’avais toujours des ambitions d’être un entrepreneur", explique-t-il.
"A l’époque, dit-il je travaillais à BP (British Petroleum). J’ai installé une petite station de pêche à la Gueule Tapée, précisément à Soumbédioune, pour l’approvisionnement des pêcheurs en carburant".
Les débuts étaient difficiles et il a fallu persévérer, a-t-il laissé entendre en invitant au même étant d’esprit pour oser entreprendre.
Des "difficultés sérieuses’’ auxquelles ce secteur se trouvait confronté avaient amené Pape Diop à se lancer dans la vente de pièces détachées et de moteurs hors-bord pour navires.
Encore l’intuition pour les affaires. Il créa une société dénommée "Marinair" et tournée vers l’importation de ces moteurs.
"Cette opération a déclenché réellement ma carrière d’entrepreneur. J’ai continué cette activité jusqu’en fin 1988’’, avant de s’essayer à l’exportation de produits halieutiques avec l’aide d’un ami basé en Europe.
Pape Diop était en charge du volet financier de ce projet, ce qui était dans ses cordes, en tant que comptable de profession. Surtout, il fait là un lien facile avec sa communauté, les lébou, peuple de l’eau habitant principalement la région de Dakar et dont il revendique l’appartenance.
"A la suite de quelques bisbilles vers les années 1990, nées d’une perte chiffrée entre 60 et 70 millions de francs CFA, nous nous sommes séparés. Ainsi, petit à petit, j’ai pris le business en main et mon premier client fut un Barcelonais’’, révèle l’ancien président de l’Assemblée nationale et du Sénat.
"Du coup, par la grâce de Dieu, après cette étape malheureuse, j’ai retrouvé des clients européens sérieux et mes activités sont devenues florissantes", affirme-t-il.
Ce qui ne l’empêche pas de concilier depuis toutes ces années ses affaires avec la vie politique.
Il adhère ainsi au PDS dès le début de l’aventure en 1974, par l’entremise de l’ancien ministre de la Justice, Serigne Diop.
"A partir de 1988, lors de l’élection présidentielle, pour ma participation ’conséquente’ au niveau du parti, je suis parti voir Me Abdoulaye Wade, secrétaire général du PDS, à qui j’ai remis 5000 litres d’essence et une enveloppe financière", confirme Pape Diop.
A partir de cette date, il sent naître une certaine proximité avec l’aopposant majeur de l’époque, futur président de la République de 2000 à 2012. Ce qui annonçait sa nomination au poste de trésorier du Parti démocratique sénégalais après ces élections.
"Nous avons passé des moments de proximité que je ne pense plus avoir avec une autre personne de ma vie. Nous avons partagé beaucoup de choses en peine et en joie. Je le considère comme mon mentor en politique. Nos relations ont dépassé le cadre politique", relève-t-il au sujet de l’ancien président de la République.
Il est élu député sur la liste départementale de Dakar en 1998, un poste d’attente pour celui qui va ravir la mairie de la capitale sénégalaise au socialiste Mamadou Diop quelques années plus tard, à l’issue des municipales de 2002.
Il succède à Youssou Diagne à la présidence de l’Assemblée nationale (2002-2007), avant de céder ce poste à l’actuel président de la République Macky Sall le 20 juin 2007, pour monter à la tête du Sénat à partir du 3 octobre 2009, poste qu’il garda jusqu’au 19 septembre 2012.
En novembre 2012, ce proche parmi les proches de l’ancien président Abdoulaye Wade décidé de donner une tournure nouvelle à sa carrière politique en lançant un nouveau parti, à savoir la Convergence démocratique Bokk Gis Gis.
L’appel de Pape Diop, tête de liste Bokk Gis Gis Liguey, aux acteurs pour renforcer la paix sociale.
Sans jouer les premières, Bokk Gis Gis s’est maintenu pendant toutes ces années en dépit des viccissitudes de la vie politique sénégalaises et a tenu bon, jusqu’à ce nouveau challenge : les prochaines législatives du 31 juillet.
A l’occasion de la fête de la Tabaski, coïncidant avec le début de la campagne électorale pour ces élections, la tête de liste de la coalition Bokk Gis Gis Liguey s’est adressé aux acteurs politiques après avoir fait part de ses voeux à toute la communauté musulmane.
"Je souhaite que la campagne qui s’ouvre soit apaisée et que le débat autour des idées émises par les uns et les autres et des programmes présentés par les huit coalitions en lice soit bannie de toute violence physique ou même verbale", déclare-t-il.
"N’oublions pas que si nous voulons un Sénégal où règnent la paix et la cohésion nationale, nous devons faire preuve de retenue et d’un sens élevé de la responsabilité durant cette campagne’’, avance-t-il.
La tête de liste nationale de la coalition Bokk Gis Gis Liguey de lancer : "Je formule le vœu que tous les acteurs concernés par l’organisation notamment le ministère de l’Intérieur, l’administration territoriale, la Commission électorale nationale autonome (Cena), les juridictions impliquées, les partis politiques et la société civile fassent preuve de sagesse et de sens des responsabilités afin que cette échéance ne soit pas une menace pour la paix civile et la cohésion nationale, quels qu’en soient les enjeux".
Un appel de toute responsabilité, en conformité avec l’image de sérieux et de responsabilité que dégage un homme politique qui a assuré les fonctions parmi les plus élevées au sein de la République.
Un parcours à faire pâlir plus d’un homme politique, qui lui vaut d’insister encore et encore dans la mesure et le souci des autres, réitérant par exemple sa "solidarité à tous les compatriotes qui traversent des moments difficiles" et priant "pour eux afin que cette situation soit vite dépassée".
En espérant mieux atteindre le coeur de l’électorat, il s’est déplacé dans la cité religieuse de Touba, en ouverture de sa campagne, pour y rencontrer le khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké.
Pape Diop s’est ensuite rendu à Diourbel et Bambey, toujours au plus près des populations.