QUAND LE CADET DÉFIE L'AÎNÉ
Lorsqu’il apprend en 2014, la décision de son frère de briguer la mairie de Guédiawaye, Macky fait grise mine - Une fois élu, sans prévenir la présidence, Aliou Sall sillonne le pays pour préparer son élection à la tête de l’Association des maires

À la veille des élections locales de juin 2014, un soupçon de népotisme plane au-dessus de Macky Sall. De Dakar à Saint-Louis en passant par Rufisque, plusieurs candidats ne lui sont-ils pas – directement ou indirectement – apparentés ? Le cas d’Aliou Sall, qui entend briguer la mairie de Guédiawaye, est pourtant plus compliqué qu’il n’y paraît. Lorsqu’il apprend la nouvelle, le président fait grise mine, aux dires de plusieurs de ses proches. Non seulement l’irruption de son frère en politique ne l’arrange pas – deux de ses beaux-frères sont déjà candidats –, mais le risque d’une défaite est probable. « Je n’avais pas d’ancrage particulier à Guédiawaye », reconnaît Aliou Sall.
Inquiétude à la présidence, où Macky Sall mandate divers émissaires pour dissuader son cadet. « Tu veux créer des problèmes à ton frère ? Pourquoi ne vas-tu pas à Fatick ? » l’interpelle l’un d’entre eux. « Parce qu’à Fatick je suis sûr de gagner et qu’on dira que c’est grâce à lui », rétorque Aliou.
Le cadet indiscipliné remportera le défi qu’il s’est lancé. Mais il ne s’arrêtera pas là. Une fois maire de Guédiawaye, sans prévenir la présidence, il sillonne le pays pour préparer son élection à la tête de l’Association des maires du Sénégal. Lorsque Macky Sall annonce à ses collaborateurs sur qui se porte son choix pour ce poste, ces derniers le dissuadent : « Votre frère fait campagne depuis trois mois, votre candidat n’a aucune chance. » On connaît la suite.
Article paru octobre 2016 dans les colonnes de JA