SERIGNE MBOUP, DG DE LA SAR, SUR LE SCANDALE DU PETROLE
«Ce contrat signé par le Président Wade est le meilleur contrat que le Sénégal ait signé....»

Serigne Mboup était, ce week-end, l’invité du club de la presse de Thiès. Le directeur général de la Société Africaine de Raffinage (Sar) a ainsi braqué ses loupes sur la controverse autour du pétrole, qui agite la vie nationale, après la diffusion de l’enquête de la bbC qui éclabousse le pouvoir, notamment Aliou Sall, frère du président de la République.
«Il n’est pas exact de dire qu’on ne peut pas avoir un contrat et le transférer à une société qui a été créée après», a d’emblée soutenu Serigne Mboup. Pour lui, le code pétrolier du Sénégal permet d’octroyer un contrat à une personne physique ou à une personne morale. «La notion de société affiliée, qui est définie dans le code pétrolier, permet ce transfert sans qu’il y ait des problèmes, pourvu cependant qu’il y ait toutes les garanties qu’il s’agit effectivement de sociétés affiliées». A en croire le directeur général de la Sar, c’est le cas entre Petrotim Limited qui a signé ce contrat, qui est différente de Petrotim Sénégal à qui le contrat a été transféré et la maison mère de Petrotim Limited et qui est elle-même une filiale du groupe Petrotim.
Dans le cas d’espèce, soutient Mboup, il faut que le background, l’expertise, les capacités techniques et financières qui sont visés dans le code pétrolier, se retrouvent dans Timis Corporation, qui est un grand groupe avec beaucoup de filiales cotées dans les bourses de Londres ou de Sydney et qui a des actionnaires de référence, qui sont de grandes compagnies financières internationales ou dans d’autres secteurs. En même temps que ce contrat a été signé, indique le Dg de la Sar, il a été déposé sur la table du gouvernement conformément à la loi deux garanties de 8 millions de dollars chacune pour chaque bloc.
Ce qui veut dire, à ses yeux, que si Petrotim ne faisait pas le travail pendant les trois années contractuelles, le gouvernement réaliserait à la première demande des garanties de 16 millions de dollars. «Et les autorités de l’époque, le Premier ministre, le gouvernement et ceux qui ont signé ces contrats, avaient par devers eux ces documents au moment de la signature. Petrotim Corporation était déjà au Sénégal depuis 2010 avec deux blocs, dans le cadre d’une filiale qui s’appelle Africa Petrolium qui, au même titre que Petrotim, est une filiale du groupe Timis Corporation. Donc Frank Timis était déjà connu du Sénégal qui a contractualisé avec le groupe et non avec Frank Timis», dit-il.
Pour Serigne Mboup, le rapport de présentation décliné par Aly Ngouille Ndiaye en tant que ministre en activité, était le rapport de présentation élaboré par le ministre d’Etat Karim Wade. «Et à mon avis, ce contrat signé par le Président Wade est d’ailleurs le meilleur contrat que le Sénégal ait signé en ce moment-là», affirme le Dg de la Sar qui considère que Petrotim Corporation est un grand groupe connu dans le monde, dans les mines, notamment le fer, le pétrole et qui avait, à cette période, plusieurs blocs en Afrique de l’Ouest. C’est pourquoi, dit-il, les Sénégalais doivent savoir que tout a été fait conformément à la loi et dans l’intérêt exclusif des populations. De ce point de vue, «il faut féliciter les autorités de Petrosen d’alors et le Président Wade pour avoir signé ce contrat, mais aussi félicité le Président Macky Sall. En effet, il a signé ce contrat en toute connaissance de cause, en ayant été chargé de la promotion à Pétrosen, en ayant été au courant de tous les contrats qui ont été signés, en évaluant lui-même les possibilités qu’avait le Sénégal à travers ce contrat en terme de programmes de travaux et de parts pour l’Etat, qui peut gagner jusqu’à 74,6%. Le chef de l’Etat a fait ce qui était dans l’intérêt du Sénégal et conformément à ses prérogatives en reprenant le décret que le Président Wade et son de Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye avaient déjà signé. Et ce n’était pas possible, après son investiture d’antidater un décret signé par son prédécesseur ou de le dater pendant qu’il était là avec une date et une numérotation au mois d’Avril, coïncidant avec sa prise de fonction. C’est la raison pour laquelle le décret a été repris textuellement puis signé par le Premier Ministre Abdoul Mbaye et le Président Macky Sall et ils avaient bien fait parce que cela est parfaitement conforme à la légalité».
«SI ALIOU SALL PENSE QU’IL DOIT DEMISSIONNER...»
Aux yeux de Serigne Mboup, le fait que Tullow Oil ait protesté ne constitue pas être une décision importante, parce que le code pétrolier préconise que le gouvernement de la République du Sénégal en toute souveraineté, a la latitude après avoir négocié avec plusieurs compagnies, d’en choisir une et de lui octroyer le permis, sans préjudices ni indemnités. «Donc, nous devons être vigilants et nous retrouver autour de la vision qui a été dégagée par l’adhésion à l’ITE, par la création du COS Petrogaz qui est ouvert à la société civile depuis le 13 juin 2018 et qui depuis le 28 mai dernier a été décidé qu’il soit ouvert aussi à l’opposition alors que tous les acteurs institutionnels y sont déjà. Il y a également le nouveau code pétrolier qui définit davantage les intérêts du pays et rend les conditions d’octroi beaucoup plus avantageuses mais beaucoup plus contraignantes notamment, parce qu’elles intègrent la règlementation des opérations pétrolières sur les questions environnementales, sur les procédures d’abandon des opérations pétrolières ».
Fort de toutes ces remarques, Serigne Mboup estime que le Premier Ministre Abdoul Mbaye avait bien fait de signer d’autant qu’il avait sur sa table des garanties et un texte d’exposé selon lequel Petrotim Limited appartient à un groupe d’entreprises qui ont les compétences. Sur les critiques acerbes de l’opposition après la diffusion de l’enquête de la BBC, Serigne Mboup affirme que tout le monde a vu l’ancien ministre de l’Energie Thierno Alassane Sall, dans un élan de solidarité gouvernementale, prendre le contrepied de l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye et dire sur les plateaux de certaines télévisions en 2016, combien ce contrat était régulier et conforme aux intérêts de la République. «Soyons des citoyens vigilants, pour que toutes les décisions et toute la volonté politique mises en avant pour la gouvernance, la préservation des intérêts de notre pays, sa sécurisation, que cela se passe comme prévu, pour que le maximum de valeur ajoutée reste dans le pays et les revenus soient partagés de façon vérifiable, suite aux réformes importantes intervenues dans le référendum de 2016 ».
Après avoir lavé à grande eau Aliou Sall, il l’a encouragé à prendre toutes les dispositions au niveau des juridictions compétentes pour que son innocence présumée et pour laquelle il dit avoir une forte conviction, soit connue de tous et qu’il puisse laver son honneur et continuer de conduire avec ses charges. Sur la nécessité ou non de sa démission pour mieux créer les conditions d’une clarification de cette affaire, Serigne Mboup estime qu’il n’y a nullement de cause à effet. «Mais, si l’intéressé pense qu’il doit démissionner de ses fonctions pour mieux prouver aux Sénégalais son innocence, cela peut être aussi un signal fort pour cette nouvelle génération de dirigeants de notre pays», clame le Dg de la Sar.