SONKO SE DÉMARQUE DU DISCOURS ANTI-FRANÇAIS ET PLAIDE POUR UN PARTENARIAT EQUILIBRÉ
Ousmane Sonko se veut clair. Il ne veut être associé à un quelconque discours prônant la haine antifrançaise

Le Président du parti Pastef a rendu hier visite aux plateformes «Frapp France Dégage» et «Doyna» pour les remercier de leur soutien suite à son interpellation. L’occasion a été saisie par Ousmane Sonko pour relever cet amalgame consistant à dévoyer la réclamation d’un partenariat équilibré pour prôner le sentiment anti-français.
Ousmane Sonko se veut clair. Il ne veut être associé à un quelconque discours prônant la haine antifrançaise. C’est pourquoi, au sortir de sa rencontre avec les plateformes Frapp et Doyna, il a tenu à lever certains amalgames. «Quand on parle du mouvement Frapp, on ajoute France Dégage. Pour autant, j’ai toujours dit à Guy Marius Sagna que nous n’avons pas de problèmes avec la France. Notre combat n’est pas mené contre un pays particulièrement», a expliqué le Président de Pastef.
Il déclare de ce fait que la question de la souveraineté se pose de manière générale avec tous les partenaires du Sénégal. «Aujourd’hui, on a des partenaires autres que la France et qui ont des relations beaucoup plus désavantageuses pour le Sénégal. Il faut poser la question de manière générale en termes de relations équilibrées avec tous les partenaires quels qu’ils soient, asiatiques, américains ou européens», a soutenu le leader des Patriotes. Qui précise que tout ce discours est développé pour éviter qu’on impose au Sénégal des marchés publics ou que des puissances viennent prendre les ressources naturelles du pays alors que les populations ont plus besoin de ces richesses pour combattre la pauvreté, créer des emplois pour la jeunesse. «C’est un combat légitime que tous les Etats mènent et qui n’est pas dirigé fondamentalement contre tel ou tel Etat », a-t-il renchéri.
Au-delà, le député estime que le Sénégal et la France ont des relations séculaires et que même les acteurs politiques français partagent le discours qu’il prône en ce qui concerne le partenariat entre les deux pays. «Nous avons une amitié des peuples et nous ne sommes pas dans cette logique de rupture des relations. Cela n’a jamais été la logique de Frapp. Il y a eu des campagnes particulièrement contre le franc CFA et qui ont amené ces slogans comme France dégage », explique-t-il.
Non sans déclarer vouloir lever ces amalgames qui peuvent être perçus comme une animosité dirigée contre un pays ou un peuple. Or, insiste-t-il, cela n’a jamais été le cas. «Nous travaillerons avec tout le monde. Nous continuerons à avoir des partenaires. Nous sommes au 21e siècle avec un monde ouvert. Tout ce que nous voulons c’est un partenariat beaucoup plus juste, plus équilibré, qu’on gagne mieux et que nos partenaires gagnent également. C’est dans ces conditions seulement que nous pourrons corriger, construire notre développement et avoir un progrès qui puisse bénéficier à nos peuples », souligne-t-il.
Revenant sur les attaques des enseignes françaises, Ousmane Sonko a essayé d’abord de dédramatiser en soutenant que ce n’est pas pour des motivations politiques et que les casses existent partout, citant ainsi l’exemple des gilets jaunes en France. Il ajoute que dans tout mouvement massif, il peut y avoir des casses. Et pour ce qui s’est passé dernièrement au Sénégal, il pense que cela traduit surtout un échec des politiques économiques et sociales du régime en place qui n’a pas pu résorber le chômage et amoindrir la pauvreté. «Quand les gens ont faim, ils vont là où il y a l’abondance. Même s’il peut y avoir quelques motivations politiques ; nous déplorons les casses quelles qu’elles soient. D’ailleurs, des magasins et autres véhicules de Sénégalais ont été caillassés. Nous le déplorons et ce n’est pas notre combat. Nous ne pouvons pas porter et promouvoir l’investissement direct étranger et en même temps diriger les gens contre les investissements étrangers », a laissé entendre le député et leader de Pastef.
Libération dans les prochains jours des manifestants arrêtés En ce qui concerne par ailleurs les manifestants et autres sympathisants toujours détenus en prison, Ousmane Sonko a indiqué avoir bon espoir que dans les prochains jours, ils seront tous libérés. «Nous avons accepté de faire jouer nos régulateurs sociaux. Nous avons la chance d’avoir ces mécanismes qui manquent à beaucoup de pays. Nous avons accepté le ndigël (Ndlr : l’ordre) du Khalife des Mourides ainsi que de tous les autres guides religieux de renoncer à nos manifestations. Je crois qu’ils ont fait ce qu’ils devraient faire et dans les prochains jours, ceux qui sont détenus dans les geôles de Macky Sall retrouveront leur liberté et leurs familles », a affirmé le leader des Patriotes. «Si nos exigences ne sont pas respectées, nous referons ce que nous avons déjà fait. Le peuple est motivé et déterminé. Je pense que le pouvoir a décrypté le message qui lui a été lancé pour en tenir compte. La seconde vague risque d’être plus dévastatrice que la première », prévient-il.