SORO DISQUALIFIE LA CEDEAO ET MENAGE MACKY
Il n’y aura pas d’élection présidentielle en Côte d’Ivoire sans le candidat Guillaume Soro.

Il n’y aura pas d’élection présidentielle en Côte d’Ivoire sans le candidat Guillaume Soro. C’est l’ancien chef de la rébellion ivoirienne lui-même qui l’a fait savoir hier, dimanche 27 septembre, lors de l’émission Objection de la radio Sud Fm. L’ex-président de l’Assemblée nationale passé à l’opposition, a ainsi disqualifié la Cedeao dans le règlement de la tension née de la troisième candidature du président Ouattara, non sans éviter de mettre le chef de l’Etat, Macky Sall, dans une mauvaise posture, en le contactant.
Près de dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011 qui avait fait 3.000 morts, la prochaine présidentielle d’octobre 2020 s’annonce tendue en Côte d’Ivoire. Ou du moins, la troisième candidature du président sortant Alassane Ouattara a suscité une vive colère et le recalage par le Conseil constitutionnel de certaines candidatures, comme celle de l’ancien président Laurent Gbagbo ou encore celle de Guillaume Soro, n’est pas pour arranger les choses. Parlant de ce dernier, ancien chef de la rébellion ivoirienne, il a été clair hier, lors de l’émission Objection de la radio privée Sud Fm. En effet, Guillaume Soro a averti qu’il «n’y aura pas d’élection» en Côte d’Ivoire sans sa candidature ou encore «tant qu’il n’y aura pas d’élection démocratique et transparente».
Considérant que la troisième candidature d’Alassane Ouattara est un «coup d’Etat», il a révélé que «la liste des candidats a été retenue au Palais», discréditant ainsi le Conseil constitutionnel qui les a recalés. Selon lui, «s’il y a une seule candidature qui devait être rejetée, c’est celle de Ouattara. La Constitution qui est notre loi fondamentale interdit à Ouattara de faire un troisième mandat». Cela, non sans exiger la dissolution dudit Conseil, «qui s’est parjuré et auteur de haute trahison», selon lui, ainsi que celle de la Commission électorale indépendante. Quid de l’intervention de la Cedeao dans cette crise ? L’ex-président de l’Assemblée nationale, passé à l’opposition, n’est pas allé par quatre chemins pour la disqualifier.
Soro a fait savoir que le président Ouattara a lui-même indiqué que tous les chefs d’Etat de la Cedeao sont ses amis et qu’ils ont un «syndicat de chefs d’Etat». Par conséquent, il trouve que ladite institution régionale est là uniquement pour défendre les causes des présidents, et non celles des peuples. Pis, il laissera entendre que si la Cedeao était contactée dans le cadre de cette crise, le président Ouattara n’aurait qu’à émettre des appels à ses amis pour défendre sa cause. Allant même plus loin, il a dit ne pas compter sur la communauté internationale, mais plutôt sur le peuple ivoirien qui doit régler lui-même ce problème.
LE REGIME PRESIDENTIEL EN AFRIQUE : UN LEURRE
Concernant l’implication du chef de l’Etat Sénégalais, Macky Sall, le leader des “Générations et peuples solidaires“ (Gps) dit avoir évité de le mettre dans une mauvaise posture. Il dira qu’il a cessé de le contacter depuis plus d’un an. Sur les raisons, Soro explique que quand il a voulu se rendre en Guinée, le président Ouattara avait formellement interdit au président Condé de le recevoir. Par conséquent, pour ne pas mettre le président Sall dans une «position inconfortable», il a préféré arrêter de le joindre.
Se prononçant, en outre, sur le type de régime en Afrique francophone, à savoir celui présidentiel, Guillaume Soro a estimé que c’était un «leurre» que de penser qu’avec de tels types de régimes, on pourrait avoir des institutions fortes. Il croit dur comme fer que les présidents de l’Assemblée nationale, comme du Conseil constitutionnel ne sont rien devant le président de la République. Se basant ainsi sur sa propre expérience d’ancien chef de parlement, il a indiqué que s’il voulait imposer un bras de fer avec le président Ouattara, quand il lui a demandé sa démission de la tête de l’hémicycle, ce dernier pouvait mobiliser l’armée et la justice contre lui. Parce que, selon lui, ces deux entités sont sous ses ordres. L’opposant en exil en France n’a pas manqué d’inviter tous les peuples de la Cedeao à se mobiliser pour barrer la route à ces présidents qui veulent s’éterniser au pouvoir.
A noter que la présidentielle en Côte d’Ivoire est prévue pour octobre prochain. Le lundi 14 septembre dernier, le Conseil constitutionnel s’est prononcé sur la recevabilité des différents dossiers de candidature déposés à la Commission électorale indépendante (Cei). Ainsi, sur 44 candidatures réceptionnées, seulement 4 ont été déclarées recevables. Il s’agit des candidatures du chef de l’Etat sortant, Alassane Ouattara, candidat du Rhdp; de l’ancien président Henri Konan Bédié, candidat du Pdci; Pascal Affi N’guessan, candidat du Fpi; et Kouadio Konan Bertin (Kkb), candidat indépendant.