«TECHNIQUEMENT, IL N’EST PLUS POSSIBLE DE TENIR LES LOCALES LE 28 MARS PROCHAIN»
Selon Saliou Sarr, le pouvoir comme l’opposition savent que techniquement, il n’est plus possible de tenir les Locales le 28 mars prochain. il pense qu’on pourrait organiser le scrutin au plus tard au mois de novembre voire décembre 2021.

Les lenteurs notées dans le recrutement de cabinets indépendants chargés d’auditer le fichier et d’évaluer le processus électoral préoccupent certains acteurs autour de la table du dialogue politique. Joint au téléphone par «L’As», le vice coordonnateur du pôle de l’opposition n’a pas apprécié que les acteurs ne puissent pas dire la vérité aux Sénégalais. Selon Saliou Sarr, le pouvoir comme l’opposition savent que techniquement, il n’est plus possible de tenir les Locales le 28 mars prochain. il pense qu’on pourrait organiser le scrutin au plus tard au mois de novembre voire décembre 2021.
«L’AS» : L’audit du fichier et l’évaluation du processus électoral n’ont pas été effectués jusque-là. A quand le démarrage des travaux ?
Normalement, on devrait avoir le retour de l’USAID pour le processus de recrutement du cabinet indépendant qui doit faire le travail. Mais on n’a pas encore de retour.
Est-ce à dire que la date du 28 mars 2021 prévue pour les élections locales est hypothéquée ?
Aujourd’hui, techniquement, même sans audit, il y a problème. On est au mois d’octobre. Et pour aller à une élection, il faut ouvrir une révision exceptionnelle des listes électorales qui doit durer trois mois. Le ministère de l’Intérieur doit avoir aussi deux mois pour pouvoir travailler et un mois de contentieux pour que les cartes puissent être faites sans compter le délai de retrait. Donc, il ne reste pas plus de six mois. Aussi, il faut noter qu’il y a un délai de 85 jours pour le dépôt des listes électorales. Dans ce pays, ce qui n’est pas sérieux, aussi bien pouvoir qu’opposition, tout le monde sait que techniquement, le 28 mars, ce n’est plus possible. Mais chacun continue à dire : «nous demandons le respect du calendrier républicain ». C’est malhonnête par rapport au peuple. Tout le monde le sait ; mais chacun attend que l’autre le dise en premier. Et cela ne fait pas sérieux. Ensuite, il est incompréhensible qu’on tarde à auditer le fichier surtout que tous les acteurs autour de la table du dialogue politique étaient d’accord sur ce point. Donc, dire que c’est l’opposition qui le réclame est dénué de sens. Certes, l’opposition l’a toujours demandé via la plateforme du Front de Résistance Nationale (Frn), mais tout le monde s’est accordé par la suite sur la nécessité de faire ce travail. Donc, le fait d’indexer l’opposition est juste une manière de fuir sa responsabilité. Au sortir de la Présidentielle de 2019, les gens étaient convaincus qu’il fallait auditer le fichier. Parce qu’il faut se rendre à l’évidence que le fichier est déjà bourré. Aller à une élection où ton adversaire a déjà bourré le fichier, cela n’a aucun sens. Ainsi, il n’est pas raisonnable de dire «oui», on maintient le calendrier républicain pour revenir se plaindre après qu’on t’ait battu. Ce n’est pas de la politique ça.
Qui porte la responsabilité de cette situation indécise ?
C’est le pouvoir. Parce que déjà au mois de février, avant la Covid19, on avait envoyé un document de référence devant faire l’audit du fichier et l’évaluation du processus électoral. Qu’est-ce qu’on attend depuis lors ? C’est le cri de l’opposition. C’est pourquoi le général Niang refuse catégoriquement qu’on indexe la commission politique pour un quelconque retard dans l’audit du fichier. Depuis février, nous avons fait la synthèse des dysfonctionnements, des problèmes reprochés au fichier électoral et des dysfonctionnements que nous avons relevés dans le processus électoral. Et tout cela est pris en compte par le document renfermant les termes de référence.
Ne pensez-vous pas qu’il y ait une stratégie consistant à faire du dilatoire pour coupler les Locales aux Législatives de 2022 ?
Un couplage n’est pas possible. On est au mois d’octobre et je pense que d’ici fin novembre, on peut terminer le processus de sélection des cabinets devant faire le travail. L’audit du fichier et l’évaluation du processus, c’est quatre mois. Je pense qu’au plus tard, au mois de novembre voire décembre 2021, on peut organiser les élections locales. Les gens, y compris nous opposition, nous devons nous battre pour que le processus démarre. Un bailleur a dit qu’il peut financer ; mais allons-y pour pouvoir tenir ces élections. Je ne serai pas là à faire des conjectures du genre : ‘’ils vont coupler ou pas ? Est-ce qu’ils vont reporter le scrutin ou non ?’’ Peut-être que c’est ce qu’ils veulent et qu’ils n’osent pas le dire. Comme ils n’osent pas, je ne le ferai pas à leur place. En tout cas, il est important d’auditer le fichier parce que sur plus de 120 communes, nous avons constaté que le nombre de personnes inscrites sur les listes est supérieur à la population en âge de vote si on exploite les données de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD).
Par milliers, ils ont déplacé des électeurs dans les Communes de Fatick, Linguère etc. Cela veut dire que si on tient une élection locale avec ce fichier, des personnes qui n’habitent pas ces localités précitées vont venir influencer l’élection des maires dans ces contrées. Et le maire sera élu par des non-résidents. Cela ne doit pas être un débat politicien ; mais un débat national, patriotique et républicain pour que les choses soient remises à la bonne place.