UN FEUILLETON A MULTIPLES REBONDISSEMENTS !
Le moins que l’on puisse dire est que l’affaire Adji Sarr-Sonko s’est installée de manière durable dans le débat public. Retour sur les faits saillants de cette affaire !

Qui aurait dit que le feuilleton de mœurs entre le leader du Pastef, Ousmane Sonko, et la masseuse Adji Sarr allait réussir à reléguer au second plan la pandémie de covi19 ? Décidément, les Sénégalais que nous sommes sont faciles à divertir ! Le moins que l’on puisse dire est que l’affaire Adji Sarr-Sonko s’est installée de manière durable dans le débat public. Retour sur les faits saillants de cette affaire !
Début février, un quotidien de la place annonce qu’Ousmane Sonko, le leader de Pastef les Patriotes, fait l’objet d’une plainte de la part d’une certaine A. Sarr, âgée d’une vingtaine d’années. Selon le journal, cette dernière a saisi le commandant de la Section Recherches de la gendarmerie de Colobane, le 2 février dernier, d’une plainte accusant le Patriote de l’avoir violée et menacée de mort. La masseuse explique que Sonko se présente régulièrement en qualité de client dans le salon où elle travaille pour des séances de massage mais qu’à la fin, il exige toujours des faveurs sexuelles. A l’en croire, devant son refus de le laisser assouvir ses pulsions, le leader de Pastef l’aurait étranglée et contrainte à avoir des rapports sexuels. Ousmane Sonko nie catégoriquement les faits. Pour rassurer ses militants, il publie sur sa page Facebook un texte pour dénoncer un complot ourdi par l’Etat. Allant plus loin, il soutient qu’il a été averti que le régime tente de comploter pour l’emprisonner. Ceci pour l’empêcher de se présenter à l’élection présidentielle de 2024.
L’appel à la résistance
Ayant reçu notification de la plainte pour « viols et menaces de mort » déposée contre lui le 3 février, le député a convoqué le dimanche 7 février au soir une conférence de presse pour apporter sa version des faits et se défendre. Il reconnaît avoir eu recours à des « massages thérapeutiques pour raisons de santé » qui justifiaient des « séances professionnelles » dans ce salon de massage. Après quoi, il annonce qu’il ne déférera pas le lendemain (Ndlr : lundi 08 février) à la convocation des enquêteurs de la Section de recherches de la gendarmerie en vertu de son immunité parlementaire. « J’accuse explicitement [le président] Macky Sall », a-t-il ajouté, jugeant que la plainte déposée contre lui est « un complot odieux et minable », « une lâche cabale politique » orchestrée par le chef de l’État et mise en œuvre par le procureur de la République. Mieux, il appelle ses militants à la « résistance ».
Les émeutes de la cité Keur Gorgui !
Un appel qui n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Les partisans d’Ousmane Sonko ont pris d’assaut dès les premières du lundi 8 février la cité Keur Gorgui où réside leur leader. Ils craignaient l’arrestation de leur « président » Ousmane Sonko. Voulant forcer la foule à se disperser, les forces de l’ordre ont fait usage de grenades lacrymogènes. Niant vouloir arrêter le leader de Pastef, la police assure être là pour disperser un rassemblement dans le contexte du covid19 et non pour arrêter Ousmane Sonko qui ne s’est pas présenté à sa convocation par la gendarmerie nationale. Toujours est-il qu’après la charge des policiers contre les partisans de Sonko, on a assisté une intifada dans la capitale. Voitures et pneus brûlés, jets de pierres, saccage d’édifices et de magasins voire de stations services contre gaz lacrymogènes et jets d’eau. Partis de Keur Gorgui, les affrontements entre les militants d’Ousmane Sonko et forces de l’ordre se sont répandus dans plusieurs quartiers de Dakar. Depuis lors, une série une vague d’arrestations s’est abattue dans les rangs de Pastef officiellement pour traquer des auteurs de menaces de divulgation d’images obscènes d’autorités de la République. Parmi les personnes interpelées, l’administrateur de ce parti Biram Soulèye Diop et son épouse (cette dernière ayant été libérée après plusieurs jours de garde-à-vue, le coordonnateur de la région de Dakar, Abass Fall, l’ingénieur à la Sonatel Dahirou Thiam, un des responsables des cadres… Des activistes qui prévoyaient d’organiser une manifestation pour soutenir Sonko ont également été alpagués. Il s’agit d’Assane Diouf, Amadou Clédor Sène et Guy Marius Sagna.
Supputations et spéculations !
Les procès-verbaux circulent dans les réseaux sociaux avec des nouveaux développements dans le dossier « Sweet Beauté ». En effet un témoin a cité nommément une personnalité de Benno Bokk Yakaar (BBY) dans cette affaire. Il s’agit de Sidy Ahmet Mbaye, neveu d’un responsable de BBY. Il est présenté comme la personne qui est venue récupérer Adji Sarr au salon « Sweet Beauté » le soir des faits présumés. Selon les procès-verbaux, Mbaye aurait confié lors de son audition être un « ami de longue date » d’Adji Sarr, l’accusatrice de Sonko. Mais son oncle Maodo Malick Mbaye, membre de la mouvance présidentielle, a démenti cela. Il soutient qu’ils (Ndlr : lui et son neveu) ne sont pas mêlés à cette affaire Ousmane Sonko-Adji Sarr.
Une justice avant l’heure et en précipice !
Ousmane Sonko ayant refusé de répondre à la convocation des gendarmes tant que son immunité parlementaire ne serait pas levée, le procureur de la République a saisi dès le lendemain l’Assemblée nationale, à travers le ministre de la Justice, d’une demande de levée de cette immunité. Une demande examinée à la vitesse de l’éclair par le Bureau puis la conférence des présidents de l’Assemblée nationale. Après quoi, la Commission des lois s’est réunie pour mettre sur pied une commission ad hoc chargée d’examiner cette demande. Ce feuilleton devant l’Assemblée nationale devrait se terminer ce vendredi avec la tenue d’une plénière devant lever l’immunité d’Ousmane Sonko. Lequel, privé de protection constitutionnelle, serait donc livré pieds et poings liés aux juges.
Attaque et contre-attaque
Invitée de l’émission “Grand Jury” sur la Rfm, la parlementaire Aida Mbodj l’ «avocate » du Sonko dans la commission chargée de la levée de l’immunité parlementaire a fait des révélations sur le dossier. Elle soutient qu’un des avocats de Ousmane Sonko a reçu, « par erreur », un SMS parlant du ‘’complot” visant Sonko. Un SMS dans lequel il serait écrit : « On va le (Ndlr, Sonko) traîner dans la boue, mais pas de condamnation, car ça risque de chauffer le pays… Je ne crois pas qu’il y aura un procès…“, selon Aïda Mbodji. Avant-hier le président de la République s’est prononcé sur les ondes de Rfi pour la première fois sur cette affaire Adji Sarr-Sonko. Macky Sall dit n’être mêlé ni de près ni de loin dans cette dossier et qu’il a d’autres préoccupations que de comploter « sur des affaires basses ». L’épilogue provisoire de ce long épisode qui tourmente ou passionne beaucoup de nos compatriotes sera connu ce jour, vendredi. Une chose est sûre : il aura réussi à faire oublier le coronavirus, ce qui n’est pas une mince affaire !