UN SIGNAL FORT A L’ENDROIT DU REGIME EN PLACE
Dr Maurice Soudieck Dione invite le Président Macky SALL à bien «comprendre le message et savoir que la patience du peuple ne signifie pas passivité, car tous les pouvoirs lui ont été donnés».

Selon le Docteur en Science politique, Maurice Soudieck Dione, la marche appelée hier, vendredi 28 juin, par les leaders syndicaux de l’enseignement mais interdite par le préfet de Dakar est un signal fort à l’endroit du régime en place.
Interpellé sur cette manifestation qui devait sceller la jonction des trois catégories de forces vives de la nation que sont les partis politiques, les syndicats et la société civile, l’enseignant-chercheur à l’Ugb de Saint-Louis invite le Président Macky Sall à bien «comprendre le message et savoir que la patience du peuple ne signifie pas passivité, car tous les pouvoirs lui ont été donnés».
«En vérité, cette affaire Pétro-Tim replace au cœur de l’espace public et de l’action politique, l’impératif de gestion transparente des ressources publiques en général, et des ressources naturelles en particulier. Lors de la campagne présidentielle de février 2019, les tenants du pouvoir ont communiqué exclusivement sur la dimension matérielle et infrastructurelle du bilan, parce qu’en fait le bilan était sombre concernant le respect des droits et libertés de l’opposition, le respect des engagements sur les réformes démocratiques, notamment l’équilibrage des pouvoirs quasimonarchiques du président de la République. La lutte contre la corruption annoncée en grande pompe au début du mandat du Président Sall en 2012 a été outrancièrement politisée et sélective pour écraser des adversaires politiques et inciter à la transhumance. Or, en réalité, la dimension immatérielle est essentielle et primordiale, notamment par rapport à la consolidation de l’État de droit et à la gestion des ressources publiques centrée sur les priorités et les besoins du peuple. C’est cet aspect négligé lors du premier mandat du Président Sall qui rejaillit aujourd’hui avec l’affaire Pétro-Tim pour plusieurs raisons. D’abord parce que dans un pays pauvre comme le nôtre, il est inacceptable qu’une minorité s’enrichisse sur le dos du peuple sur la base d’affinités politiques, familiales, partisanes et claniques. Deuxièmement, le développement du pays depuis l’indépendance a toujours été plombé par la mal gouvernance, et c’est toujours les plus démunis qui peinent et payent les pots cassés.
Troisièmement, on ne peut pas gaspiller et piller les ressources de l’État au niveau le plus élevé et exiger des travailleurs qui gagnent durement leur vie à la sueur de leur front de toujours faire des sacrifices, dans un contexte économique où le pouvoir d’achat s’érode. C’est donc une problématique légitime qui rejaillit par rapport à la conduite des affaires publiques de manière transparente, efficiente et efficace pour assurer la qualité des services publics, pour prendre en charge correctement l’épineuse question de l’emploi des jeunes, de leur formation et de leur insertion professionnelle et sociale, alors même que beaucoup d’entre eux sont désemparés et choisissent au péril de leur vie le chemin de la mer et du désert ! C’est donc tout naturellement que ces trois catégories de forces vives de la nation que sont les partis politiques, les syndicats et la société civile se rejoignent autour d’une préoccupation fondamentale et transversale, qui se trouve au cœur de l’avenir de notre pays.
Le régime en place doit bien comprendre le message et savoir que la patience du peuple ne signifie pas passivité, car tous les pouvoirs lui ont été donnés ! Mais on ne peut pas gérer de manière convenable au profit de tous les Sénégalais, pour leur épanouissement matériel et moral les ressources du pays, si on ne met pas en avant l’éthique et le souci du Bien commun et de l’intérêt général. C’est tout simplement impossible. Il ne faut pas qu’on chercher à se leurrer. Aujourd’hui, le peuple sénégalais est très mature sur le plan démocratique et civique, et les pratiques corruptives et répressives comme méthode de gouvernement ne peuvent pas prospérer dans le temps !»