UN AN APRES LE DEBUT DU COVID AU SENEGAL, DES ACTEURS EVALUENT LE SYSTEME
La pandémie à coronavirus continue de faire des ravages. En attestent les 34.732 cas positifs et les 880 décès recensés dans le pays, ce qui constitue des chiffres alarmants

Un an après son apparition au Sénégal, la pandémie à coronavirus continue de faire des ravages. En attestent les 34.732 cas positifs et les 880 décès recensés dans le pays, ce qui constitue des chiffres alarmants. En effet, malgré les stratégies mises en place par les autorités sanitaires, la maladie a mis à rude épreuve le plateau médical du pays. C’est pourquoi, les spécialistes tirent la sonnette d’alarme à propos des coûts exorbitants supportés par les malades et invitent le gouvernement à améliorer le système de santé à travers la mise en place de services de maladies infectieuses.
Depuis l’apparition du premier cas de Covid-19 le 02 mars 2020 au Sénégal, la pandémie sa trajectoire ravageuse, même si elle connaît depuis quelques temps une évolution en dents de scie.
Ainsi, le ministère de la Santé et de l’Action sociale a pris un certain nombre de mesures pour contenir la propagation du virus. Une attitude qui avait d’ailleurs avait valu au Sénégal la dixième place sur le plan mondial et la deuxième en Afrique. Alors que le pays pensait avoir gagné le combat contre la propagation du virus, une seconde vague s’est brutalement installée, en se propageant de façon vertigineuse et occasionnant quotidiennement de nombreux cas de décès. Une situation favorisée notamment par l’abandon par certains Sénégalais des gestes barrières.
A ce jour, le Sénégal compte 34.732 personnes déclarées positifs dont 880 décédées et 4.960 sont sous traitement.
Et le traitement, de l’avis de Dr Babacar Niang (directeur de Suma Assistance), coûte excessivement cher pour les malades. Il renseigne en effet que le principal problème que rencontrent les malades vient de l’apport en oxygène. «Il y a même des tensions au niveau de ces oxygènes qui sont difficiles à trouver d’abord et à payer ensuite», souligne le médecin urgentiste qui renseigne que le coût journalier de l’oxygénation s’élève à 425.000 Fcfa dans la structure qu’il dirige.
Et ces coûts faramineux sont supportés par les malades. «On a eu deux à trois malades qui ont eu à payer 900.000 Fcfa pour l’oxygène pendant leur séjour», affirme Dr Niang. Même s’il salue les efforts du ministère de la Santé pour amoindrir les coûts, il se désole du fait que les malades «soient obligés de tout payer».
Faisant le bilan de l’année Covid, Dr Babacar Niang indique que son établissement a été obligé d’amputer un service en étage complet pour le réserver aux malades de Covid-19. «On a aussi créé 6 chambres, ce qui fait qu’on a 16 places qui sont en permanence pleines, sollicités par l’hôpital Fann et les autres services au niveau de Dakar», révèle le directeur de Samu avant d’ajouter : «rien que pour cette semaine, 3 malades venus de Kaolack ont été reçus en urgence. Et on en reçoit régulièrement. Donc on a une activité assez poussée sur la prise en charge des patients de Covid».
De l’avis de l’urgentiste, «10 lits ont été amputés du service au moment où les personnes souffrant de pathologies ordinaires ne viennent plus à l’hôpital, par peur de contracter le virus. Mais les urgentistes continuent de mener leurs activités, même si la plupart des transports concernent les malades de Covid», souligne Dr Niang.
Évaluant, quant à lui, les stratégies mise en place ministère de la Santé et de l’Action Sociale pour gérer la pandémie depuis son apparition, l’épidémiologiste Dr Alioune Badara Ly (directeur adjoint du Centre des Opérations d’Urgence Sanitaire) fait focus sur leur souplesse et leur adaptation à l’évolution de la maladie. Ce qui, selon lui, a permis de réajuster les ressources financières, humaines et logistiques disponibles y compris les capacités des laboratoires de référence.
Cette stratégie, de l’avis de Dr Ly, a contribué à alléger le système de santé. S’agissant de la stratégie de prise en charge des patients testés positifs à la Covid-19, l’adjoint de Dr Abdoulaye Bousso au Cous estime qu’elle a permis la prise en charge exclusive de tous les cas positifs dans une structure de santé, et l’évolution vers une prise en charge extrahospitalières des cas simples ou asymptomatiques à celle à domicile de tels cas à travers une procédure validée par le Comité national de Gestion des Épidémies (CNGE) en juillet 2020 et toujours en cours. «Il en est de même des autres stratégies comme celles portant sur la surveillance et le suivi des contacts (passé de l’isolement dans des sites dédiés, hôtels ou auberges, à l’isolement et le suivi à domicile), la Communication sur le Risque et l’Engagement Communautaire (CREC), la prévention et le contrôle des infections (PCI)», poursuit-il.
Même si la transmission de la maladie au cours de la deuxième vague, qui s’est progressivement installée à partir de novembre 2020, a été plus importante, le directeur adjoint du Cous rassure que «le système reste solide et fait face malgré quelques difficultés notées». Mais en termes d’amélioration, le spécialiste pense que cette pandémie doit être l’occasion de renforcer notre système de santé à travers la mise en place de services de maladies infectieuses de grande capacité litière dans toutes les régions du Sénégal, ainsi que des services de réanimation et d’urgence dont les capacités ont été soumises à rude épreuve. «Nos laboratoires de santé publique (surtout le Laboratoire national de santé publique de Thiès) doivent être renforcés», préconise l’épidémiologiste.
Et pour y parvenir, Dr Alioune Badara Ly, plaide pour une politique de renforcement de santé en ressources humaines de qualité afin de garder les requises pour un fonctionnement optimum des services de santé sollicités dans des situations de crise sanitaires.