«IL A ETE DECRIT DANS LA COVID-19 DES CAS D’ANOMALIES QUI PEUVENT ENTRAINER DES MORTS SUBITES»
Cardiologue et enseignant-chercheur à l’université Gaston Berger (Ugb) de Saint-Louis, Pr Adama Kane souligne qu’il existe des anomalies dans la Covid-19 qui peuvent entrainer des morts subites.

En plus du coronavirus et de ses ravages, le Sénégal est confronté depuis quelques au phénomène des morts subites. Entre le 19 et le 26 janvier, six personnes sont décédées brutalement. Une situation qui a installé la psychose chez les populations. Cardiologue et enseignant-chercheur à l’université Gaston Berger (Ugb) de Saint-Louis, Pr Adama Kane souligne qu’il existe des anomalies dans la Covid-19 qui peuvent entrainer des morts subites.
Il a été remarqué ces derniers de nombreux cas de mort subite. Qu’est-ce qui peut expliquer ce phénomène ?
Tout d’abord, il faut distinguer la définition d’une mort subite. C’est quelqu’un qui ne souffrait d’aucun symptôme dans l’heure qui a précédé son arrêt cardiaque. Une heure avant, la personne ne souffrait de rien et n’était pas connue porteuse d’une maladie. Et là, si cela survient, il y a le plus souvent une cause cardiaque.
Les personnes qui décèdent brutalement ont eu des problèmes cardiaques qu’elles ignorent soit parce qu’elles n’ont pas été dépistées ou elles ne sont pas allées en consultation. Elles peuvent peut avoir d’autres maladies qui entrainent la mort subite, mais le plus souvent c’est le cœur ou les vaisseaux qui entrainent un décès rapide. Maintenant, si un arrêt cardiaque survient brutalement, on peut faire des mesures pour récupérer le malade que nous appelons des morts subites récupérées. Quelqu’un qui fait un arrêt cardiaque brutal, si la cause est cardiaque notamment rythmique, on peut entreprendre les manœuvres de réanimation et cela n’importe qui peut le faire. On n’a pas besoin d’être médecin pour faire cela.
Dans une assemblée, si quelqu’un tombe, il faut commencer à déboutonner sa chemise, voir s’il n’y a rien qui comprime et en ce moment appeler à l’aide. On commencer aussitôt des massages cardiaques en attendant que la structure hospitalière ou le Samu vienne prendre le malade, mais nous ne pouvons pas le transporter à l’hôpital. Il faut le prendre en charge tout de suite et c’est l’hôpital qui doit venir vers lui. On doit faire venir un médecin, puisque plus on perd du temps pour l’amener, plus on risque de le perdre définitivement. Si la personne a plus de 35 ans, la cause est liée à ce que nous appelons une crise cardiaque.
Avant 35 ans, c’est lié à des anomalies de naissance, c’est-à-dire que la personne est née avec anomalies électriques du cœur qui peuvent entrainer une accélération du cœur ou un ralentissement lié à l’âge. Ces deux conditions peuvent entrainer des arrêts cardiaques, mais ce sont des arrêts cardiaques que l’on peut récupérer surtout si on commence très tôt la réanimation. Surtout, si nous disposons d’un défibrillateur. Ce matériel est obligatoire dans des lieux comme les stades, les aéroports, les hôtels et autre lieux publics. Il est extrêmement utile puisqu’il permet de récupérer les arrêts cardiaques brutaux.
Y a-t-il une corrélation entre ces morts subites et la Covid19 ?
Il a été décrit dans la Covid-19 des cas d’anomalies qui peuvent entrainer des morts subites, comme une myocardie. Mais, je ne peux pas vous dire que ces morts subites sont liées à la Covid-19. Lorsqu’il y a une mort subite, il faut faire une autopsie pour voir la cause. Ce n’est pas rare de trouver dans une population avec des facteurs de risque, des morts subites d’origine cardiaque. Le plus souvent, c’est le cœur qui est la cause.
La plupart du temps, les gens qui font des malaises décèdent. Qu’est-ce qui l’explique ?
Parce que c’est lié au retard de prise en charge. Souvent on essaie d’amener le malade au lieu de le prendre en charge sur place. On l’amène vers une structure de santé alors que ce n’est pas ce qu’il faut faire. Quand il y a un arrêt cardiaque, le cœur s’est arrêté. Tant que l’on fait le massage cardiaque, la circulation va se faire, le temps que le médecin arrive. Il faut que les gens soient capacités en sauvetage. A l’école primaire, on doit apprendre aux enfants comment faire le massage cardiaque ou la réanimation de base.
Peut-on avoir les statistiques sur ces cas de décès ?
Nous avons réalisé des études sur les morts subites. Et à chaque fois, nous retrouvons une maladie cardiaque.
Y a-t-il une différence entre mort subite et malaise ?
Les malaises renvoient le plus souvent à des syncopes. Il y a une chute, mais les malades reprennent leurs esprits. La mort subite est un arrêt cardiaque, c’est-à-dire qu’il n’y a plus de circulation sanguine. Le cœur est à l’arrêt, donc c’est plus grave. Car si l’on ne fait pas attention, on perd le malade. Si quelqu’un tombe brutalement et que son ventre ne respire pas, c’est que jusqu’à preuve du contraire, il a fait un arrêt cardiaque. Il faudrait qu’il y ait une sensibilisation sur le fait que les personnes doivent éviter les comportements à risques. Il faut faire du sport lorsqu’on est en surpoids ou en obésité.