«IL FAUDRAIT METTRE EN AVANT LES ACTEURS PORTEURS DE DYNAMIQUE COMMUNAUTAIRE»
Selon Djiby DIAKHATE, pour le cas du vaccin anti Covid-19, nous avons deux catégories de problèmes. Il y a eu beaucoup de désinformation autour de ce vaccin et cette stratégie de désinformation a affecté les autres vaccins orientés vers d’autres pathologi

Pour le cas du vaccin anti Covid-19, nous avons deux catégories de problèmes. Il y a eu beaucoup de désinformation autour de ce vaccin et cette stratégie de désinformation a affecté les autres vaccins orientés vers d’autres pathologies.
Par exemple, dans la zone Est du Sénégal, nous avons la fièvre jaune et les gens doivent être vaccinés et beaucoup sont en train de dire que c’est le vaccin contre le coronavirus qu’on veut leur administrer. Donc, même le Programme élargi de vaccination se heurte à des difficultés parce que tout le monde se dit que c’est le vaccin contre le coronavirus qu’on veut administrer en se cachant derrière le PEV.
De façon concrète pour la campagne de communication, il faudrait mettre en avant ce que nous appelons les acteurs porteurs de dynamique communautaire. Il s’agit notamment des chefs religieux. Ce serait très bien que l’Etat travaille à faire en sorte que les différents Khalifes généraux acceptent de se faire vacciner et que la vaccination soit montrée en public. On a déjà eu une jurisprudence en l’espèce parce que Seydi El Hadj Malick s’était vacciné à Saint-Louis amenant du coup tous les disciples à accepter le vaccin. Donc, aujourd’hui aussi, on peut rééditer la même expérience en invitant les Khalifes généraux à accepter la vaccination.
Après les Khalifes généraux, vous avez dans les différentes localités des gens qui bénéficient d’une légitimité communautaire. Je pense aux imams, aux abbés et aux curés, aux chefs de quartier, aux « badianou gokh », aux ASC qui pourraient être mobilisés à travers une approche communautaire amenant les gens à mieux comprendre le vaccin. C’est l’occasion pour les médecins en même temps de parler aux gens à travers les médias parce que la nature a horreur du vide. Si les gens ne parlent pas aux populations, vous allez avoir les réseaux sociaux qui vont remplacer ça et avec parfois des messages qui sont complètement erronés. Il faut aujourd’hui que le ministère de la Santé mobilise les techniciens au niveau des différents organes de presse et que ces spécialistes parlent aux populations en nous disant par exemple c’est quoi la différence entre le vaccin chinois, russe et les autres vaccins ARN. Nous avons beaucoup de supputations autour de ça et il faut que les gens donnent la bonne information.
Le gouvernement gagnerait donc à expliquer aux populations sa politique en matière de dotation de vaccins. C’est aussi simple que ça. Nous avons 200 mille doses de vaccin chinois. Est-ce que les autres vaccins viendront encore de la Chine ou ce sera Pfizer, Moderna ou AstraZeneca sachant que l’Afrique du Sud a refusé AstraZeneca ? L’Afrique du Sud a préféré Johnson & Johnson et a donné tous les vaccins AstraZeneca qu’il avait achetés à l’Union africaine. Est-ce que donc on va avoir le vaccin AstraZeneca qui a été rejeté par l’Afrique du Sud même si c’est de façon diplomatique parce qu’elle a dit avoir un variant par rapport à lequel AstraZeneca n’est pas efficace ? Déjà, ça risque de créer sur le continent une certaine suspicion autour de AstraZeneca. Ce serait bien que Macky Sall se fasse vacciner publiquement mais c’est largement insuffisant.
Ensuite, certains professionnels de la santé et après qu’on travaille de manière à faire en sorte que les Khalifes généraux acceptent de se faire vacciner. Le seul souci, c’est qu’il y aura un gain de confiance. Les gens vont déferler vers le vaccin et l’offre est pour le moment très petite. C’est ça le souci. Il faut donc travailler sur la communication pour éviter les embouteillages autour des structures de vaccination.