L’ASIE ADOPTE DES MESURES STRATEGIQUES EFFICACES
Le Sénégal doit-il s’inspirer du modèle asiatique ? Alors que certains gouvernements occidentaux essuient un feu de critiques pour avoir tergiversé face au coronavirus,

Le Sénégal doit-il s’inspirer du modèle asiatique ? Alors que certains gouvernements occidentaux essuient un feu de critiques pour avoir tergiversé face au coronavirus, il n’est pas trop tard pour tirer des enseignements de ce qui s’est passé en Asie. Les politiques menées à Singapour, en Corée du Sud, à Hong Kong, en Chine et à Taïwan montrent à quoi peut ressembler une prévention rapide et efficace.
UN TRAVAIL DE DETECTIVE A SINGAPOUR
Singapour, déterminé à ne pas répéter l’échec de sa stratégie de lutte contre le virus du SRAS au début des années 2000, a été l’un des premiers pays à prendre des mesures préventives. En quelques jours, et pour gagner du temps, malgré les protestations de Pékin, il a bloqué les arrivées en provenance de Chine. À une époque où l’on ignorait encore beaucoup de choses sur le virus, le gouvernement s’est empressé de fournir des informations précises, ce qui a permis d’apaiser les craintes et d’éviter la ruée vers les magasins. Lorsqu’il est devenu évident que des personnes pouvaient être contagieuses sans présenter de symptômes, la priorité a été donnée aux tests, à l’auto-isolement et à la traçabilité des contacts. Les autorités de Singapour ont fourni des soins de santé gratuits et de qualité pour garder une longueur d’avance sur le virus. En interrogeant les personnes infectées sur leurs déplacements, les responsables de la santé ont minutieusement retracé plus de 5 000 personnes à risque. Cela a permis d’éviter une propagation incontrôlée du type de celle que l’on observe actuellement dans les grandes villes américaines et européennes. Ces mesures précoces, ces tests à grande échelle, ce travail de détective ont été remarquablement efficaces. La ville-État, qui compte 5,6 millions d’habitants et est l’un des endroits les plus densément peuplés de la planète, a connu jusqu’à présent moins de 400 cas et seulement deux décès. Sur les quelque 250 cas confirmés à la mi-mars, près de 100 personnes avaient été contactées avant même d’être diagnostiquées.
DES « DRIVE-IN » POUR LES TESTS EN COREE DU SUD
En Corée du Sud, les cliniques de test de type « drive-in », qui accueillent chaque jour des milliers de personnes, ont fait la une des journaux dans le monde entier. Au 19 mars, la Corée du Sud avait effectué plus de 307 000 tests, soit le nombre le plus élevé par habitant au monde. En comparaison, le Royaume-Uni a jusqu’à présent testé quelque 64 000 personnes, soit le deuxième taux le plus élevé d’Europe, mais il est loin d’avoir atteint le niveau nécessaire pour lutter contre l’épidémie. Aux États-Unis, les tests ont également été retardés et coûteux, ce qui a fait perdre un temps précieux pour contenir l’infection et a contribué à une épidémie silencieuse sur le point d’exploser.
L’EXPLOITATION DES DONNEES A TAÏWAN ET EN COREE DU SUD ET EN CHINE
L’expérience de Taiwan, à 130 kilomètres de la Chine continentale, est également riche d’enseignements. En plus des tests de masse et de la traçabilité des personnes ayant été en contact avec des porteurs du virus, ce pays a utilisé une technologie innovante : l’utilisation de données importantes pour permettre aux hôpitaux d’accéder facilement aux antécédents des patients en matière de déplacements. Si l’impact de cette politique sur la vie privée doit être pleinement pris en compte, elle mérite d’être étudiée de près. La société civile et les citoyens ont en tout cas participé à l’effort, en créant des cartes interactives et d’autres outils en ligne pour montrer où les masques étaient disponibles. Par ailleurs, cette approche contraste fortement avec d’autres pays où les autorités ont minimisé les risques et réprimé les critiques. La Corée du Sud émet des alertes mobiles permettant aux gens de savoir s’ils se trouvent à proximité d’une personne infectée. En Chine, tous les nouveaux cas recensés sont importés. Le Sénégal peut-il s’inspirer du modèle asiatique pour rapidement bouter le virus hors du sol sénégalais ?