LE DÉCRET D’APPLICATION DE LA LOI ANTI-TABAC TARDE A ÊTRE MIS EN ŒUVRE
Depuis le 14 mars 2014, le Sénégal dispose d’une loi antitabac obtenue à la suite d’un rude combat mené par la Listab contre l’industrie du tabac. Mais cet acquis risque d’être réduit à néant

La Ligue Sénégalaise contre le Tabac (Listab) en a assez des lenteurs notées dans le décret d’application de la loi antitabac votée depuis mars 2014. Ses membres ont fait face à la presse hier pour s’interroger sur les raisons qui retardent cette application.
Depuis le 14 mars 2014, le Sénégal dispose d’une loi antitabac obtenue à la suite d’un rude combat mené par la Listab contre l’industrie du tabac. Mais cet acquis risque d’être réduit à néant en raison du retard noté dans la mise en œuvre du décret d’application.
Après avoir rappelé que tout l’arsenal du dispositif juridique a été installé, le président de la Listab Amadou Moustapha Gaye relève : «Il reste toujours un décret d’application fixant les modalités et les conditions de délivrance et d’autorisation de l’ouverture d’un débit de tabac, son retrait et de fermeture définitive qui constitue, aujourd’hui le point nodal de cette loi. La Loi N°12/2014 du 14 mars 2014 relative à la fabrication, au conditionnement, à l’étiquetage, à la vente et à l’usage du tabac prévoit en son article 20 que la fabrication, la commercialisation et le conditionnement du tabac sont soumis à une autorisation au préalable accordée dans des conditions fixées par décret», explique Monsieur Gaye.
Ce dernier et ses camarades se montrent inquiets parce que le projet de décret se trouve dans les arcanes du gouvernement, notamment au niveau du secrétariat général du gouvernement et continue de traîner les pieds. «Depuis un an, nous avons attendu et nous avons interpellé à plusieurs reprises les autorités pour que ce décret puisse passer en Conseil des ministres. Mais on se rend compte que ce décret continue toujours de dormir dans les tiroirs du gouvernement. C’est pourquoi nous avons décidé de convoquer la société civile et les membres de la Listab contre le tabac pour discuter de ces lenteurs. Et par la même occasion, tirer la sonnette d’alarme et demander au gouvernement de Macky Sall de diligenter ce problème», affirme-t-il.
Malgré le fait que le pays s’est doté d’une loi antitabac, «aujourd’hui, le tabac est vendu partout dans le pays, à tous les coins des rues, dans des kiosques, sur des tables ou dans les boutiques. C’est ce décret qui doit réglementer le secteur. Il permet de sortir le tabac des boutiques. Pour vendre du tabac, les commerçants seront obligés de demander une autorisation de l’autorité administrative (gouverneur ou préfet). C’est cela l’importance de ce projet de décret. Mais il faut comprendre que cette disposition va opérer beaucoup de bouleversements, parce qu’il y a beaucoup de personnes qui vivent de l’économie du tabac. Et tous ces petits vendeurs qui sont installés devant les écoles vont disparaître. Aujourd’hui, tous les enfants sont exposés au tabac qui est vendu dans les boutiques du quartier», se désole-t-il.
Pour le secrétaire exécutif de la Listab, Djibril Wellé, on a du mal à s’expliquer ce blocage. «Nous ne savons pas pourquoi ce décret n’est pas programmé en Conseil des ministres depuis un an. Nous avions saisi le Ministère de la Santé et le Secrétariat général du Gouvernement pour les interpeller sur cette lenteur, mais on nous avait servi comme réponse que le président de la République est en campagne électorale et qu’il fallait attendre que l’élection présidentielle passe. Maintenant que l’élection est derrière nous depuis un an, on attend toujours», souligne-t-il.
C’est pourquoi il se demande si des personnes tapies dans l’ombre n’ont pas mis le coude sur ce dossier. Aussi, lance-t-il un appel au président de la République pour qu’il demande à son gouvernement de diligenter ce dossier parce que l’attente est devenue intenable.