«LE ROTAVIRUS TUE 500 MILLE ENFANTS PAR AN»
Dans le contexte de parution d’une épidémie de rotavirus qui s’attaque aux enfants, « L’As» a donné la parole à Dr Margot Oulimata Sarr, Pédiatre et spécialiste des enfants de 0 à 15 ans.

Dans le contexte de parution d’une épidémie de rotavirus qui s’attaque aux enfants, « L’As» a donné la parole à une Pédiatre et spécialiste des enfants de 0 à 15 ans. Dans cet entretien, Dr Margot Oulimata Sarr nous fait le diagnostic de ces maladies graves pour en indiquer l’antidote.
L’As : Ces temps-ci, nous avons remarqué qu’il y a une épidémie chez les enfants qui fait qu’ils vomissent et ont la diarrhée ; qu’est-ce qui en est la cause ?
Ce sont des gastro-entérites, c’est une inflammation de l’estomac et des intestins. Il y a beaucoup de causes de gastro-entérites. Il y a les causes bactériales, les causes parasitaires. Mais dans le cas de figure présent, cela est dû à un virus que l’on appelle le rotavirus. C’est un virus aérien. Il est très contagieux d’où les épidémies que l’on note. Il se propage très vite et quand cela sévit, c’est souvent en mode épidémie. C’est une maladie qui prend plusieurs formes, qui peut être simple mais qui peut aussi être très rare. Dans les mêmes gastro-entérites à rotavirus, il y a des formes qui sont graves. Les signes, c’est quelque chose qui peut évoluer dans les 5 à8jours et cela commence le plus souvent par des vomissements et de la fièvre. Au bout de 12 heures voire une journée, la diarrhée commence. Ce qu’il faut noter est que la diarrhée est très aqueuse, qui a beaucoup d’eau et qui est très abondante. Maintenant, toutes les formes ne se ressemblent pas. Il y a des cas où l’enfant ne fait que vomir et d’autres cas où l’enfant n’a que la diarrhée. Toujours, dans les signes, il y a un manque d’appétit, cela se comprend car un enfant qui vomit n’a pas envie de manger et cela ne fait qu’aggraver la maladie. Il y a des signes graves comme la déshydratation. Par exemple, l’enfant pleure mais on ne voit pas de larmes ; la bouche est sèche ; il a les yeux qui sont enfoncés. Si c’est un jeune nourrisson, ce sera avec une fontainette creuse que l’on dit déprimé chez nous. Ce sont des petits signes que les parents peuvent remarquer à la maison mais qui sont graves. C’est comme aussi l’enfant qui urine moins, c’est un signe grave que l’on a du mal à voir parce que justement les selles sont liquides.
Qu’est-ce que le parent doit faire en cas de présence de tels symptômes ?
Devant ce tableau, il faut l’amener immédiatement dans une structure de santé. A la maison, il faut tout faire pour que l’enfant ne se déshydrate pas en lui donnant de l’eau, des boissons, une solution de réhydratation par voie orale (Sro) qui est en vente libre pour éviter les complications.
Qu’est-ce qu’il faut éviter de donner à l’enfant dans cette situation ?
Il faut éviter un traitement par des anti-diarrhéiques que les parents donnent eux-mêmes parce que cette maladie, pour son premier volet de traitement, c’est la réhydratation. Si c’est grave et qu’il arrive à l’hôpital, on fait une réhydratation intraveineuse avec des perfusions. L’autre traitement est la supplémentation en zinc. S’il y a beaucoup de fièvre, on peut donner des médicaments pour baisser la fièvre, pour diminuer les vomissements mais pas de médicaments pour arrêter la diarrhée, c’est ce qu’il ne faut pas prendre à la maison parce que la plupart des anti-diarrhéiques sont contre-indiqués chez l’enfant.
En cette période de froid, il y a beaucoup d’enfants qui toussent, cela est dû à quoi ?
Les gastro-entérites à rotavirus évoluent de façon saisonnière. Et souvent, ce sont des épidémies qui se superposent. Le rotavirus est plus fréquent à certains moments de l’année, notamment dans les périodes hivernales, dans les pays tempérés et ici dans la période qui va de novembre jusqu’au mois de mai. Cela se superpose à l’épidémie de bronchiolite donc qui est aussi due à un virus respiratoire. Parfois, cela se superpose à des épidémies de grippe mais actuellement, il n’y a pas d’épidémie de grippe chez l’enfant.
Quelles sont les maladies pédiatriques que vous consultez le plus ?
Ce sont les maladies respiratoires et les maladies diarrhéiques. Les rotavirus, c’est toute l’année. Il ne faut pas perdre de vue que c’est des cas sporadiques mais les grandes épidémies, quand cela vient, c’est pratiquement le tiers de la consultation, et un autre tiers de maladies respiratoires qui, il faut le dire, sont en nette progression dans notre pays. Il devient de plus en plus fréquent du fait de la pollution.
Quelles sont les mesures à prendre pour éviter que l’enfant chope ce virus ?
Le volet le plus important quand on parle de ce type de maladie est la prévention. Elle est d’abord primaire. Dans ce cas de figure, il faut savoir qu’autant, le rotavirus est dangereux chez les enfants de moins de 5 ans, autant il est plus dangereux chez les enfants de 6 à 24 mois. Le vaccin contre le rotavirus a vraiment changé le visage de la maladie. Le rotavirus est presque responsable de 500 mille décès par an dans le monde. Le vaccin protège les enfants contre 85% des formes graves. L’apport du vaccin n’est pas négligeable. Depuis 2014, il est gratuit et il est dans le programme élargi de vaccination (Pev). Il faut aussi une bonne hygiène. On se donne souvent la bactérie par la main. Il faut instaurer le lavage des mains aussi bien des enfants que des adultes qui manipulent les enfants, en changeant les couches, en sortant des toilettes, avant de préparer les biberons. Le virus, déposé dans un endroit ou sur un objet, va y rester et si l’enfant vient dans cet endroit ou qu’il touche l’objet, il va être automatiquement infecté. Il faut désinfecter les jouets à l’eau de javel. Un enfant infecté peut présenter le virus avant l’apparition des symptômes et après ; donc il faut le garder à la maison jusqu’à ce qu’il soit complètement guéri, sinon il va propager le virus.