LES CAS COMMUNAUTAIRES EXPLOSENT !
392 cas communautaires entre mardi dernier et hier lundi ! Le virus a fini de s’installer dans notre pays où il accélère la cadence.

Particulièrement redoutés par les autorités sanitaires, les cas « communautaires » explosent dans notre pays. Il s’agit de malades testés positifs au coronavirus et dont la source de contamination est inconnue. Hier seulement, 72 cas issus de ce mode de transmission ont été enregistrés. En une semaine, le Sénégal a frôlé les 400 cas communautaires. L’analyste politique et spécialiste de santé publique Dr Cheikh Atab Badji, estime pourtant qu’on ne doit pas restreindre les efforts aux seuls cas communautaires.
392 cas communautaires entre mardi dernier et hier lundi ! Le virus a fini de s’installer dans notre pays où il accélère la cadence. Les cas issus de la transmission communautaires sont partout dans le pays et surtout à Dakar. Le pays commence à enregistrer presque quatre morts par jour depuis un certain temps.
Hier, le directeur de la Prévention au ministère de la santé, Dr Mamadou Ndiaye, a annoncé 137 nouveaux cas positifs sur 1402 tests réalisés et 4 décès. Parmi ces 137 contaminés du jour, 72 sont issus de la transmission communautaire provenant des localités suivantes : Ziguinchor (12), Mbour (6), Dakar Plateau (4), Guédiawaye (4), Bignona (3), Kaolack (3), Mbao (3), Rufisque (3), Bopp (2), Derklé (2), Khombole (2), Liberté ii (2), Ouakam (2), Parcelles assainies (2), Patte d’oie-rue Waagane Diouf-castors (1), Diamniadio (1), Fass (1), Gibraltar (1), HLm iv (1), Joal (1), Kaffrine (1), Kédougou (1), Kolda (1), Liberté iv (1), Liberté v (1), médina (1), Sangalkam (1), Point e (1), Thiadiaye (1), Tivaouane (1), Richard Toll (1) et Tambacounda (1). Les 64 autres cas sont des contacts suivis par les services du ministère de la santé et de l’action sociale et la journée d’hier, il y a eu un seul cas importé. Dr Mamadou ndiaye a informé que le Sénégal a enregistré 4 nouveaux décès liés au covid-19, dimanche dernier, tandis que 45 cas graves étaient en réanimation hier lundi. Selon le directeur de la Prévention, 38 patients ont été contrôlés négatifs et déclarés guéris. L’état de santé des autres patients est stable. a ce jour, depuis l’apparition du coronavirus le 2 mars dernier, le Sénégal a enregistré 11312 cas dont 7390 guéris, 236 décédés, 01 évacué et 3685 patients sous traitement.
Dr Cheikh Atab Badji : « Le commerce communautaire fait le lit de la transmission de la maladie »
La transmission communautaire, Dr Cheikh Atab Badji estime que la situation de la pandémie doit être analysée sur deux points majeurs à savoir le nombre de cas qui augmente et le nombre de décès. « Devant la situation actuelle traduite par des chiffres bruts, juste une analyse brute se conçoit. Deux niveaux de lecture s’imposent à priori par rapport au problème, autant par rapport aux solutions, du moins du point de vue pertinence et complétude. Ces deux niveaux du problème actuel que pose la pandémie, c’est d’une part le nombre de cas qui augmente et d’autre part le nombre de décès qui augmente. Pour le nombre de cas qui augmente, ce phénomène est fortement lié à la communauté dans ses échanges, ses interactions. J’insiste sur le mot nombre, car c’est important en termes d’analyse, sachant que l’approche par les taux pourrait donner une autre lecture. Ce commerce communautaire fait le lit de la propagation de la maladie, surtout en l’absence d’observance des mesures barrières standard. Cette inflation des cas est plus sous le contrôle direct ou indirect de la communauté. Mais le vrai problème, au-delà de l’ampleur, c’est surtout la gravité du problème matérialisée en santé publique par la mortalité ou la morbidité. Ici il faut préciser que, pour la mortalité actuelle, et à partir des chiffres bruts quotidiens, on ne peut faire qu’une lecture générique. et à ce propos, il est important de considérer cette mortalité sous deux angles : sous l’angle communautaire et sous l’angle médico-hospitalier », a expliqué l’analyste politique et spécialiste en santé publique Dr Badji.
Pour le cas des décès dits communautaires, explique-t-il, l’entendement que nous en avons, c’est l’ensemble des décès qui surviennent à domicile, en cours de transfert, juste à l’arrivée à la structure ou juste après l’admission dont le diagnostic est souvent post mortem. Ce type de décès pose un problème essentiellement communautaire. Soit le patient (ou son entourage) ne connaît pas les signes, soit les connaît ou les suspecte mais refuse de procéder à la demande de soins. Donc soit ignorance soit déni. si, dans le premier cas, se pose le problème de l’information et, secondairement, de l’efficacité d’une communication ciblée, dans le second cas, c’est surtout la conséquence de la forte stigmatisation.
Dr Atab Badji indique aussi que les décès hospitaliers posent quant à eux le problème de la prise en charge, de la qualité du plateau technique et de la disponibilité des ressources humaines et matérielles et l’état pronostic du patient. « Ainsi la pertinence globale des solutions pourrait être appréciée par rapport à ces différents niveaux du problème. si le respect des mesures barrières standard entre autres le port de masque, la distanciation sociale, le lavage des mains ou l’usage du gel hydro alcoolique reste déterminant dans la lutte communautaire surtout dans le sens de la réduction du phénomène de contaminations, il faut préciser qu’il faudra insister davantage sur la communication communautaire visant à la fois à donner la bonne information et à vaincre la stigmatisation mais aussi et surtout mettre l’accent sur la qualité et la disponibilité des plateaux techniques si on veut véritablement juguler la pandémie », confie l’analyste politique et spécialiste en santé publique.