L’OMS PRODIGUE DES CONSEILS AU MONDE MUSULMAN
Le ramadan aura un cachet particulier cette année avec la pandémie du Covid-19 qui n’épargne aucun continent.

Le ramadan aura un cachet particulier cette année avec la pandémie du Covid-19 qui n’épargne aucun continent. Consciente des rassemblements sociaux et religieux envisageables durant cette période, l’organisation mondiale de la Santé (OMS) a émis des recommandations afin que les musulmans du monde entier puissent vivre ce mois de jeûne, de prières et de partage dans les meilleures conditions.
A coup sûr, les musulmans vont commencer le jeûne à la fin de cette semaine. Un Ramadan qui sera spécial, surtout au Sénégal où les rassemblements sont interdits et le couvre-feu instauré à partir de 20 heures. D’ailleurs, le gouvernement réfléchit sur une possibilité de rallonger les horaires du couvre-feu en les ramenant de 18h à 7h du matin pour freiner la propagation du coronavirus, surtout dans un contexte où les cas communautaires se multiplient de jour en jour. Ce que la Ligue des Imams et Prédicateurs du Sénégal n’entend pas de cette oreille.
Dans une déclaration rendue publique le 18 avril 2020, elle a demandé à l’Etat de réduire par contre les heures du couvre-feu en les ramenant de 21h à 4h30 du matin. Une manière de permettre aux musulmans de sacrifier à certaines exigences liées au mois béni. Il demeure évident que cette sollicitation des imams et prédicateurs du Sénégal est difficilement envisageable. Surtout que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande fortement, depuis hier, l’annulation des rassemblements sociaux et religieux pour ce présent Ramadan. L’OMS préconise par conséquent de se fonder sur une évaluation standardisée des risques pour prendre toute décision tendant à restreindre, à modifier, à retarder, à annuler ou à maintenir un rassemblement de masse, notamment les prières surérogatoires faites en groupe pendant le mois sacré du Ramadan.
L’agence onusienne estime que les décisions doivent faire partie d’une approche globale engagée par les autorités nationales pour répondre à la flambée épidémique. Elle propose, au cas où les rassemblements sociaux et religieux seraient annulés, qu’il y ait si possible des solutions de remplacement virtuelles (télévision, radio, plateformes numériques, médias sociaux). Si les rassemblements du Ramadan sont autorisés, qu’ils soient appliqués des mesures pour atténuer le risque de transmission du Covid-19, ajoute-t-elle.
De façon générale, l’OMS invite les pays à considérer les autorités sanitaires nationales comme la principale source d’informations et de conseils sur la distanciation physique et les autres mesures visant à enrayer le Covid-19 dans le contexte du Ramadan.
De plus, elle appelle à une association des responsables religieux aux décisions en amont, afin qu’ils relaient activement toute décision susceptible d’affecter les événements liés au Ramadan. De toute façon, l’OMS estime qu’une solide stratégie de communication est essentielle pour expliquer aux populations les motivations des décisions des autorités.
Toujours, selon l’OMS, le mois sacré du Ramadan est marqué par des rassemblements sociaux et religieux au cours desquels les familles musulmanes et leurs amis se réunissent pour rompre le jeûne ensemble, après le coucher du soleil (l’iftar) ou juste avant l’aube (suhour). En plus, dit-elle, pendant ce mois, nombre de musulmans se rendent plus fréquemment à la mosquée et se réunissent pour de longues prières. Sur ce, elle rappelle que le contact étroit entre les personnes facilite la transmission du coronavirus qui se propage «par des gouttelettes respiratoires et par contact avec des surfaces contaminées ».
LES MALADES DU COVID-19 NE DEVRAIENT PAS JEUNER
Par ailleurs, d’après l’OMS, à ce stade, aucune étude n’a été réalisée sur le jeûne et le risque d’infection par le virus du Covid-19. «Si les personnes en bonne santé doivent pouvoir jeûner pendant ce Ramadan, comme les années précédentes, les patients atteints de Covid-19 devraient toutefois envisager de ne pas le faire. Ils doivent suivre les dérogations prévues par la religion, en concertation avec leur médecin, comme pour toute autre maladie », note l’OMS. Qui appelle fermement les personnes qui se sentent mal ou présentent des symptômes du Covid-19 à ne pas participer aux événements.
Les patients sont également invités à suivre les recommandations nationales sur le suivi et la prise en charge des cas symptomatiques. Concernant les personnes à risque, comme les personnes âgées et celles présentant une affection préexistante (par exemple, maladie cardiovasculaire, diabète, maladie respiratoire chronique ou cancer), l’OMS les prie de «ne pas se joindre aux rassemblements». Car de tels rassemblements les exposent à «développer une forme sévère du Covid-19 ou d’en mourir ». Aux Etats qui n’interdiraient pas les prières collectives, l’OMS encourage l’utilisation de tapis de prière personnels, posés sur les moquettes de sol. « Il faut afficher des conseils sur la distanciation sociale, l’hygiène des mains, l’hygiène respiratoire ainsi que les mesures de prévention». Les lieux de culte doivent être régulièrement nettoyés «avant et après chaque événement, au moyen de détergents et de désinfectants », recommande l’OMS. A l’intérieur des mosquées, il faut veiller à la propreté des lieux et des installations réservées aux ablutions, ainsi qu’aux bonnes conditions générales d’hygiène et d’assainissement. «Nettoyer régulièrement les objets qui sont touchés souvent, comme les poignées de porte, les interrupteurs et les rampes d’escalier, à l’aide de détergents et de désinfectants», ajoute l’OMS.