«MBOUR EST DANS LE TABLEAU DES DISTRICTS LES PLUS INFECTES DE LA COVID-19»
Entretien exclusif avec le médecin-chef de district Dr Jean –Jacques Malomar

2 mars 2020/2 mars 2021. Le Sénégal vit depuis un an avec le coronavirus. Le district sanitaire de Mbour a enregistré son premier deux semaines après l’apparition de ce cas zéro. Du 16 mars 2020 au 2 mars 2021, 661 cas de coronavirus y ont été recensés dont 7 importés. Ces cas ont été relevés sur 3107 prélèvements. Ce qui fait un taux de prévalence de 21,27%. Pour 18 décès déplorés, le taux de létalité est de 2, 72%. Lors d’une rencontre de prise de contact avec la presse en début de mois, Dr Jean –Jacques Malomar, Médecin – Chef de district, a fait le point sur l’évolution de la pandémie dans le district depuis bientôt un an. Entretien.
Le Témoin : Dr Malomar le district sanitaire que vous avez l’honneur de diriger figure dans le peloton de tête des districts les plus infectés par le Covid -19 au niveau national. Nouvellement affecté, vous n’avez pas fait plus de quatre mois à la tête du district mais vous vivez cette réalité. Aujourd’hui, le Sénégal vient de faire un an de lutte contre la pandémie depuis le premier cas enregistré le 2 mars 2020. Pouvez-vous faire le point dans votre district justement ?
Dr Jean –Jacques Malomar : Le premier cas dans le district remonte au 16 mars 2020. Depuis, nous sommes à 3107 prélèvements effectués dont 661 sont revenus positifs. Parmi ces cas, il y a eu 7 cas importés et le reste étant réparti entre les cas communautaires et les cas contacts. Parmi ces 661 personnes infectées, il y a eu 18 décès que nous déplorons et nous en profitons pour présenter nos condoléances aux familles éplorées. Ce qu’il faut globalement préciser, c’est qu’actuellement nous avons deux créneaux. Il y a des patients ou des personnes qui appellent directement au niveau des plateformes dédiées, notamment les services d’intervention. Et il y a le système de santé qui, à travers ses activités de base au niveau des postes de santé, des cliniques, des cabinets et autres, détecte les cas et nous les envoie pour un prélèvement. Ou alors, il y a à côté un dispositif parallèle qui porte sur les voyageurs sortants : tout individu candidat au voyage pour certains pays qui doit forcément présenter un test négatif. C’est de ce point de vue qu’on a pu sérier les malades pour lesquels nous recevons des résultats et il est clair que la part des voyageurs sortants dépasse largement les 70% des cas de malades soit testés à domicile ou testés dans les structures de santé pour une symptomatologie bien précise ayant conduit à un respect de la définition de cas suspects. Et ayant aussi autorisé ou déclenché l’éligibilité au prélèvement.
Le Témoin : Comment se passe la prise en charge ?
Dr Jean –Jacques Malomar : Globalement, nous avons trois mécanismes. Le premier consiste à l’isolement après suspicion de la Covid-19. Cela veut dire que l’individu vient, on monitore, on fait le screening. Si les signes sont en faveur de la Covid, au moins dans les structures de santé, le patient est mis dans un service dédié et testé. En attendant les résultats, il y bénéficie d’une prise en charge symptomatique et d’une gestion en attendant l’arrivée du résultat. Après le test revenu positif, il faut évaluer ; les médecins chargés de la prise en charge complètent l’examen clinique, les informations liées à la maladie et ils classent pour déterminer s’il s’agit d’un cas simple asymptomatique ou avec peu de signes ou alors, si c’est un cas qui est grave pour lequel il y a un besoin de prise en charge. Et conformément à cette classification, on décide si les conditions sont réunies pour une prise en charge à domicile pour les cas simples ou à peu symptomatiques. Et pour ça, il faut disposer au moins d’un environnement dédié qui doit être personnel et pouvoir réduire au grand maximum les contacts avec les autres membres de la famille pour éviter la propagation de la maladie. Par contre, si nous sommes devant un cas grave, nous avons une plateforme dans laquelle nous saisissons les informations portant sur le malade et ensuite, les signes ou les raisons pour lesquels il a été classé comme malade grave. Et c’est à travers le Samu que l’on procède à la ventilation de ces malades, à la régulation vers les services dédiés. Et une fois la place obtenue, nous nous occupons du transport du malade jusqu’au site de prise en charge. Maintenant, il y a un traitement symptomatique et parfois, un traitement spécifique en fonction des problèmes que présentent les malades. Mais l’un dans l’autre, il n’y a que deux issues possibles : soit c’est la guérison qui doit être confirmée par un test négatif ou alors, c’est ce que nous craignons, nous redoutons le plus et que nous regrettons souvent, c’est la perte de malades. Mais c’est une chose qui est très rare si vous voyez que pour le district de Mbour, nous sommes à moins d’un 1% de taux de létalité. Nous avons actuellement 439 malades guéris et des perdus de vue ; c’est-à-dire des personnes malades qui n’ont pas été prises en charge et qui sont au nombre de 11. Et pour les décès, nous sommes à 18. Donc actuellement, nous sommes à 202 malades qui sont suivis dont 5 au niveau des CTE et 197 à domicile.
Le Témoin : Docteur, pouvez –vous nous faire la cartographie des cas à Mbour ?
Dr Jean –Jacques Malomar : Une stratification avait été faite il y a trois semaines et nous n’avons pas encore terminé le rapport annuel conséquent. Et nous avons sélectionné les cinq premières communes les plus touchées avec Mbour qui vient en tête avec 83 cas, suivi de Saly (67), Ngaparou (13), Somone (9), Malicounda (6), Nguékokh (3) ; Mballing (1) et Sindia (1). Les autres cas nous proviennent de la zone de Thiadiaye notamment Ndiaganiao, Djilor. Il y a aussi les cas qui nous sont parvenus de Foundiougne et d’autres de Ngor et Palmarin. C’est globalement la cartographie des cas mais je précise qu’elle date de plus de trois semaines.