PREVALENCE DE L’EPILEPSIE AU SENEGAL, 300 000 PERSONNES SOUFFRENT DE CETTE MALADIE
Face à la presse à la presse hier pour célébrer la journée mondiale de l’épilepsie, la LSE a révélé que 300.000 personnes souffrent de cette maladie au Sénégal.

Grosse révélation de la Ligue Sénégalaise contre l’Epilepsie (LSE). Face à la presse à la presse hier pour célébrer la journée mondiale de l’épilepsie, la LSE a révélé que 300.000 personnes souffrent de cette maladie au Sénégal.
Considérée comme une maladie chronique, l’épilepsie est un dérèglement du cerveau dû à des crises dont certaines, comme les convulsions, sont connues. Le neuropédiatre Pr Abdoulaye Ndiaye, par ailleurs président de la Ligue Sénégalaise contre l’épilepsie (LES) est revenu sur cette maladie qui constitue la première pathologie neurologique de l’enfant. «Actuellement au Sénégal, les épileptiques sont estimés à environ 300 000 dont une grande majorité d’enfants. Ces chiffres sont minimes car il y a beaucoup de personnes qui souffrent d’épilepsie et qui ne viennent pas dans les structures sanitaires, préférant la médecine traditionnelle même s’il y a des avancées grâce au travail de la ligue», indique-t-il.
Poursuivant son propos, il affirme : «Au-delà des crises, ce qui est le plus important pour nous, c’est le retentissement de la maladie sur le vécu quotidien parce que les enfants épileptiques sont souvent sujets à des troubles cognitifs et à des difficultés d’apprentissage. L’autre problème, ce sont les troubles du comportement. Les enfants épileptiques peuvent développer des comportements qui peuvent être subtiles», dit-il.
A l’en croire, pendant longtemps, l’épilepsie était perçue comme une affection surnaturelle alors que c’est dû à un dysfonctionnement du cerveau. «Il faut dire que malgré le fait qu’un certain nombre de médicaments dits de dernière génération, selon Pr Ndiaye, ne sont pas présents dans notre pays, fondamentalement en terme de prise en charge médicale, le Sénégal n’a rien à envier aux pays les plus développés en terme de résultats, parce que nous avons la chance d’avoir les médicaments dits essentiels qui permettent de gérer l’épilepsie et d’arriver à des taux de guérison ou de stabilisation qui tournent autour de 80%. «La seule thérapeutique qui n’existe pas au Sénégal est la chirurgie de l’épilepsie. Il y a 20% pour lesquels les médicaments n’arrivent pas à soigner la maladie et parmi ces 20%, un certain nombre est candidat à la chirurgie et elle n’existe pas pour le moment. C’est encore balbutiant en Afrique ; il n’y a que l’Afrique du Sud et les pays du Maghreb qui en disposent et même dans les pays développés, ce sont des rendez-vous de plus d’un an. C’est une chirurgie hyper spécialisée et elle implique la mobilisation d’énormes ressources humaines et matérielles », précise l’homme de l’art.
«RIEN NE PEUT JUSTIFIER QUE DES MEDICAMENTS ESSENTIELS A LA SANTE DES PERSONNES MANQUENT»
Cependant, il y a des facteurs qui favorisent l’épilepsie comme les anomalies de la grossesse et de l’accouchement, les infections du cerveau, les traumatismes, les mariages consanguins, le manque de sommeil, les drogues, la méningite, le neuropaludisme et les atteintes du cerveau. «La crise d’épilepsie n’est pas mortelle. Ce qui potentiellement expose la personne épileptique, c’est une crise prolongée qui dure plusieurs minutes parce que le fait que la crise dure va impacter sur les fonctions cardiorespiratoires et cela perturbe l’organisme qui peut mener à des décès. C‘est pourquoi c’est une urgence absolue », met en garde Pr Ndiaye.
Considérée comme une maladie qui touche beaucoup plus les enfants, l’épilepsie touche aussi les adultes de tous âges. «Nous constatons depuis 3 ans des ruptures fréquentes de médicaments avec parfois des conséquences dramatiques. C’est un combat qui va au-delà des professionnels de la santé. Rien ne peut justifier ou légitimer que des médicaments essentiels à la santé des personnes manquent. Vous faites le tour des pharmacies, on vous dira que le gardénal manque alors que c’est le médicament antiépileptique le plus accessible. C’est le médicament que 80% des familles peuvent acheter parce que les autres médicaments sont beaucoup plus chers. Il ne faut pas oublier que c’est une maladie chronique et il faut le prendre au minimum durant 3 ans et dans certains cas, c’est toute la vie », se désole-t-il.