THIERNO DIENG DEVOILE LES CHIFFRES ALARMANTS
Les résultats de ces études sont particulièrement alarmants puisque le cumul hebdomadaire fait état de plus de 1500 cas chez les personnes âgées de 60 ans et plus.

Le statisticien Thierno Dieng a publié une étude sur l’évolution de la répartition par âge des contaminations de la Covid-19 au Sénégal. Les résultats de ces études sont particulièrement alarmants puisque le cumul hebdomadaire fait état de plus de 1500 cas chez les personnes âgées de 60 ans et plus.
La situation épidémiologique de la seconde vague de Covid-19 est plus que préoccupante. Si l’on se réfère aux résultats de l’étude menée par le Pr Thierno Dieng sur l’évolution par âge des contaminations de Covid-19 au Sénégal.
Selon le statisticien, avec l’avènement de la seconde vague, on a remarqué «une nette augmentation de la contamination parmi les personnes âgées de 60 ans et plus, avec plus de 1500 cas en cumul hebdomadaire». Une tendance qui, à l’en croire, s’est maintenue jusqu’à la fin du mois de décembre 2020. «Pis, cette nouvelle vague a vu s’opérer un basculement qui a changé le visage de l’épidémie. Dans la mesure où pour la première fois, les personnes âgées ont été plus nombreuses parmi les cas symptomatiques, notamment chez les hommes», indique le statisticien. Il estime que cette nouvelle tendance se maintient, semaine après semaine, avec un léger élargissement de l’écart entre les plus âgés et les plus jeunes en termes de contamination chez les jeunes.
Faisant une étude comparative avec l’Europe, le spécialiste en démographie et en santé publique renseigne que la situation épidémiologique au Sénégal ressemble de plus en plus à celle du vieux continent dont la population âgée est la plus exposée à l’infection. Chiffres à l’appui, il informe que le nombre de décès a commencé à augmenter de manière significative à partir de la semaine du 7 au 13 décembre, allant jusqu’au 17 janvier 2021, où 57 décès enregistrés ont été enregistrés. Faisant un bref rappel de la première vague avec son lot de décès, le statisticien affirme qu’entre le 29 juin et le 5 juillet 2020, 28 décès ont été enregistrés. «Ce fût le grand cumul de décès hebdomadaires pendant la première phase de l’épidémie», souligne-t-il. Il précise en effet que c’est la seule fois où le nombre hebdomadaire de décès a dépassé la barre des 25. Malheureusement, relève-t-il, la semaine du 21 au 27 décembre a vu les cumuls hebdomadaires de décès augmenter de façon dramatique, passant de 34 à 57 tous les 7 jours.
LES RASSEMBLEMENTS RELIGIEUX, FAMILIAUX, PRIERES DANS LES MOSQUEES, TRAITEMENT A DOMICILE ?
Évoquant les causes de l’augmentation des cas de décès, le statisticien s’est abstenu de citer la surcharge des services de réanimation, le retard de consultation et la stigmatisation. A l’en croire, «il a été compté en moyenne 52 cas graves entre le 10 et le 16 août 2020 etil y a eu 20 décès pendant cette période. Par contre, entre le 11 et le 17 janvier 2021, il y a eu en moyenne 37 cas graves, alors que le nombre de décès est passé à 57.Donc actuellement, il y a bien plus de décès qu’auparavant, alors que les cas graves sont moins nombreux». Ce qui démonte totalement la thèse liée à la surcharge des services de réanimation. A propos du retard de consultation, le spécialiste en santé publique rappelle que ce n’est pas un phénomène nouveau au Sénégal et rien ne dit qu’il s’est accentué.Itou pour la stigmatisation qui semblerait même régresser chez le Sénégalais. Il estime également que l’apparition d’une souche plus virulente du virus ne peut être la cause de la hausse du nombre de cas de décès. «La forte diffusion de la maladie parmi les personnes âgées est la raison la plus plausible pour expliquer la survenue de ces nombreux cas de décès. En réalité, c’est le seul fait nouveau, car tous les autres facteurs ont existé longtemps avant cette flambée macabre», analyse le Pr Thierno Dieng.
Par conséquent, il recommande de chercher les raisons parmi les sources de contamination les plus probables, sans a priori ; sachant qu’il s’agit des hommes âgés. «Ces sources seraient les rassemblements religieux, familiaux, les prières dans les mosquées, ainsi que le traitement à domicile», souligne le statisticien.