VA-T-ON VERS UNE SITUATION INCONTROLEE AVEC LA FIN DE L’ETAT DE CATASTROPHE SANITAIRE ?
La circulation du virus est plus que jamais active dans la région de Thiès qui occupe toujours la seconde place nationale en termes de nombre de contaminations

La région de Thiès reste une zone de forte circulation du virus, ce qui la hisse à la seconde place à l’échelle nationale. Au cours de cette semaine, la région concentre les 103 des 234 cas communautaires enregistrés dans les régions autres que Dakar. Avec la fin de l’état de catastrophe sanitaire, certains redoutent une flambée de cas. Une perspective balayée d’un revers de main par Mamadou Badara Seck, docteur en pharmacie à Thiès.
La circulation du virus est plus que jamais active dans la région de Thiès qui occupe toujours la seconde place nationale en termes de nombre de contaminations. Les statistiques attestent qu’au cours des 6 derniers jours, les 103 des 234 cas communautaires enregistrés dans les régions autres que Dakar, sont recensés dans la région, dont 47 dans la ville de Thiès. Une situation préoccupante, d’autant que la fin de l’état de catastrophe sanitaire est déclarée pour le 19 mars 2021 à minuit, par le président de la République.
Va-t-on vers une situation incontrôlée, avec la fin de l’état de catastrophe sanitaire ? Mamadou Badara Seck, docteur en pharmacie, répond par la négative. Il considère que la mesure de levée de la situation de catastrophe sanitaire procède d’une décision judicieuse pour plusieurs raisons.
D’abord, parce que le pays a déjà atteint le pic. «Tout le monde sait qu’on a affaire à un virus saisonnier, qui est plus actif quand il fait frais. On est au mois de mars et certainement dans les semaines à venir, la température augmentant, le virus sera moins actif. Du coup, le nombre de cas va diminuer ainsi que le nombre de décès. La deuxième raison est qu’on n’est pas loin de l’immunité collective. Avec les moyens de transport, les marchés, etc., je peux objectivement affirmer que le virus a bien pénétré la population. Donc le virus a bien circulé et intensément circulé dans ce pays. C’est pourquoi, si l’immunité collective n’est pas atteinte, on n’est pas loin de cet objectif. Le charme de cette malade est que non seulement elle est sournoise, mais surtout que c’est le virus qui va nous donner la maladie, mais aussi lui qui va nous en protéger. La population est largement en contact avec le virus et elle le sera davantage avec cette vaccination», explique Mamadou Badara Seck.
Pour lui, la déclaration de fin de la situation de catastrophe sanitaire est une très bonne chose. Et il préconise de mettre fin à toutes les restrictions. «Cependant, il ne faut jamais baisser la garde, il faut continuer à respecter toutes les mesures édictées par les professionnels de la santé», dit-il. Il invite les populations à éviter systématiquement de toucher le visage avec les mains. «Même les personnes âgées doivent se laver les mains avec de l’eau et du savon avant de faire leurs ablutions», indique Mamadou Badara Seck. Il souligne qu’en ce qui concerne la vaccination, si on n’y prend garde, on risque d’avoir des résultats qui ne seront pas à l’aune des espérances. C’est parce que la situation sociopolitique a pratiquement fait oublier cette période importante de vaccination. Il s’y ajoute une certaine réticence des populations par rapport à cette vaccination. D’où la nécessité, d’après lui, de mener une bonne sensibilisation, sur la base d’une approche communautaire, surtout au niveau des personnes à risque, et toutes les personnes vivant avec une comorbidité quel que soit son âge, pour les informer et les convaincre.
En plus de la sensibilisation, il urge également de privilégier une campagne de vaccination itinérante pour aller trouver les cibles là où elles sont et les vacciner. Il s’agit d’aller dans les quartiers, les mosquées, les dahiras, les associations de femmes pour les conscientiser et les vacciner. Cependant, il a noté la difficulté liée à la dernière situation insurrectionnelle, qui induit une instabilité sociale et qui pour lui, n’est pas la bonne chose car rendant la population plus vulnérable à la COVID-19.
En définitive, dit-il, il faut aller au-delà de la levée de la situation de catastrophe sanitaire, en supprimant toutes les restrictions et permettre ainsi aux gens d’aller travailler car la période la plus difficile semble être dépassée. Par rapport à la vaccination, il faudrait privilégier une approche plus novatrice en termes de sensibilisation.