AUPRÈS DES PASSAGERS DU DIAMBOGNE
C’est dans la joie que le premier bateau du Consortium sénégalais d’activités maritimes (Cosama) a pu quitter le port de Dakar mardi soir à 20 heures à destination de la Casamance, rétablissant ainsi la ligne maritime qui avait été stoppée en mars

Devant l’entrée de la gare maritime de Dakar, des groupes de gens sont assis à plus d’un mètre les uns des autres ; mesures sanitaires obligent. Ils patientent. L’atmosphère est calme et détendue. On entend des rires par-ci et par-là. Des enfants jouent. Certaines personnes tuent le temps en lisant, d’autres somnolent, discutent ou pianotent sur leur téléphone portable. Soudain une légère brise iodée salvatrice vient rafraîchir les badauds rappelant que la mer n’est qu’à quelques mètres. Car, devant la gare entourée de bâtiments industriels, avec le tumulte de la ville dans le fond et les hauts buildings de la capitale se dessinant au loin, on oublierait presque la proximité de la mer. Comme répondant à l’appel du large, les passagers sont venus en nombre en ce jour de reprise de la liaison maritime entre Dakar et Ziguinchor. « Nous avons accueilli la reprise de la liaison avec une grande joie », dit Lica, mère de famille se rendant avec ses trois enfants en vacances en Casamance. « C’est une fierté de pouvoir se rendre en Casamance et de voir que la compagnie est dirigée par des gens compétents », déclare la jeune mère, en se félicitant des mesures de protection sanitaire prises par le Consortium sénégalais d’activités maritimes (Cosama). En effet, toutes les mesures sanitaires, que l’on peut qualifier maintenant de traditionnelles, ont été mises en place.
Impact de la Covid-19 sur les activités de la Cosama
Avant même d’entrer dans la gare, on remarque les innombrable lave-mains, marquage au sol et panneaux de rappel des gestes barrières, symboles de la société « d’après » Covid-19. « Nous avons identifié les sites au sein de la gare qui concentrent beaucoup de personnes avant d’embarquer. […] Dans ces différents sites, nous avons mis en place tout le dispositif sanitaire nécessaire. En collaboration avec le port, il est même à l’étude l’éventuelle installation d’un tunnel de désinfection », confie Abdou Salam Kane, Directeur d’exploitation du Cosama. « À bord, les mêmes mesures qu’à terre sont appliquées. […] À l’intérieur du cargo, il y a assez d’espace pour se mettre à l’aise et garder les distances de sécurité. En plus, le port du masque est obligatoire. Avec un médecin de bord et une infirmerie, nous gardons une cabine d’isolement en cas de suspicion ou un cas avéré », rassure-t-il. La pandémie a durement touché le secteur. Une partie du personnelle a dû être mis en chômage technique. L’autre, s’occupant de l’activité de fret, a été maintenue, commente M. Kane. « Aucun agent n’a été licencié et, durant la plus grande partie de la période de réduction des activités, la totalité des salaires a été payée au personnel », précise-t-il. À l’intérieur de la gare, l’ambiance est calme. Tout le monde vaque à ses occupations dans la plus grande sérénité. « Vous verrez plus tard, fait remarquer un employé. Ça sera beaucoup plus agité.» Le personnel, bien que courtois et accueillant, se montre ferme sur le respect des mesures de protection. Ici pas de place à l’oisiveté.
Derniers préparatifs avant le grand départ
Devant le bâtiment principal, le Diambogne mouille fièrement. Le navire, long de 76 mètres, peut accueillir jusqu’à 490 passagers. Premier bateau remis en fonction, il permettra de tester l’efficacité des mesures et éventuellement, dans un second temps, réhabiliter l’ensemble de la flotte. À l’intérieur du bateau, la chaleur se fait moins forte. La calle est déjà bien remplie. On y trouve notamment un camion-grue, des véhicules de tourisme ou des cargaisons de produits de toutes sortes. Le tout mêlé à une odeur mécanique due aux vapeurs remontant de la salle des machines située à l’étage inférieur. Les cabines qui attendent les passagers se veulent simple, mais intimistes et cosy. Pendant ce temps, le Commandant du navire, M. Sarr, au poste de commandement, briefe son équipage. Tout sourire, il ne cache pas sa joie de reprendre du service. « L’arrêt n’as pas été facile pour les passagers et pour l’équipage ; donc c’est un plaisir de reprendre.» De retour à terre, le hall de la zone fret s’ouvre face aux quais présentant les innombrables marchandises en attente d’embarquer. Produits agricoles, café, chips, meubles, électroménager, colis de tout genre. « C’est une véritable caserne d’Ali baba », fait remarquer un passager venu déposer ses bagages avant de faire son check-in. Dans le bâtiment principal, l’ambiance est au beau fixe. Toutefois, l’agitation grandissante rappelle que l’heure du départ approche. Devant le poste de sécurité, Yvonne patiente, l’air inquiet. « C’est la première fois que je prends le bateau », confie-t-elle. « Je suis un peu stressée. J’ai peur d’avoir le mal de mer », avoue la mère de famille se rendant en Casamance pour les vacances. Interrogé devant le hall de fret, le propriétaire du camion-grue déjà embarqué fait part de son sentiment de grand bonheur quant au rétablissement de la ligne, car la route est une véritable souffrance pour lui et son camion. « La sécurité ferme les portes d’entrée à la gare maritime à 19 heures, explique M. Kane. Puis le personnel embarque les passagers, termine les derniers préparatifs et, à 20 heures, le bateau pourra partir pour plus de 10 heures sans escale jusqu’à sa destination.»