CANDIDATES À L’ACHAT DE VOITURES, PLUSIEURS PERSONNES SOUTIENNENT AVOIR ÉTÉ «ESCROQUÉES» PAR «LE PARTENAIRE»
Les arnaques liées au secteur de l’automobile sont légion au Sénégal. Plusieurs victimes naïves sont hélas tombées dans le panneau et ont ainsi versé plusieurs millions de francs CFA à des escrocs sans jamais voir la couleur du véhicule commandé.

Plusieurs personnes auraient été escroquées par « Le Partenaire », une société de vente de véhicules dont le siège est aux Almadies. La société s’était engagée à leur vendre des véhicules après avoir encaissé leur argent depuis plusieurs mois. Le Témoin a enquêté...
Les arnaques liées au secteur de l’automobile sont légion au Sénégal. Plusieurs victimes naïves sont hélas tombées dans le panneau et ont ainsi versé plusieurs millions de francs CFA à des escrocs sans jamais voir la couleur du véhicule commandé. C’est le cas d’une cinquantaine de personnes qui aurait commandé des véhicules chez « Le Partenaire », une société de vente de véhicules dont le siège est aux Almadies. Tout a commencé quand ces victimes ont vu des affiches proposant la vente de véhicules à travers des payements par tranches. Une aubaine et une belle offre que beaucoup de nos compatriotes ont voulu saisir pour avoir un vé- hicule. Ils prennent ainsi contact, chacun en ce qui le concerne, avec cette société dont le président directeur général est un certain M. Balla Beye. Celui-ci est assisté de sa sœur, Astou Bèye, par ailleurs Directrice générale de ladite société de concession.
Mme Diallo est parmi la dizaine de clients floués. « Quand j’ai vu leur annonce, je suis allée les rencontrer à leur siège aux Almadies Zone 12. Sur place, j’ai commandé une voiture de marque Hyundai Elantra 2013. Ils m’ont dit qu’elle coûte 7 millions. J’ai accepté. Ils m’ont demandé de déposer un acompte d’un million cinq cent mille francs. Je leur ai envoyé 2 millions par Wave. C’était le 8 octobre 2021. Et ils s’étaient engagés à me remettre le véhicule le 20 octobre 2021. Sur les affiches, ils ont d’ailleurs mis des modes paiement de choix entre 14 mois, 24 mois voire 48 mois. Je m’étais engagé à payer sur 14 mois, le jour de la ré- ception où on devait signer un contrat d’engagement pour le payement du reliquat pour une période de quatorze mois. Depuis la date convenue, le 20 octobre précisément, je me suis déplacée à maintes reprises dans leurs locaux. Et plutôt que de me remettre mon véhicules, les responsables de la société ne me racontaient que des bobards. Pire, la directrice générale et par ailleurs sœur du PDG me parlait sur un ton sévère, menaçant et irrévérencieux. Son frère, lui, ne voulait même plus me prendre au téléphone. Une semaine après la date supposée de remise du véhicule, ils m’ont donné rendez-vous chez un huissier du nom de Madame Ngone Fall à Rufisque. Une fois dans le cabinet de l’huissier, la dame a mis son cachet et tout sur l’attestation. Il était bien mentionné sur celle-ci que le véhicule devait être remis au client le 20 octobre 2021 après sa mutation et son achat. Après plusieurs appels, Balla Bèye m’a demandé de patienter pendant 15 jours. J’ai pris la peine d’attendre 20 jours. Quand j’ai appelé le PDG, 20 jours après, c’est sa sœur qui me répond d’une manière désagréable et indisciplinée », narre Mme Diallo, une agent du Prodac. Selon elle, c’est finalement un ami de M. Balla Bèye du nom de Serigne Habib qui l’a appelée pour l’implorer de patienter encore une semaine. Au terme du délai demandé, le Pdg l’aurait appelée pour lui donner rendez-vous aux Parcelles Assainies sur la route menant au commissariat de police. Elle raconte : « Ils ont fait semblant de remettre à une personne un véhicule. Ils l’ont fait monter et pris des vidéos avant de lui demander de garer le véhicule. Après quoi, ils ont récupéré la clé et ont demandé à la personne d’attendre la prochaine fois... Quant à moi, ils m’ont montré un autre véhicule. Je leur ai dit que j’ai commandé un Hyundai Elantra 2013. M. Bèye m’a fait croire qu’il est au Port. Je lui ai demandé de me montrer les papiers. Il m’ dit qu’il ne les a pas avec lui. Je suis ainsi rentrée bredouille... »
M. DIALLO CLIENTE « Je leur ai remis une avance de 2 millions et je devais recevoir mon véhicule depuis le 20 octobre... »
Le lundi 13 décembre passé, Mariama Diallo dit être retournée aux Almadies Zone 12 le lundi 13 décembre passé mais, n’a pu disposer de son véhicule. Elle confie avoir trouvé la dame Astou Beye sur place, son frère étant absent des lieux. La Dg aurait appelé son frère qui aurait demandé à la cliente de rester chez elle jusqu’à ce qu’on la rappelle. Deux jours après, le mercredi 15 décembre pré- cisément, Le PDG Balla Bèye l’a jointe au téléphone pour lui donner rendez-vous sur les deux voies de Liberté 6. Sur place, il la met en rapport avec une personne qui était à l’intérieur d’une voiture. Après avoir pris place dans la voiture, Mariama Diallo dit avoir demandé au chauffeur si le sieur Balla Bèye était le propriétaire du parking qu’il voudrait lui faire visiter à Sacré Cœur. « Il m’a révélé que M. Bèye lui a fait savoir que c’est une de ses sœurs qui a besoin d’un véhicule Elantra 2013. Je lui ai dit que ce n’est pas vrai. Je lui explique la situation, il l’appelle et met le télé- phone en mode haut-parleur. Le mec l’engueule, le raisonne avant de raccrocher son téléphone. J’ai aussitôt demandé à descendre du véhicule avant de remercier le monsieur. J’ai après contacté un ami commissaire de police qui m’a conseillé d’aller voir un huissier. Ce que j’ai fait le vendredi 15 décembre 2021. L’huissier en question a été surpris quand il a vu le cachet et signature de sa collègue de Rufisque. Il a même appelé quelqu’un pour lui dire qu’il a, à maintes reprises, conseillé à sa collègue de ne pas entrer dans ce genre d’affaires. L’huissier que j’ai pris n’a pas manqué de faire son travail. Une mise en demeure a été servie à M. Balla Beye et son entreprise. Ils ont refusé de prendre le document », révèle encore M. Diallo qui confie avoir après déposé une plainte à la Division des investigations criminelles (DIC) contre Balla Beye, Astou Beye et l’entreprise « Le Partenaire ». « Sur place, j’ai rencontré une fille du nom de A. T qui venait elle aussi pour déposer une plainte contre ces mêmes personnes et pour le même cas... », raconte M. Diallo. Selon elle, tout ce beau monde est convoqué ce jeudi 22 décembre à 10 heures à la DIC dans le cadre de cette affaire qui concernerait plusieurs personnes qui auraient d’ailleurs déjà versé plus de 80 millions en guise d’avance.
A. T, CLIENTE « J’ai commandé un vé- hicule de 4 millions et j’ai donné une avance de plus d’un million mais rien depuis lors »
A.T est l’une des victimes de cette « arnaque ». Elle confie avoir contacté la société « Le Partenaire » en octobre dernier. « Je devais recevoir mon véhicule de marque Ford qui devait me revenir à 4 millions cinq cent mille francs. J’ai donné une avance d’un million. Je suis restée un bon moment sans voir l’ombre d’un véhicule. Quand la dame Astou Bèye m’a dit que le véhicule était disponible, je lui ai demandé de m’envoyer les photos. En vain. Je lui ai aussi demandé où il était. Elle m’a dit au Sénégal. Finalement, elle me sert une autre histoire disant que la voiture n’est pas encore sur place. Quand j’en ai eu marre de leur dilatoire, j’ai demandé à récupérer mes fonds. Le processus ressemble à de l’escroquerie parce qu’au début, à chaque fois qu’on les appelait, on les avait au téléphone. Mais depuis rien. Ils ne sont pas du tout corrects dans leur manière de parler. Ils refusent de me restituer mon argent depuis lors... », confesse-t-elle au reporter du Témoin.
ASTOU BEYE, DG « LE PARTENAIRE » « Il n’y a jamais eu d’escroquerie »
Son frère et Président directeur général étant injoignable, nous nous sommes tournés vers Astou Beye, la directrice gé- nérale, pour recueillir la version de « Le Partenaire » dans cette affaire d’escroquerie à l’achat de véhicules. « Il n’y a jamais eu d’escroquerie ou de tentative d’escroquerie. Mme A. T s’est désistée au moment où elle devait recevoir son véhicule. On va lui restituer son argent... Mariama Diallo, quant à elle, a validé son véhicule. Elle voulait qu’on le lui donne sans mutation pour qu’elle l’amène à Kolda, mais nous avons refusé parce qu’il faudra d’abord qu’on mette le véhicule sous gages. Le véhicule n’est pas encore muté. La personne dont parle M. Diallo nous avait demandé d’amener sa voiture avec lui pour quelques jours, nous avons accepté. Mais il l’a ramenée deux jours après. On a eu des retards par rapport à nos banques et nous le reconnaissons. Ils peuvent venir récupérer leur argent. Il n’y a pas d’abus de confiance. Il n’y a pas de problème... », s’est défendue au télé- phone Mme Astou Beye. On espère qu’elle saura convaincre ses clients...