CES FACTEURS QUI PORTENT ATTEINTE A L’EFFICACITE DU MOUVEMENT SYNDICAL ENSEIGNANT
La fragmentation du mouvement syndical dans le secteur de l’éducation a porté un sérieux coup à l’efficacité de l’action syndicale, avec des rivalités internes, la surenchère dans les luttes revendicatives, etc.

La fragmentation du mouvement syndical dans le secteur de l’éducation a porté un sérieux coup à l’efficacité de l’action syndicale, avec des rivalités internes, la surenchère dans les luttes revendicatives, etc. Et ce, contrairement aux années 80, avec le bloc homogène autour de la fameuse grève du Syndicat Unique des Enseignants du Sénégal (SUDES) du 13 mai 1980 et qui avait secoué la République. C’est pour réunifier l’action syndicale dans le système que des syndicats se sont retrouvés autour de l’Union syndicale pour une éducation de qualité (USEQ).
Au Sénégal, la fragmentation du mouvement syndical, notamment dans le secteur de l’éducation, porte un sacré coup à l’efficacité de l’action syndicale. C’est dire que «le mouvement syndical enseignant d’aujourd’hui est confronté à d’énormes problèmes comme la division profonde, les rivalités, la surenchère dans les luttes revendicatives, et tout cela au détriment de l’école publique ». Ce cliché est loin de celui des années 80, avec un mouvement fort autour du Syndicat Unique des Enseignants du Sénégal (SUDES), qui regroupait alors la majorité des enseignants, du préscolaire au supérieur. Et tout le monde se rappelle la grève d’avertissement de 24 heures du 13 mai 1980, qui avait surpris non seulement le gouvernement de l’époque, mais aussi l’opinion nationale par son niveau d’organisation. Pris de panique, le gouvernement d’alors s’était empêtré d’abord dans une logique de sanctions contre les grévistes (suspension, révocation, affectations d’office, etc.), ce qui n’avait en aucun cas faibli la détermination du syndicat. C’est d’ailleurs cette posture syndicale qui avait poussé le Président Abdou Diouf, le 12 mars 1981, à prendre la décision de lever toutes les sanctions frappant les militants du SUDES.
C’est fort de ce constant que le Syndicat Autonome des Enseignants du Supérieur (SAES), le Syndicat National des Enseignants de l’Elémentaire (SNEEL) affilié à la Confédération Nationale des Travailleurs du Sénégal (CNTS), le Syndicat Unique des Enseignants du Sénégal (SUDES), le Syndicat des Professeurs du Sénégal (SYPROS) et l’Union Démocratique des Enseignants (UDEN) se sont inscrits dans une dynamique d’unification organique du mouvement syndical enseignant. C’est ainsi qu’est née l’Union Syndicale pour une Education de Qualité (USEQ) en avril 2014.
Deux ateliers d’orientation stratégique, d’approbation et de partage du processus ont été tenus en août et novembre de la même année. Ils ont ouvert le chantier de la réflexion et de l’action pour l’engagement sur le chemin de l’unité. Ce qui a permis d’identifier, entre autres, les enjeux et les défis de l’époque, les atouts, les contraintes ainsi que les stratégies et les différentes étapes d’un tel processus.
Et chemin faisant, l’USEQ s’est dotée d’une charte des principes, d’un projet de statuts et s’en enrichi d’un nouveau membre avec l’adhésion du Syndicat des Enseignants Libres du Sénégal (SELS). C’est dans cette continuité que se tient à Thiès une rencontre de deux jours, pour revisiter le chemin parcouru, identifier les avancées, les contraintes, mais aussi les nouvelles stratégies aptes à porter le processus et de renouveler l’engagement des différentes parties prenantes.
La rencontre sera marquée par l’élaboration d’un document d’orientation et de stratégies largement partagé par les acteurs, pour servir de bréviaire à l’action, dans le processus d’unification. Il s’y ajoute l’identification de pistes d’action et l’établissement d’une feuille de route pour la réalisation de l’unité à la base. Selon Amadou Diaouné Coordonnateur de l’USEQ, l’objectif est d’œuvrer à la réalisation de l’unité syndicale dans le secteur de l’éducation au Sénégal. Il s’agit donc à travers cette rencontre de réfléchir davantage sur les stratégies pouvant mener à un mouvement syndical uni, fort, pour aider à la réalisation d’une école publique de qualité.
«UNE ACCUMULATION DE DEFICITS PLACE L’ECOLE PUBLIQUE AU BORD DU GOUFFRE»
Pour Amadou Diaouné, l’unité syndicale permettra de régler les problèmes de l’école publique car elle sera dans ce cas une force puissante, capable de proposer et de lutter, pour que l’Etat oriente les politiques publiques vers la réalisation des objectifs attendus par la nation. Le constat est qu’aujourd’hui, dit-il, l’école publique est au bord du gouffre à cause d’une accumulation de beaucoup de déficits, notamment celui d’enseignants. Et ce déficit est noté dans tous les ordres d’enseignement et cela n’est pas de nature à créer les conditions d’une éducation de qualité, encore moins de l’atteinte de l’objectif 4 des objectifs de développement durable (ODD). Il s’agit d’une scolarisation universelle de 10 ans et les politiques en cours dans ce domaine sont dans l’incapacité de pouvoir réaliser un tel objectif. D’où la nécessité, à ses yeux, de réorienter la politique éducative en investissant plus et en recrutant beaucoup d’enseignants.
Evoquant la problématique de la crise cyclique qui secoue le système, il affirme qu’il y a régulièrement des rencontres entre l’Etat et les syndicats d’enseignants. Et à la suite des accords, un monotoring est établi et dont le suivi est assuré par l’Etat et les syndicats. Pourquoi donc il y a blocage quelque part ? Se demande-t-il, avant de répondre lui-même en ces termes : « c’est parce qu’on se rend compte que les engagements qui sont pris par le gouvernement, avec des échéances prévues, ne sont jamais respectées. La conséquence est que les points d’accord à réaliser demeurent, ce qui engendre toujours des perturbations dans le système.»