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CORONAVIRUS : EN AFRIQUE DE L'OUEST, "VIVRE À DISTANCE DES AUTRES EST UN LUXE"

Distanciation sociale, quarantaine pour les cas suspects… Deux concepts incompatibles avec la culture africaine, où l’on va saluer et aider les malades

Le Monde Afrique  |   Youenn Gourlay  |   Publication 20/03/2020

Dans la cour familiale, Ousmane s’ennuie ferme. Bloqué chez lui depuis le 16 mars et la fermeture de tous les établissements scolaires ivoiriens pour trente jours, le jeune homme semble paralysé par la menace du Covid-19. Il ne sort quasiment plus et dit respecter scrupuleusement toutes les mesures décrétées par le gouvernement, dont celle particulièrement difficile à tenir du maintien d’au moins un mètre entre chaque personne dans les lieux publics.

« Je fais très attention, cette maladie me fait peur. J’essaie de m’écarter des autres mais, une fois chez moi, dans la cour, c’est impossible. Le soir, on est plus de cent à vivre ici : les Compaoré, les Kouanda, les Zangré », énumère le jeune Abidjanais en pointant chacune des vingt-deux petites habitations plantées autour de cette courette. Autant de maisonnettes bien trop chaudes et trop mal aérées pour y passer la journée.

A Abidjan, la vie se passe dehors. Les lieux de rassemblement y sont nombreux et la promiscuité permanente : dans les centaines de wôrô-wôrô – les taxis collectifs –, mais aussi et surtout dans les milliers de gbaka, ces petits utilitaires convertis en bus, où les passagers s’entassent encore chaque jour pour se déplacer. Ces lieux, déjà suspectés de faire le lit des maladies très contagieuses comme la tuberculose, sont à nouveau pointés du doigt.

« Qui nous aidera à vivre ? »

Reste que ces moyens de transport, toujours bondés, sont dix fois moins chers qu’un taxi individuel. Alors comment faire ? Biata Compaoré, qui vit autour de la même cour qu’Ousmane, avoue son désarroi. « Bien obligée de les prendre pour aller chercher les marchandises au port », justifie la commerçante, consciente des risques encourus.

Mais « en Afrique, vivre à distance des autres est un luxe, analyse Francis Akindès, sociologue et professeur à l’université de Bouaké. Dans la Côte d’Ivoire urbaine d’aujourd’hui, le contact est omniprésent. « Si on ajoute qu’ici 46 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, vous pouvez imaginer combien de personnes pauvres au minimum ont ce mode de vie les uns sur les autres », ajoute le spécialiste de cette société ivoirienne qui compte quelque 25 millions d’habitants.

Au marché d’Anono à Abidjan, les commerçantes peuvent encore travailler, même si les maires de chaque commune ont désormais toute latitude pour fermer s’ils le souhaitent ces lieux essentiels à l’approvisionnement des familles. Ce qui commence à inquiéter Esther, vendeuse de téléphones, un masque sur le visage et une bouteille de gel hydroalcoolique sur l’étal. « S’ils décident de tout fermer puis de nous confiner, qui nous aidera à vivre ? Si on ne travaille pas, l’Etat ivoirien ne pourra pas nous appuyer comme en France ou en Italie, réalise-t-elle, effarée à cette idée. On n’a vraiment pas les moyens de rester à la maison, ici. »

« Tout le monde va voir le malade »

En Côte d’Ivoire, où 92 % de l’emploi est informel, c’est-à-dire sans contrat, la vie se décline au jour le jour. La fermeture de certains lieux économiques et le potentiel confinement de la population « seraient catastrophiques, selon l’anthropologue Issiaka Koné. En Afrique, on n’a pas la culture du travail à domicile, les gens ne feront plus rien. Cela va gréver le budget familial, le coût sera exorbitant pour la population ». Selon lui, ce manque à gagner pourrait même générer du « petit banditisme » si cette population déjà fragile s’appauvrit encore un peu.

Pour l’instant, dans les rues d’Abidjan, seuls quelques Ivoiriens portent un masque. « Tant que les personnes n’ont pas un proche touché par la maladie, ils n’y croient pas. Il y a une sorte d’incrédulité face au phénomène et les mesures ne sont pas respectées », développe pour sa part Francis Akindès, qui se fonde sur ses recherches faites lors de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, entre 2013 et 2016.

Plus inquiétant encore à ses yeux, quand quelqu’un est malade, « tout le monde va le voir pour lui serrer la main, pour lui souhaiter du courage et lui donner de l’argent. C’est une culture du partage, de la parole et de la compassion. Ici, la sociabilité est partout », développe le sociologue. Se confiner ou se replier sur soi-même est peu admis. Ni financièrement, ni culturellement.

« Refus du confinement »

Même pendant la crise politique de 2002 qu’a connue le pays, les Ivoiriens avaient du mal à se confiner seuls chez eux. « Les soldats étaient dans la rue et le couvre-feu entre 19 et 6 heures était globalement respecté. Mais la classe moyenne organisait des soirées le week-end. Il y avait comme un refus du confinement en tant que privation de liberté. Celui qui vit seul est très mal perçu. On dit qu’il vit “comme un Blanc”, qu’il est “humainement pauvre” », continue M. Akindès.

« Ici, on a tendance à dire que la famille est envahissante, mais on ne peut ni ne veut faire autrement », poursuit Issiaka Koné, pour qui c’est profondément culturel. « La relation entre l’individu et la communauté est une ambiguïté toute africaine : elle nous oppresse par ses principes, mais on en a besoin quand on est affligé. On souhaite la compassion, mais on en souffre quand le porte-monnaie est sollicité. »

En cas de restrictions plus sévères, les urbains risquent une nouvelle fois d’être tentés de retrouver leur famille au village, comme durant les différentes crises sociopolitiques des années 2000. « On va forcément assister à un important retour à la campagne. Le village est beaucoup plus rassurant que la ville, la sociabilité y est maîtrisée », anticipe M. Akindès. D’autant que si la saison est bonne, les villages peuvent aussi assurer une certaine stabilité alimentaire grâce à l’agriculture, quand les magasins de la ville, eux, risquent de se vider.

Aujourd’hui, avec ses neuf cas de personnes contaminées confirmés, la Côte d’Ivoire n’en est pas à un confinement total. Les cas suspects entrant sur le territoire sont théoriquement placés en quarantaine dans les 2 000 chambres prévues à cet effet. Mais les premiers isolements sont déjà mis à l’épreuve par le gouvernement ivoirien qui y a mis fin. Et si même l’Etat n’arrive pas à isoler correctement 200 à 300 personnes, certains s’inquiètent déjà pour la suite.

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