DES PISTES DE SOLUTIONS POUR UN SUIVI DES RAPPORTS DE L’IGE
Pour un meilleur suivi de ces rapports de l'Inspection générale d'Etat (Ige), le Président de Legs-Africa propose la possibilité pour les citoyens de saisir la justice ou bien permettre à l’Ofnac de recevoir les rapports de l’IGE et d’en donner suite

Le traitement souvent réservé aux dossiers de l’Inspection générale d’Etat (IGE) est sujet à équivoque. D’aucuns dénoncent une impunité des membres du gouvernement et autres agents de l’administration épinglés. Et pour un meilleur suivi de ces rapports, le Président de Legs-Africa propose la possibilité pour les citoyens de saisir la justice ou bien permettre à l’Ofnac de recevoir les rapports de l’IGE et d’en donner suite
De nombreux manquements à la règlementation ou dans l’exercice des tâches administratives ont été relevés lundi dernier, après la publication des rapports 2016, 2017, 2018 et 2019 de l’IGE. Ces violations et autres incongruités n’ont pas surpris l’opinion habituée à constater ces errements sans que rien ne soit fait concrètement pour y remédier. Joint hier au téléphone, le Président de Leadership, Ethique, Gouvernance, Stratégies pour l’Afrique (Legs-Africa) estime que l’impunité constitue un vrai problème dans ce pays et que les gens vont continuer à faire la même chose tant qu’il n’y aura pas des sanctions rigoureuses.
Selon Elimane Kane, l’initiative doit venir du président de la République à qui les rapports sont dédiés. «C’est à lui de prendre les sanctions administratives qui siéent et donner l’exemple. Comme ça, les gens vont y réfléchir à deux fois avant de faire des tortuosités », a-t-il laissé entendre. Toujours, selon Monsieur Kane, il y a des réformes à prendre d’autant que les rapports de l’IGE sont accompagnés de recommandations formulées par les inspecteurs. «Il faut les appliquer. Ce n’est pas normal qu’on revienne à chaque fois sur les mêmes recommandations faites par le passé et jamais respectées. Donc, vraiment, on attendait une action rigoureuse de la part du Président qui nomme aux postes civils et militaires. C’est lui qui a le pouvoir de sanctionner », a expliqué Elimane Kane.
Des procès pour alimenter le contrôle citoyen Poursuivant, il laisse entrevoir que l’autre type de sanction pourrait être une action pénale. «Quelqu’un comme Khalifa Sall en a fait les frais. C’est un rapport de l’IGE qui l’a épinglé. Alors pourquoi les autres rapports qui incriminent d’autres personnes n’ont pas de suites judicaires ?» s’est-il interrogé pour le déplorer. Non sans dire que ceci est une préoccupation et qu’il est de la responsabilité du Président qui donne le rapport au Procureur. Il estime aussi que le ministère public, étant aussi informé, doit pouvoir s’autosaisir. «Tant qu’il n’y a pas ces deux leviers à savoir les sanctions administratives et les sanctions pénales, les rapports ne vont servir à rien du tout. Et c’est frustrant que les vérificateurs fassent le travail, font des rapports et que rien ne s’ensuive », a-t-il soutenu.
Encore, selon lui, le citoyen, n’étant pas armé, ne peut que dénoncer, alerter. «Il faut que le citoyen ait plus de pouvoir de saisir la justice. Là, cela pourrait être un pas de plus pour avoir au moins des procès qui vont alimenter le contrôle citoyen », a-t-il exhorté. Mais pour le moment, dit-il, les organisations de la société civile n’ont pas les moyens de saisir la justice et d’avoir gain de cause. Quid de la création d’un organe chargé spécialement de faire le suivi des rapports, d’ouvrir des actions judicaires ou en réparation des erreurs commises dans l’exécution d’une tâche publique ?
Le Président de LegsAfrica, perplexe, explique : «Si le chef de l’Etat pense que ses services ne vont pas faire correctement le travail complémentaire de suivi des rapports, un tel organe aurait son sens avec des membres indépendants dont le rôle serait de suivre l’exécution des recommandations formulées dans les rapports. Et peutêtre donner à ces derniers la possibilité de saisir la Justice. Mais ce serait une Institution de trop.» Par contre, Elimane Kane pense que l’Ofnac qui est déjà là s’occupe des fraudes et des malversations. «Donc, donnons cette possibilité à l’Ofnac aussi de recevoir de l’IGE et d’en donner suite », a-t-il conclu à ce propos.
A rappeler qu’après avoir reçu les rapports 2015, 2016 et 2017 de la Cour des comptes qui avait épinglé la gestion de certains directeurs généraux et personnalités de l’Alliance pour la République, le président de la République, Macky Sall, avait annoncé la mise en place d’une commission pour l’exploitation de ces rapports. Il disait ainsi que le suivi serait fait et que certains des dossiers seraient transmis au niveau des juridictions. Mais apparemment, cela s’est limité là, à moins que les actions judicaires soient effectuées dans la plus grande discrétion. Hypothèse peu plausible !