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ENQUÊTE SUR L'ESCLAVAGE SEXUEL À KEDOUGOU

En plus de la violence et du grand banditisme qui règnent sur les sites d’orpaillage traditionnel, la traite sexuelle, source d’enrichissement pour les uns, véritable tourment pour les «proies», s’est accentué au fil des années

Pape Ousseynou Diallo  |   Publication 22/12/2020

En plus de la violence et du grand banditisme qui font jour sur certains sites d’orpaillage traditionnel de Kédougou, un autre phénomène s’est accentué au fil des années. Il s’agit de la traite sexuelle, source d’enrichissement pour les uns, véritable tourment pour les «proies» souvent issues de la sous-région.

Alexis* revient de loin. De très loin. A 16 ans, la jeune fille s’est retrouvée prise au piège d’une célèbre proxénète à Kédougou, Gloria. Aujourd’hui, retournée chez elle après un passage tumultueux dans un site d’orpaillage, la jeune fille ressasse cet épisode de sa vie, des trémolos plein la voix. «J’ai vécu le pire cauchemar de ma vie», pleure-t-elle. Issue d’un milieu modeste, Alexis et une de ses amies âgées de 17 ans ont été approchées par deux hommes qui leur promettaient un avenir meilleur en Europe. Crédules, les deux jeunes filles sont tombées dans le piège. Pieds et poings liés. «Ils nous ont fait croire qu’on allait trouver du travail en Europe, mais d’abord, il nous fallait transiter par le Sénégal où leur patronne, Gloria, détenait une unité de fabrication de chaînes en or et un réputé salon de coiffure.» Les yeux pleins d’étoiles et la tête farcie de rêves d’ailleurs, Alexis et sa camarade acceptent. Sans se poser trop de questions. Enrôlées par les complices de Gloria, les filles prêtent serment et jurent de ne point trahir. Commence alors un long voyage avec une première halte à Cotonou, au Bénin où l’un des convoyeurs et les filles passent la nuit dans un établissement hôtelier de la place. «Il s’est même payé le luxe de nous acheter des habits à la mode.» Le lendemain, ils continuent l’odyssée et font une autre escale à Lomé, encore une nuit dans un hôtel et de nouveaux habits achetés pour les jeunes proies. Le subterfuge est tellement bien huilé qu’Alexis et sa camarade finissent par croire que l’Eldorado n’est pas loin. C’était le début du cauchemar. «Une fois à Bamako, le convoyeur a appelé une certaine Gloria afin que celle-ci vienne nous chercher à Moussala, une ville frontalière avec le Sénégal, du côté du corridor Dakar-Kédougou-Bamako. Une fois en terre sénégalaise, Gloria nous a acheminées à Sambrambougou et nous a trouvé de nouvelles pièces d’identité sur lesquelles il était mentionné que nous avions 18 ans au lieu de nos 16 et 17 ans.» Puis, Alexis et sa camarade ont été conduites dans leurs nouveaux logements. Mais en lieu et place de villas cossues comme leur avait assuré le convoyeur, elles se retrouveront dans des taudis. «Je n’en revenais pas, le ciel s’écroulait sur ma tête, surtout quand notre patronne nous a clairement signifié qu’en fait d’entreprise de fabrication de chaîne en or et de salon, il n’était question que du plus vieux métier du monde. Nous avons été convoyées depuis le Nigeria pour devenir des prostituées et Gloria était notre proxénète.» Alexis tombe des nues. Mais elle n’était pas au bout de sa surprise. «Gloria nous a signifié qu’il fallait qu’on fasse le travail pour lui rembourser les frais de notre voyage qui s’élevaient à 1 500 000 FCfa par tête avant de retrouver notre liberté», hoquète Alexis avant de poursuivre : «La première nuit, elle nous a envoyé un de ses body-guards qui devait se charger de notre ‘’initiation’’. Face à notre refus, il nous a violées.» Alexis tombe malade, mais réussit à s’enfuir. Elle tombe sur un homme qui la prend en pitié et lui offre de quoi se faire consulter. Munie de ses médicaments, elle rallie Kédougou où un de ses compatriotes l’oriente vers la Brigade de gendarmerie. Alexis raconte au Commandant sa mésaventure. Ce dernier et ses hommes filent la proxénète Gloria avant de la cueillir et la déférer au parquet de Tambacounda. La jeune fille sera récupérée par les techniciens du Centre d’accueil, d’orientation et de réinsertion socioprofessionnelle de l’Ong «La Lumière» sis à Kédougou. «‘’Ici, l’on me considère comme leur fille, je me sens chez moi, mais je voudrais que l’on m’aide à retourner au bercail.’’ C’est ce que ne cessait de répéter Alexis. Finalement, on l’a aidée à retrouver les siens», confie le Secrétaire exécutif de cette organisation, dans tous ses états, car cette fille mineure sera la deuxième à être renvoyée chez ses parents. Certes Gloria a été arrêtée, mais combien de proxénètes courent encore dans ces sites d’orpaillage ? Combien de mineures vivent encore le trauma d’Alexis ?

La Guinée, le Nigeria, le Ghana, la Côte d’Ivoire, lieux d’enrôlement des prostituées

En l’absence de chiffres officiels, on ne le saura jamais. Mais, elles sont nombreuses à faire les frais de cette traite d’êtres humains. C’est connu ! Le bonheur des uns fait le malheur des autres. A Tenkoto, village aurifère niché dans le profond Kédougou, la réalité est crue. Ici, la misère des uns fait la richesse des autres. Et se traduit sous la forme de traite d’êtres humains. A Tenkoto, le proxénétisme coule de beaux jours. Aujourd’hui, même si le phénomène n’est pas nouveau, il a rarement atteint de telle proportion. Pour cause, si autrefois les villes étaient les destinations favorites des proxénètes et leurs victimes, ces derniers temps, ils ont trouvé d’autres destinations plus lucratives, en l’occurrence les sites d’orpaillage. Lesquels ont connu un développement fulgurant ces dernières années. Pour arriver à leur fin, les trafiquants ne manquent pas de méthode pour convaincre leurs victimes. «Organisés en réseaux, les proxénètes et leurs complices, rétribués entre 1 200 000 et 1 500 000 FCfa recrutent, en grande partie, dans les pays de la sous-région, comme la Guinée, le Nigeria, le Ghana, la Côte d’Ivoire, entre autres. Leurs cibles favorites sont les femmes et jeunes filles désœuvrées à la recherche d’emploi et candidates à l’émigration. Certains trafiquants usent du bouche-à-oreille et de leurs relations personnelles pour attirer leurs cibles, mais pas seulement. Pour échapper à tout soupçon, les trafiquants font souvent recours à des publicités sur les réseaux sociaux en vue de se faire passer pour des gérants de restaurants ou salon de coiffure», souffle une voix autorisée. C’est dans ce guet-apens bien huilé qu’ont plongé A.D.N. Mafo (21 ans), E. Aking (26 ans), D. Duke (27 ans) et V. Ajay (27 ans), toutes des Nigérianes dénichées suite à l’arrestation, par les limiers du commissariat urbain de Kédougou, de deux Nigérianes à la gare routière de Kédougou. Au commissariat, A.D a conté à l’officier de police judiciaire leur périple : «Après nous avoir fait croire qu’ils allaient nous trouver des emplois en Europe, nous sommes intégralement prises en charge (frais de transport, nourriture) par les proxénètes, de nos pays d’origine jusqu’à la destination finale, Kédougou, où nous sommes ventilées dans les différents sites d’orpaillage. En retour, pour chaque fille placée, les proxénètes perçoivent des commissions entre 1 et 2 millions de FCfa. La plupart du temps, nous logeons dans une grande maison à Dinguéssou, prise en location par le proxénète à raison de 400 000 ou 450 000 FCfa le mois et chaque jour, après des passes interminables, chaque fille verse 20 000 FCfa.»

Entre 1 et 2 millions pour chaque fille placée, un versement de 20 000 FCfa chaque jour pour chaque fille

Opérant en bande bien organisée et structurée, ces individus profitent des difficiles conditions de vie de leurs victimes pour s’enrichir indûment. Dans ces lieux, les filles, souvent mineures, sont soumises à la prostitution forcée et celles majeures sont recrutées afin de travailler pour une «maîtresse». A.C était une de ces maîtresses. Originaire de Ziguinchor, cette ancienne prostituée reconvertie en proxénète avait recruté des prostituées dans les quatre coins de la sous-région avant de les convoyer à Kédougou et de les héberger dans un appartement qu’elle avait loué à 450 000 FCfa. Chaque nuit et après plusieurs passes, A.C percevait 20  000 FCfa des mains de chacune des prostituées. Mais comme toute chose a une fin, la proxénète a fini par tomber, suite à la dénonciation d’une de ses proies, A.D, pour mauvais traitements. «Avant l’arrivée des gendarmes, elle a demandé aux autres filles de s’enfuir. Malheureusement pour elle, la gendarmerie a réussi à mettre la main sur plusieurs autres filles ainsi que sur A.C», souffle A.D. Un joli coup de filet qui a permis aux pandores de Kédougou, outre huit prostituées nigérianes, de mettre aux arrêts une proxénète de la même nationalité qui opérait dans les zones aurifères. Son modus opérandi mis à nu a permis de remonter sa filière qui partait du Mali où elle «achetait» des Nigérianes qui, une fois à Kédougou, étaient contraintes de s’adonner à la prostitution pour lui rembourser l’intégralité du montant de leur «achat», en plus du montant forfaitaire qu’elle fixait selon son bon vouloir. I Okudayan, achetée à 1 million de FCFA au Mali, versait à sa maîtresse Promice Osawer des sommes faramineuses chaque semaine. Avant son interpellation par les pandores, la fille de joie nigériane avait déjà versé 800 000 FCfa à sa tutrice, sans compter les 700 000 FCfa qu’elle restait lui devoir. Un drame parmi tant d’autres qui renseigne sur l’ampleur d’un phénomène qui échappe, encore aujourd’hui, à tout contrôle.

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