ENTRE CONTESTATIONS, INTERDICTIONS ET DISPARITIONS
L’affaire de « Ndengueler» a été symbolique de l’année 2020 marquée par différents fronts de contestations. Les travailleurs de la justice se sont également signalés à travers une grève qui a eu des répercussions sur leur administration de tutelle

L’affaire de « Ndengueler» a été symbolique de l’année 2020 marquée par différents fronts de contestations. Les travailleurs de la justice se sont également signalés à travers une grève qui a eu des répercussions sur leur administration de tutelle. La situation sanitaire a provoqué l’annulation de plusieurs cérémonies religieuses. Durant cette année, plusieurs personnalités publiques ont disparu.
Ndengueler dit non
L’année 2020 était chargée en actualités. Parmi celles qui auront le plus retenu l’attention figure l’affaire de Ndengueler. Une affaire de propriété foncière, sur fond de dénonciation de spoliation. Babacar Ngom, Président directeur général du groupe Sedima s’est dit détenteur en « toute légalité » d’une assiette foncière dont se réclament les populations de cette contrée. Il s’ensuit alors un rude bras de fer opposant les deux parties. L’affaire prend vite une ampleur nationale. Les paysans reçoivent un soutien massif des populations, notamment sur les réseaux sociaux. Se targuant de disposer d’une délibération obtenue en 2011 par l’entremise de communauté rurale de l’époque Sindia, le PDG de Sedima s’obstine alors, malgré une énorme pression exercée sur lui. « Une délibération m’a été faite par la mairie, nous avons payé 30 millions de francs pour les 300 ha », souligne-t-il, lors d’un point de presse organisé, pour dit-il, expliquer aux sénégalais la véritable situation. Dans sa version, le milliardaire dira avoir investi plusieurs millions pour débroussailler le site. Selon toujours ses propos, c’est par la suite que les habitants ont commencé, les années suivantes, à venir cultiver sur le site litigieux.
Les propos de M. Ngom ne remettront guère en péril la détermination des populations. Au contraire, elles réaffirment leur volonté à ne pas céder les terres qu’elles réclament leur appartenir depuis plusieurs générations. Des médiations sont alors initiées par les autorités. Abdou Karim Fofana, ministre de l’Urbanisme se rendra même sur les lieux, pour davantage s’enquérir de la situation. « Rien ne doit se faire au détriment du respect des droits des populations. (…) Le plus important, c’est qu’on parvient à entrevoir des pistes de solutions. Il y a certes des exigences fermes de chaque côté, mais il y a aussi des possibilités de collaboration », dira-t-il. « Il faut éviter une confrontation entre le droit et la légitimité », exhorte-t-il de tous ses vœux.
Les populations, avec le soutien de la société civile organisent une marche de protestations, pour exiger qu’on leur rende les terres en question, qui, disent t-elles ont été restituées, sans leur aval. Après plusieurs jours de braquage de part et d’autre, un compromis sera finalement trouvé sur les terres litigieuses. Le PDG du groupe Sedima se résout à céder une partie des terres aux paysans afin de leur permettre d’y mener leurs activités pour l’hivernage 2020. Toutefois, les négociations se poursuivent pour une solution définitive.
Le calendrier des rassemblements fortement impacté
Devant la propagation du virus de coronavirus dans les autres parties du monde, les autorités sénégalaises se prémunissent et prennent les devants. Le chef de l’Etat Macky Sall a pris des décisions importantes : « J’ai décidé, de l’interdiction pour une durée de 30 jours de toutes les manifestations publiques sur l’ensemble du territoire national», a déclaré le président Sall, à l’issue d’une réunion d’urgence, dans une intervention retransmise en direct par la télévision nationale, le 14 mars 2020. Dans ce même ordre, le Sénégal procède à la suppression temporaire des escales des bateaux de croisière, ainsi qu’un renforcement systématique des contrôles sanitaires à toutes les frontières. Les festivités qui devaient marquer le 60e anniversaire de l’indépendance du Sénégal sont annulées, les cours dans les écoles et les universités suspendus. Les manifestations sur la voie publique baptêmes, mariages, activités culturelles sont interdites. Dans la foulée, le «Dakka» de Médina Gounass, une retraite spirituelle en pleine forêt qui devait débuter le 14 mars est annulé. Le Gamou de Tivaouane ne se tiendra pas non plus. Parallèlement, la confrérie des Layènes qui devait célébrer l’appel du fondateur, Seydina Limamou Laye annule la rencontre. L’Eglise invite les fidèles à prier chez eux, le pèlerinage de Popenguine n’a pas non plus eu lieu. Le président de la République Macky Sall s’est à nouveau adressé à la Nation le lundi 23 mars 2020 et a annoncé la mise en place de l’état d’urgence et d’un couvre-feu de 20 h à 6 h sur l’étendue du territoire national pour lutter contre l’épidémie liée au Covid-19.
Des milliers de jeunes bravent la mer au prix de leur vie
L’année 2020 aura été particulièrement macabre à cause de la résurgence du phénomène de l’émigration irrégulière. Des centaines, au moins, de jeunes ont perdu la vie en essayant d’effectuer la traversée en mer, sur pirogues, entre le Sénégal et l’Espagne. Un bilan funèbre dont il est difficile de définir, avec exactitude, le nombre. Certaines sources parlent de milliers de morts. Une accalmie s’était toutefois installée des années durant.
Des remous dans le secteur de la justice
Dame justice aura été aussi rarement remuée comme ce fut le cas en 2020. En effet, les travailleurs de la justice ont plusieurs fois décrété des journées de grève, notamment, le corps des greffiers. Sous la houlette du Syndicat des travailleurs de la Justice (Sytjust) amenés par le Secrétaire général Me Boune Malick Diop, ils ont sérieusement paralysé la bonne marche de l’administration judicaire. Après un long bras de fer avec le ministère de tutelle, les greffiers décident de suspendre pour un mois (septembre) leur mot d’ordre, dans le but de permettre «au ministère de la Justice de mettre en œuvre le protocole d’accord qui a été signé avec le gouvernement », dira Me Diop.
Rappel à Dieu d’imminentes personnalités religieuses
Le porte-parole des Tidianes, Sergine Pape Malick Sy est décédé le 25 juin 2020 des suites d’une courte maladie à son domicile de Dakar. Fils cadet de Serigne Babacar Sy, premier Khalif des Tidiane, Serigne Pape Malick Sy était un homme d’ouverture et de dialogue. Sa mise toujours parfaite, son élégance naturelle, son charisme et son éloquence lui conféraient beaucoup d’estimes de la part des Sénégalais de tout bord.
Cheikh Ahmad Tidiane Ibrahima Niass, le khalife général de Médina Baye est décédé le 2 août 2020 à l’âge de 88 ans. Il était décrit comme «un bâtisseur et une grande figure de la Fayda Tidjaniya (les disciples de Baye Niass)». Cheikh Ahmad Tidiane Ibrahima Niass, surnommé Papa Cheikh par les disciples, était le quatrième khalife de cette cité musulmane où vivent de nombreux fidèles de la Tidjaniya, à Kaolack. Serigne Cheikh Ahmed Tidiane Seck, khalife de Thienaba Seck est rappelé à Dieu le 26 juin. Le khalife de Sokone Thierno Cheikh Omar Déme est décédé le 24 mai à l’âge de 90 ans. Dans les derniers jours de l’année, il y a eu une autre disparition de taille avec le rappel à Dieu de Sayda Mariama Niass, « la servante du Coran » et promotrice de l’éducation des jeunes filles, le 26 décembre.