«IL FAUT METTRE L’ACCENT SUR LE PREVENTIF ET NON SUR LE CURATIF»
Djibi Diakhaté se prononce sur les violences conjugales

Qu’est - ce qui explique cette violence qui s’exerce dans la vie de couple ?
« A mon avis les violences conjugales reposent sur plusieurs déterminants. Il me semble que le déterminant le plus important est celui qui renvoie à l’incompatibilité d’humeur. Lorsque les deux conjoints n’ont pas pris le temps de se connaitre suffisamment, de partager ensemble un certain nombre de valeurs et de principes, il est clair que très souvent des manifestations d’incompatibilité d’humeur peuvent être notées et peuvent conduire à une sorte de dislocation du couple. A cela, il faut ajouter une situation où les conjoints, le plus souvent, n’émargent pas toujours sur le même registre de valeur et n’ont pas reçu forcément la même éducation. Dans nos sociétés traditionnelles, le mariage n’unissait pas seulement deux individus, mais unissait plutôt deux groupes attachés à des référentiels, des principes et des valeurs qui les soudaient. Aujourd’hui, il se trouve qu’au nom de l’anonymat, le plus souvent, c’est au gré d’une rencontre ou bien au hasard d’une rencontre que les liens matrimoniaux sont noués. Et après, il y a une méconnaissance totale de l’autre qui peut conduire à une situation assez compliquée à gérer par la suite à l’intérieur du couple. Il y a d’autres facteurs qui se manifestent très souvent comme la jalousie qui est un facteur économique qui peut se présenter. Parfois l’intervention des éléments de l’extérieur, qu’il soit des éléments de la famille ou de l’entourage et même du voisinage, qui peuvent interférer dans la vie du couple et créer des situations de mal entendu pouvant conduire à la dislocation du couple. Il y a aussi la spiritualité qui reçoit un sacré coup des fois dans la vie des couples. On ne se réfère pas à la religion le plus souvent que pour sceller les mariages. Mais une fois que cela est fait, on a l’impression que dans la continuité au quotidien, dans la vie de couple, on ne respecte pas les référentiels religieux. Et cela va conduire à une situation qui n’est satisfaisante dans les couples. Pour éviter les violences dans les couples, il faut mettre l’accent sur le préventif et non sur le curatif. Le préventif, ça suppose que le couple soit préparé dès le bas âge à la gestion de la vie matrimoniale.
Cette violence pourrait-elle se répercuter sur la vie future des enfants ?
Déjà, au niveau du noyau familial, comment les parents ont pris en charge les membres de la famille. C’est-à-dire que l’exemple donné par les parents aux membres de la famille à travers la conduite du couple des parents constitue déjà un modèle pour les enfants lorsqu’ils grandiront, ils auront tendance à reproduire ce modèle. Ça veut dire que s’il y a beaucoup de violences qui traversent le couple des parents, il est clair que les enfants risquent aussi de reproduire le même modèle lorsqu’ils seront adultes. Il faut que l’éducation dès le bas âge soit bien tenue. Il faudrait également que les membres de la communauté aident les jeunes couples à grandir convenablement et ça suppose évidemment des conseils, un accompagnement intelligent et flexible qui ne signifie pas une interférence constante dans la vie du couple mais un renforcement de capacité des membres du couple de manière à faire que progressivement, la greffe puisse prendre entre les deux conjoints. Il y a aussi tout le facteur économique, les facteurs de jalousie, de manque de confiance qu’il faut prendre en charge à travers un dispositif de communication qui soit très fluide à l’intérieur du couple. Parce que dès fois, on se rend compte qu’évidemment, la communication n’est pas suffisante dans le couple ou alors que la communication se fait par personne interposée ou par évènement interposé. Et cela peut conduire à des malentendus et des difficultés. Et cela peut créer beaucoup de répercussions dans la vie des enfants. Lorsqu’un couple se disloque, c’est la scolarité des enfants qui est perturbée, c’est leur vécu et la personnalité des enfants qui sont perturbés. De ce point de vue, je crois que la stabilité des enfants dépend pour beaucoup de l’équilibre du couple.