JE ME BATTRAI POUR QUE FORCE RESTE AU DROIT
Alors qu’elle s’apprêtait à regagner son local sis au 1 place de l’Indépendance, attendant juste de signer un bail avec l’Ipres, Mme Aïcha Goundiam Mbodji, apprend qu’une main invisible veut la déloger du site dont elle est titulaire depuis 38 ans

Alors qu’elle s’apprêtait à regagner prochainement le local qui lui a été officiellement réservé depuis 2 ans, au 1 place de l’Indépendance, attendant juste de signer un bail avec l’Ipres, Mme Aïcha Goundiam Mbodji, pharmacienne titulaire de la Grande pharmacie Dakaroise, apprend qu’une main invisible veut la déloger du site dont elle est titulaire depuis 38 ans, au profit de Madame Aminata Gassama , épouse d’ Abdoulaye Balde, ancien ministre, fille de l’homonyme du président de la République. Face à cette injustice qui se prépare contre tout le personnel de la Grande Pharmacie Dakaroise et contre la profession pharmaceutique, Mme Aïcha Goundiam est décidée à utiliser tous les moyens légaux qu’offre ce pays pour que force reste au droit
Pharmacienne Titulaire de la Grande Pharmacie Dakaroise depuis 38 ans, votre officine sise 1 Place de l’Indépendance, vous voilà menacée d’être dépossédée de ce site. Que s’est-il passé ?
Je suis titulaire de la Grande Pharmacie Dakaroise depuis 1982 et en 2015, j’ai dû quitter pour cause de rénovation sur injonction de l’Ipres qui a ainsi résilié mon bail un an avant son expiration. La loi leur imposait de me proposer un nouveau bail à la fin des travaux. Depuis lors, j’ai été en contact régulier avec l’Ipres pour préparer mon retour. En décembre 2018, j’ai reçu un courrier officiel du Directeur de l’Ipres de l’époque me confirmant que le local de 66 m2, 02 que j’avais choisi m’était réservé. J’ai été invitée à me rapprocher du Directeur du Patrimoine et de la logistique de l’Ipres pour signer un bail. J’ai favorablement répondu par courrier mais depuis silence sur toute la ligne.
Qu’avez-vous fait alors ?
Malgrè ce silence j’ai visité à plusieurs reprises le local en compagnie du technicien de l’Ipres, d’une architecte et d’un agenceur ( spécialiste en aménagement de pharmacie). A la suite de ces visites j’ai fait faire des modifications et ai commandé auprès de l’agenceur du mobilier sur mesure qui m’a été livré et qui est stocké depuis un an dans un hangar à mes frais.
Que s’est-il ensuite passé puisque tout semblait marcher comme sur des roulettes ?
Alors que les travaux de rénovation de l’immeuble sont presque terminés, grande a été ma surprise d’apprendre par différentes sources que l’Ipres allait attribuer le local qui m’était réservé à une tierce personne.
De qui s’agit-il ?
Il s’agit d’ Aminata Gassama , épouse de Abdoulaye Baldé, ancien ministre, député à l’Assemblée nationale et actuel maire de Ziguinchor. Elle est la fille de Macky Gassama, l’homonyme du Président Macky Sall.
Avez-vous eu des contacts avec les autorités de votre corporation en 2015, au moment du transfert de votre officine ?
J’ai en effet rencontré à cette époque le Directeur de la Pharmacie de l’époque, Pr Dièye. Je lui ai ensuite envoyé un courrier pour l’informer de la situation qui m’obligeait à déménager. Une liste de documents à fournir m’a été signifiée et cela a été remis. J’ai même consulté un architecte pour vérifier la distance entre le local retenu (au 43 Bd Djily Mbaye) et les autres pharmacies. Distance qui ne devait pas selon la réglementation être inférieure à 2OO mètres. J’ai aussi rencontré le Président de l’Ordre des Pharmaciens de l’époque et lui ai adressé un courrier. Suite à cela, Mme Loum, responsable de ces questions à la Direction de la Pharmacie et du Médicament (DPM) s’est même déplacée pour voir les lieux. Après étude du dossier , elle m’a dit au téléphone : « C’est bon, vous pouvez y aller », tout en me précisant qu’étant donné que c’était un transfert provisoire, cela n’allait pas paraitre au Journal officiel. Je n’ai donc pas hésité à prendre le local d’autant plus que j’ai eu du mal à en trouver un dans les environs de la Place de l’Indépendance qui ne soit pas à moins de 200 mètres d’une autre pharmacie.
Il nous est pourtant revenu que le Directeur de la Pharmacie et le Président de l’Ordre des Pharmaciens vous reprochent ne pas avoir attendu l’autorisation pour déménager. Qu’en dites-vous ?
Sous la pression d’une main invisible, l’administration de la DPM et l’Ordre des Pharmaciens semblent chercher aujourd’hui à justifier a posteriori des décisions prises dans la précipitation, notamment en accordant un avis favorable au dossier de Madame Balde. A la recherche de prétextes, on me reproche aujourd’hui de n’avoir pas attendu un document qui devait m’être fourni par eux-mêmes , il y a 5 ans et que je n’ai jamais reçu.
Vous la connaissez Madame Baldé ?
Je ne la connais pas. Je sais qu’elle était Pharmacienne titulaire de la Pharmacie de la Nation, pharmacie qui avait été créée par feu Majmouth Diop et qui avec elle, a disparu du jour au lendemain, il y a 8 ans maintenant. Y a différentes versions mais ce n’est pas le plus important. En tout état de cause, le local a été rasé et un immeuble est en train d’être érigé à la place. Par contre votre officine, la Grande Pharmacie Dakaroise, n’a pas disparu. Votre enseigne qui est bien visible trône encore 1 Place de l’Indépendance. Cela fait 42 ans que je travaille à la Grande Pharmacie Dakaroise effectivement. De 1978 à 1982 comme Pharmacienne gérante salariée. Et de 1982 à aujourd’hui comme pharmacienne titulaire. Et j’attends depuis 5 ans, avec l’accord du DG de L’Ipres il y a 2 ans, de réintégrer le site originel de la pharmacie dakaroise, créée figurez-vous en 1953, année de ma naissance.
Comment ressentez-vous le fait qu’on veuille subitement vous déposséder de votre officine ? Quel sentiment avez-vous sur l’idée de justice dans votre pays, vous qui êtes la fille ainée du magistrat feu Ousmane Goundiam dont le nom résonne encore chez de nombreux Sénégalais ?
De l’incompréhension, de la colère, de l’amertume et pour tout dire un sentiment d’une grande injustice à l’idée qu’une situation aussi grotesque puisse exister dans un pays qui se targue d’être un Etat de droit , un modèle de démocratie en Afrique. J’ai mal à mon pays comme beaucoup de mes collègues et compatriotes qui m’expriment leurs indignations et leurs soutiens. Je compte me battre sans relâche contre cette injustice et cette violation de la loi qui se prépare à mon encontre et à l’encontre de tout le personnel de la Grande Pharmacie Dakaroise. Pour que force reste à loi, ici en l’occurrence au droit, j’ai commis à cet effet un pool d’avocats.