«KAYAR» MENACEE PAR LE «MASSACRE» DE LA BANDE DES FILAOS
Le cas de Kayar a été longuement discuté, hier, lors du «SNSUMMIT CLIMATE», un forum virtuel dédié au climat.

Hier, le Président de la Commission jeunesse de la ville de Kayar, Cheikh Guèye, a animé un forum virtuel dédié exclusivement au climat et dénommé «SN SUMMIT CLIMATE». A cette occasion, il est revenu sur le danger causé par la coupe de la bande des filaos provoquant ainsi une avancée inquiétante de la mer et la réduction de la zone de parcage des pirogues, mais aussi la salinisation des sols qui risque de tuer l’agriculture dans le terroir.
Le cas de Kayar a été longuement discuté, hier, lors du «SNSUMMIT CLIMATE», un forum virtuel dédié au climat. Le président de la Commission jeunesse de ladite ville, qui animait la session, est largement revenu sur l’avancée de la mer dans la zone. Cheikh Guèye a ainsi alerté en indiquant que la situation s’est aggravée ces trois dernières années. Même s’il admet que cela est dû en partie au réchauffement climatique, il précise cependant que la main de l’homme y est pour quelque chose, pointant du doigt certaines pratiques des populations locales. Celles-ci accentuent le danger en agressant les côtes, affirme le sieur Guèye.
A l’en croire, la bande de filaos érigée entre 1980 et 1984 grâce à un programme américain se dégarnit de jour en jour à cause de la coupe des arbres. «Un massacre» qui, selon Cheikh Guèye, a accéléré l’avancée de la mer dans la localité. D’ailleurs, il informe que la zone de débarquage des pirogues s’est carrément rétrécie ces dernières années. Avant d’attirer l’attention sur le fait que la mer avance plus dans les parties déboisées de la Commune que dans les autres non déboisées. «Le massacre des filaos est un crime. Cette bande a été pourtant installée pour protéger les populations contre la furie des eaux. Maintenant, si nous-mêmes qui sommes censés la protéger, nous l’agressons, nous nous exposons de façon directe ou indirecte à un désastre environnemental », soutient le président de la Commission jeunesse de la ville.
Pis, il souligne qu’en plus d’être une zone de pêche, Kayar est une zone d’agriculture, de maraîchage et d’horticulture. «Kayar produit plus de 80 000 tonnes de pommes de terre par an. Le marché de légumes de Keur Anta Ndoye sis dans la localité fait partie des deux plus grands lieux de commerce de légumes du Sénégal», souligne-til.
Toutefois, Cheikh Guèye déplore le fait que les habitants coupent les filaos pour aménager des champs, dans la mesure où, une fois les filaos coupés, ce n’est pas sans conséquence dans les activités agricoles. Car, ajoute-t-il, il sera impossible de fixer la dune et par ricochet, les sols vont être salés. La preuve, le village de Ndiokhob fait face actuellement à d’énormes difficultés pour s’adonner à l’agriculture du fait de la salinisation des sols, a fait constater Cheikh Guèye.
BOULIMIE FONCIERE
En outre, il a été relevé une boulimie foncière dans l’espace où les gens se précipitent pour construire des habitations, non loin de la mer, en courant le risque d’être des sinistrés dans les prochaines années, du fait de la furie des vagues. «Cette bande est vitale et elle mérite d’être protégée. Nous sommes en train de nous battre pour reboiser. Et nous comptons aller jusqu’au bout de notre logique », a fait savoir le président de la Commission de la jeunesse qui renseigne que Kayar est entouré, du nord au sud et à l’est, par la bande des filaos ; et à l’ouest par la mer. «Mais aujourd’hui, la partie Est de Kayar a perdu toute sa verdure et celle du Sud est en train d’être dégarnie petit à petit. Seule la partie Nord de Kayar résiste pour le moment», relève-t-il. Pour sauver la face, il estime que la jeunesse s’est organisée avec des activités d’embellissement de la plage, de reboisement des filaos et de plantations de cocotiers afin de préserver la plage et la biodiversité.
A noter que Kayar est une petite ville côtière du Sénégal située à environ 58 km au nord de Dakar, et possède l’un des plus importants ports de débarquement du pays. La pêche artisanale y est la principale activité. Chaque soir, des centaines de pirogues déchargent sur la plage des tonnes de poissons qui nourrissent la population de la presqu’île du Cap-Vert. C’est aussi un village où on a noté ces dernières années de nombreuses tentatives d’émigration clandestine.