LA COUR DES COMPTES S’EXPLIQUE
Après avoir remis au président de la République ses rapports de la gestion des comptes publics pour les exercices 2015, 2016 et 2017, la Cour des comptes a tenu à s’expliquer sur les retards de publication de ces documents.

Après avoir remis au président de la République ses rapports de la gestion des comptes publics pour les exercices 2015, 2016 et 2017, la Cour des comptes a tenu à s’expliquer sur les retards de publication de ces documents. Son président Mamadou Faye a fait face à la presse avant-hier (samedi 1er février) pour livrer ses vérités.
Dans le Code de Transparence du Sénégal, il est mentionné que «la Cour des comptes rend publics tous les rapports qu’elle transmet au président de la République, à l’Assemblée nationale et au gouvernement», rappelle d’emblée le président de la Cour des comptes, Mamadou Faye, devant les journalistes. Un principe bafoué, de l’avis des observateurs ulcérés par les lenteurs notées dans la publication des rapports de 2015 à 2020. Ce, d’autant que chaque année, un rapport doit être publié.
Face à la presse, Mamadou Faye a reconnu cette entorse avant de s’engager à y remédier en respectant scrupuleusement les délais de publications. «C’est une obligation légale pour nous de remettre normalement chaque année un rapport public au président de la République. C’est une exigence démocratique des transparences budgétaires pour que les citoyens sachent comment ont été utilisées les ressources mises à la disposition de l’Exécutif», souligne le président de la Cour des Comptes. Interrogé sur les raisons de ces retards, il soutient que cela résulte de quelques « dysfonctionnements internes».
Malgré les suspicions des uns et des autres, le président de la Cour des comptes jure qu’il n’y a pas eu d’influence publique et politique et réaffirme le caractère indépendant de l’organe de contrôle. «Nous fixons et arrêtons notre programme de contrôle ; nous l’exerçons. Nous sommes insensibles à la clameur publique encore moins à la clameur politique», clame Mamadou Faye qui invoque également le manque d’effectif comme l’une des raisons du retard. «Depuis 2003, il n’y a pas eu de recrutement d’agents. Ce sont les mêmes personnes qui ont élaboré ce rapport qui vont aussi sur le terrain pour les contrôles. Ce n’est que cette année-ci que nous avons pu organiser le concours et avoir 7 magistrats. Il y a toutes ces difficultés qui ont fait qu’il a eu des retards», renseigne le président de la Cour des comptes qui ajoute par ailleurs : «Pour 2015, les rapports ont été remis à l’imprimerie le 20 février 2018. Pour 2016, c’est le 20 juin 2019. Et pour 2017, c’est le 9 décembre 2019. Cependant, les rapports ont été reçus bien après l’élection présidentielle.»
Se voulant rassurant, il annonce que des efforts seront faits pour corriger ces défaillances. «Nous pouvons garantir qu’au cours de l’année 2020, nous allons remettre au président de la République et publier les rapports portant sur les gestions de 2018 et 2019. Nous comptons le faire au plus tard au mois d’octobre 2020. Ainsi, on ne parlera plus de retard dans la production des rapports. Nous avons pris des dispositions fermes afin que désormais, au plus tard au mois de juillet de l’année, le rapport soit publié avec une production de haute qualité et de quantité dans les délais», assure-t-il.
Par ailleurs, il vante la pertinence des recommandations contenues dans les différents rapports et qui, selon lui, réside dans leurs actualités. «Pour être plus actuels, nous avons voulu remettre les trois rapports au président de la République», dit-il. A rappeler que les rapports 2015, 2016 et 2017 de la Cour des comptes ont été remis au Président Macky Sall le 31 janvier 2020. Les différents rapports révèlent des dysfonctionnements dans la gestion de certaines entités publiques. Ce qui a poussé le chef de l’Etat à inviter les concernés à mettre, sans délai, un terme à ces manquements.