LA FOIRE AUX DEMENTIS
Plus qu’une simple affaire de mœurs, le dossier concernant les accusations de viols et de menaces de mort portées par la masseuse Adji Sarr contre l’opposant Ousmane Sonko devient de plus en plus alambiqué

Accusé de viols et de menaces de mort par une masseuse, Ousmane Sonko est en train d’assister à la procédure de la levée de son immunité parlementaire. Mais à côté du volet juridique dont s’occupent ses avocats, ses partisans remuent ciel et terre pour démasquer ceux qu’ils accusent d’avoir comploté contre leur leader. Ainsi, on assiste à des accusations et des démentis aussi rocambolesques les unes que les autres.
Plus qu’une simple affaire de mœurs qui aurait pu être réglée tranquillement devant la justice, le dossier concernant les accusations de viols et de menaces de mort portées par la masseuse Adji Sarr contre l’opposant Ousmane Sonko devient de plus en plus alambiqué.
Même si l’Assemblée nationale a enclenché la procédure de la levée de l’immunité parlementaire du leader de Pastef, le procès semble se jouer déjà au tribunal de la presse et sur les réseaux sociaux, avec des rebondissements aussi spectaculaires les uns les autres, ponctués par des accusations et des démentis tous azimuts.
Tout est parti d’une information relayée par la presse le 05 février dernier faisant état d’une plainte déposée contre Ousmane Sonko à la section de Recherches de Colobane, dans laquelle on l’accuse de viols et de menaces de mort dans le salon de massage « Sweet Beauté ».
Aussitôt la nouvelle répandue comme une traînée de poudre, le député a réagi à travers sa page Facebook pour dire à ses amis, militants et sympathisants d’être rassurés parce qu’il n’a rien à voir avec ce qu’il qualifie de mensonges crapuleux.
Sans indiquer qu’il est allé au salon de massage plusieurs fois, Sonko affirmait qu’aucun homme politique n'a jamais été autant diffamé, calomnié et persécuté en si peu de temps, accusant au passage le pouvoir de tenter de le déstabiliser, et laissant entendre que Macky Sall n’a que sa liquidation en tête. Mais deux jours après, suite à la sortie de la patronne du salon de massage affirmant que Sonko venait se faire masser régulièrement chez elle, le parlementaire, ayant reçu une convocation des enquêteurs, a fait une déclaration le dimanche 07 février pour annoncer qu’il n’allait pas répondre à la Section de Recherches parce qu’il est député, mais aussi en confirmant qu’il fréquentait bel et bien le salon de massage « Sweet Beauté ».
Une annonce qui va enclencher une suite d’accusations et de démentis. Car, au-delà des manifestions de ses partisans pour « protéger » leur leader, ces derniers essayent de démontrer à l’opinion sénégalaise que les accusations contre Ousmane Sonko résultent d’un complot ourdi depuis le Palais de la République par le Président Macky Sall pour l’empêcher d’être candidat en 2024.
Ayant eu écho que l’homme qui a transporté Adji Sarr, la nuit durant laquelle elle accuse Sonko de l’avoir violée pour la dernière fois, son nom de famille est Mbaye et que le père de ce dernier est membre de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY), des soutiens de l’ancien inspecteur des Impôts et Domaines ont tout de suite ciblé Yakham Mbaye, le menaçant de s’en prendre à lui et à sa famille. Mais cette piste a été très vite abandonnée puisque la presse a rendu public le nom du « transporteur d’Adji Sarr », qui s’appelle Sidy Ahmed Mbaye.
Ainsi, certains esprits fertiles ont automatiquement pensé qu’il s’agissait de l’enfant du député Pape Sagna Mbaye. Mais le responsable de Benno Bokk Yaakaar n’a pas perdu de temps pour démentir ces allégations. Selon lui, son fils n’est ni de près ni de loin impliqué dans cette affaire car il était à l’étranger au moment des faits. A force de fouiner, la presse a fait savoir avant-hier dans la mi-journée que Sidy Ahmed Mbaye est le fils de Maodo Malick Mbaye de la mouvance présidentielle.
Mais ce dernier s’est fendu d’un communiqué pour préciser que c’est son neveu et que lui n’a rien à voir avec le complot dont on parle.
Cherchant toujours d’autres comploteurs, des partisans de Sonko ont indiqué hier matin sur les réseaux sociaux que c’est l’avocate Me Dior Diagne qui a non seulement rédigé la plainte contre Ousmane Sonko, mais aussi c’est elle qui héberge actuellement Adji Sarr. Etant au parfum de ces allégations, la robe noire a réagi via sa page Facebook pour démentir ces accusations et annoncer une plainte contre les auteurs de ces affirmations.