LA GALERE DES 150 TRAVAILLEURS DE LA SIGELEC
Les travailleurs de la Société Industrielle de Générateurs Electriques de Pout sont restés 33 mois sans salaire

150 travailleurs de la Société industrielle de Générateurs Electriques (SIGELEC) de Pout vivent dans la galère depuis 33 mois, sans recevoir le moindre sou de l’entreprise. Selon Moussa Diaw porte-parole des travailleurs, la direction a prononcé le licenciement économique sans respecter les mesures liées à la décision. Les travailleurs, dont deux sont décédés faute de moyens pour bénéficier de soins, ont élevé le ton lors d’une conférence organisée à Thiès, en présence de l’ex-député Hélène Tine, le forum civil, le mouvement y en a marre et Guy Marius Sagna qui a annoncé une marche nationale le 10 octobre prochain.
Les travailleurs de la Société Industrielle de Générateurs Electriques (SIGELEC) de Pout sont restés 33 mois sans salaire. C’est pourquoi, ils ont initié une conférence à Thiès, pour expliquer aux Sénégalais le sort que leur ont réservé les héritiers de Idrissa Seydi fondateur de l’usine. C’était en présence du forum civil, du mouvement y en a marre, de l’ex-député Hélène Tine, Guy Marius Sagna de FRAPP France Dégage qui a d’ailleurs annoncé une marche nationale le 10 octobre prochain.
Selon lui, le mémorandum qui fonde la marche porte sur 23 points dont l’affaire des travailleurs de la SIGELEC, et la lettre d’information a déjà été déposée devant le Préfet de Dakar. Et autorisée ou pas, souligne Guy Marius Sagna, la marche aura lieu car il n’est pas question d’accepter que le droit de manifester soit confiné alors que l’agression contre les travailleurs ne l’est pas. Selon Moussa Diaw porte-parole des travailleurs, la souffrance de ces 150 pères de familles est-telle que deux d’entre eux sont décédés des suites de maladies, faute de soins adéquats alors que plusieurs enfants ne vont plus à l’école.
La SIGELEC est en arrêt total depuis janvier 2018, et les travailleurs ont été envoyés au chômage technique. Mais les travailleurs estiment que les héritiers n’ont rien fait pour restaurer leur dignité. Au contraire, la famille est accusée d’afficher une indifférence qui frise le mépris, aucune décision allant dans le sens d’ouvrir le capital, vendre des parts à d’autres et permettre à l’entreprise de redémarrer ou même la liquider totalement n’a été prise.
Les travailleurs ont dénoncé « le dilatoire des héritiers », avant d’exiger « le respect du protocole signé devant l’inspection du travail, le paiement intégral des droits des travailleurs, le paiement des arriérés de salaire, l’audit de l’entreprise, etc. ». Cet audit, selon le collectif, est une étape importante d’autant plus qu’il n’y a jamais eu de mévente en ce qui concerne les piles qui se trouvent d’ailleurs toujours dans les boutiques alors que l’usine ne fonctionne plus depuis janvier 2018. Avant ce phénomène, la SIGELEC parvenait à écouler sur le marché 25 000 cartons de piles par mois et le chiffre d’affaires qui en découlait permettait de verser pas moins de 3 milliards de Fcfa dans les caisses de l’Etat en termes de taxes. Aujourd’hui, ces travailleurs sont dans le désarroi total et les plus chanceux ont saisi l’opportunité d’une reconversion, même s’il s’agit de métiers précaires.
D’autres, la grande majorité, sont dans la détresse totale, parfois avec des familles qui ont périclité, sans IPM, encore moins de coopérative de consommation, car les retenues à la source opérées par l’entreprise n’ont pas été reversées depuis belle lurette. Selon le coordonnateur du collectif, l’une des héritières, en l’occurrence « la notaire Tamaro Seydi, s’est permise d’aller dans le sud du pays pour apporter une assistance à d’autres personnes alors qu’elle a laissé ici des travailleurs en souffrance. Nous trouvons cela inadmissible.
Actuellement, la situation est devenue insupportable et nous travailleurs sommes seuls face à notre destin, car il y a une absence manifeste d’assistance de la CNTS. Nous déplorons l’indifférence et la non-présence de Mody Guiro qui, depuis que nous traversons ces difficultés, n’a jamais mis les pieds dans l’entreprise. Nous déplorons aussi le comportement de l’inspecteur régional du travail de Thiès qui ne mesure pas la souffrance des travailleurs ».
Pour Guy Marius Sagna de FRAPP France dégage, la lutte des travailleurs de la SIGELEC interpelle un point important des fondamentaux de FRAPP France dégage, en l’occurrence la souveraineté que le pays tarde encore à acquérir dans tous les domaines. Selon lui, ce manque de souveraineté touche même le domaine des piles, d’où la nécessité de sauvegarder la seule entreprise industrielle de fabrication de piles. C’est pourquoi l’Etat ne devrait nullement croiser les bras et laisser une telle entreprise agoniser. D’après lui, l’un des messages adressés par la pandémie du coronavirus, c’est de ne jamais dépendre de l’extérieur. La priorité, ce n’est ni le débat sur un troisième mandat, ni un débat avec l’opposition, mais de régler les problèmes des Sénégalais.
Pour lui, les héritiers d’Idrissa Seydi qui est une référence dans le secteur sont invités à ressembler à leur père et pas seulement à porter le nom de Seydi. Il affirme qu’il partagera entièrement le combat engagé par le collectif des travailleurs de la SIGELEC jusqu’à ce que leurs indemnités de licenciement soient payées et que le protocole d’accord soit totalement respecté. Est-ce que l’Etat du Sénégal n’est pas complice ? s’est interrogé Guy Marius Sagna, avant d’ajouter que l’usine est aux arrêts et pourtant les piles Hellesens sont toujours vendues dans les boutiques. Il a indexé la défaillance des syndicats dans la gestion de ce dossier, à travers le pacte de stabilité qui est à ses yeux un pacte de compromission et de corruption, qui fait que les syndicalistes s’emmurent dans le silence alors que ces travailleurs et leurs familles sont dans le désarroi à cause d’une injustice. Pendant ce temps, dit-il, l’inspection du travail ressemble à un véhicule sans moteur.
HELENE TINE EX-DEPUTE : «La mémoire de feu Idrissa Seydi doit être honorée par ses héritiers»
L’ex-député Hélène Tine, qui accompagne le collectif depuis plusieurs mois, trouve inacceptable cette situation. Selon elle, si les responsables de l’usine procèdent à un licenciement économique, ils doivent en assumer toutes les conséquences financières. Pour elle, le fondateur de la SIGELEC, en l’occurrence feu Idrissa Seydi, est un homme de valeur, un grand capitaine d’industrie respecté par tous les Sénégalais. C’est ainsi qu’elle a appelé ses héritiers à honorer sa mémoire en respectant les engagements avec les travailleurs qui souffrent depuis 33 longs mois. Elle a appelé l’inspection du travail à traiter ce dossier avec toute la diligence et l’impartialité requises car c’est une question de droit et la saisie des biens pour payer les droits des travailleurs ne doit pas être écartée. Mais malheureusement, se désole-t-elle, «la force publique n’est requise que quand il faut aller mettre dehors des pères de familles à Terme Sud et non quand les droits de 150 pères de familles sont piétinés