LA POPULATION SE REVOLTE CONTRE LE DIRECTEUR DES SALINS DU SALOUM
Réunie au sein d’un Collectif, la population de la commune de Dya accuse le directeur de l’usine «les Salins du Saloum», Guy Deschamps, de continuer à convoiter leur terre.

Réunie au sein d’un Collectif, la population de la commune de Dya accuse le directeur de l’usine «les Salins du Saloum», Guy Deschamps, de continuer à convoiter leur terre. Une décision de la Cour suprême a annulé l’attribution des 845 hectares faite par le Conseil municipal de Dya à l’usine, mais le collectif soupçonne les autorités administratives d’être de collusion avec l’industriel français.
Le combat qui oppose la population de la commune deDya au directeur des «Salins du Saloum» est loin de connaître son épilogue. Malgré la décision de la Cour suprême qui a tranché en leur faveur, les habitants sont sur le pied de guerre. Car le directeur de cette usine, spécialisée dans l’exploitation et la commercialisation du sel iodé, ne s’avoue apparemmentpas vaincu.
D’après le porte-parole des habitants, Ousseynou Badiane, Guy Deschamps continue à manœuvrer pour s’accaparer des lopins de terre qui leur reste. «A notre grande surprise, le blanc est revenu en négociant avec certains dignitaires pour récupérer à nouveau nos terres», a pesté Ousseynou Badiane lors du point de presse organisé au village de Ngane 2 (commune de Dya). A l’en croire, il est hors de question de laisser Guy Deschamps s’emparer à nouveau de leur patrimoine foncier. Très amer, il accuse le maire de Dya, Dioguou Baba, ses conseillers municipaux ainsi que des chefs de village d’être de connivence avec le directeur des «Salins du Saloum».
Toutefois, il met en garde ces derniers. «Nous allons faire face à cette injustice. Nous disons à l’équipe municipale et aux chefs de village qui sont avec elle de ne pas monnayer leur dignité. Ce que nous avons en commun est plus important que les intérêts mercantiles du directeur des Salins du Saloum. Il a déjà récupéré tout le littoral comme si notre patrimoine foncier était sa propriété», s’insurge le sieur Badiane en présence de différentes sensibilités. Depuis 1917, s’insurge-t-il, l’usine des Salins ne cesse d’empiéter sur les terres cultivables des populations riveraines du littoral du fleuve Saloum. Le dernier épisode de feuilleton qui irrite Dya et environs, c’est l’octroi de 845 hectares aux Salins du Saloum par le Conseil municipal.
L’ETRANGE ARRETE DU SOUS-PREFET
Le collectif, qui ne réclame ni plus ni moins que la restitution totale de ses terres, conformément à la décision de la Cour suprême affiche sa détermination. «Nous n’allons pas transiger», avertit Ousseynou Badiane qui s’étonne de la décision prise par le sous-préfet d’annuler leur marche de protestation qu’il avait pourtant autorisée 36 heures auparavant. Ainsi, à la place d’une manifestation pacifique, ils ont tenu un point de presse pour informer l’opinion publique. Ousseynou Badiane dénonce le mutisme du gouverneur de la région de Kaolack et de ses services et en appelle à l’intervention du président de la République. Le collectif est soutenu par des personnalités et des entités diverses dontle parlementaire Mamadou Gackou, par ailleurs président du mouvement «Domou Kaolack You Beugue Kaolack», les travailleurs licenciés des Salins du Saloum, des membres deGie. «On ne peut pas céder 845 hectares à une seule personne au détriment de milliers de personnes, c’est inacceptable», peste Mamadou Gackou.
«Nous demandons à tous les Kaolackois d’exiger le départ des Salins. Nous en avons marre. Il n’a rien fait pour la région de Kaolack. Il n’a jamais été un Kaolackois. Il pense toujours à nous exploiter. Nous ne sommes plus à l’ère de l’esclavage et de la traite négrière. Il faut que cela cesse», martèle le coordonnateur du collectif des habitants de Dya.