«LA SEULE REPONSE MILITAIRE EST INSUFFISANTE»
Le ministre des Forces Armées Sidiki Ba a présidé hier la conférence inaugurale de la session 2021 du master sécurité du Centre des Hautes Etudes de défense et Sécurité (CHEDS)

Le ministre des Forces Armées Sidiki KABA a présidé hier la conférence inaugurale de la session 2021 du master sécurité du Centre des Hautes Etudes de défense et Sécurité (CHEDS). A cette occasion, il a estimé que l’action violente ne cesse d’enrôler de nouveaux acteurs dans la sous-région. A l’en croire, la réponse militaire est insuffisante actuellement.
‘’Enjeux et défis de la coopération sous régionale dans la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent en Afrique’’,tel est cette année le thème retenu par le Centre des Hautes Etudes de défense et Sécurité (CHEDS) pour la leçon inaugurale de la session 2021 du master qui vise à former de hauts cadres nationaux des secteurs public et privé, civils et militaires, en vue d’approfondir leurs connaissances dans les domaines de la défense, de la sécurité et sur la géopolitique des espaces sous régionaux et internationaux.
Venu rehausser cette rencontre de sa présence, le ministre des Forces Armées a estimé que la situation sécuritaire dans une grande partie de la sous- région ouest-africaine est caractérisée par sa fragilité et son évolution rapide. Pour Me Sidiki Kaba, elle contribue à installer progressivement l’incertitude, notamment dans les espaces ruraux frontaliers. ‘’L’examen de la carte sécuritaire actuelle du continent permet de voir clairement que l’action violente s’est beaucoup répandue en Afrique de l’Est et de l’Ouest’’, s’alarme l’ancien ministre de la Justice.
A l’en croire, qu’elle soit d’origine locale, nationale ou transnationale, elle ne cesse d’enrôler de nouveaux acteurs et de consolider son lien avec la grande criminalité. En essayant, signale-t-il, de tirer le maximum de profit des frustrations diverses d’ordre politique, économique ou social. ‘’Face à cette violence complexe et évolutive, les Etats réalisent que la seule réponse militaire est insuffisante et qu’une solution plus globale et inclusive est nécessaire. Dans les pays n’ayant pas été ciblés directement par le phénomène de la violence aveugle, c’est donc la prévention qui est privilégiée aujourd’hui‘’, renchérit l’ancien président de la Fédération Internationale des droits de l’Homme (FIDH) avant d’ajouter : ‘’Pour être efficace, cette prévention doit se fonder sur un diagnostic lucide des causes socioculturelles, économiques et politiques de la violence. Elle doit viser l’inclusion par un dialogue multi-acteurs devant aboutir à une sécurité multidimensionnelle de l’être humain’’.
Restant toujours dans le même sillage, il a affirmé que les réponses que le Sénégal doit apporter aux questions sécuritaires actuelles vont donc au-delà des seules actions militaires et requièrent des ressources humaines bien préparées aux nouveaux défis. Lors de cette rencontre qui coïncide aussi avec la sortie de la promotion 2020, le ministre des Forces Armées renseigne en outre qu’il s’agira pour le gouvernement de penser et développer des stratégies de sécurité nationale pouvant servir de tremplin pour les efforts de développement économique et social indispensables à la promotion humaine. ‘’C’est toute la raison d’être du programme de Master Sécurité nationale qui réunit des cadres nationaux des secteurs public et privé, civils et militaires, en vue d’approfondir leurs connaissances dans les domaines de Défense et de Sécurité et sur la géopolitique des espaces sous régionaux, régionaux et internationaux. Cet effort d’approfondissement des connaissances s’appuie sur une démarche collective et concerne aussi, par extension, les domaines économique et social’’, prône-t-il.
«LE CHEDS EST UN OUTIL DE PRÉPARATION, DE PRÉVENTION ET D’ALERTE»
Revenant pour sa part sur l’actualité du thème de la conférence inaugurale, le directeur du CHEDS trouve que ces menaces sont complexes et multiformes et pèsent aujourd’hui sur la paix et la sécurité des pays de la sous-région.Il s’y ajoute ‘’la gouvernance des questions démographiques, économiques, sanitaires, démocratiques, environnementales et sécuritaires’’ et cela ‘’nécessite qu’on y apporte des réponses intégrées à travers, d’abord la définition et ensuite la mise en œuvre d’une stratégie globale, intégrée, cohérente et inclusive qui réserve une large place aux experts de la sécurité’’, rappelle Général Mbaye Cissé. De son avis, il faut nécessairement un outil de préparation, de prévention et d’alerte disposant d’un cadre organisationnel et fonctionnel.
Soulignant dans la foulée que le CHEDS répond à ces critères. ’Il s’agira dès lors de former, en tout temps, suffisamment de cadres civils et militaires de haut niveau, disposant des compétences nécessaires pour la conception et la construction toujours plus achevées d’une vision intégrée en matière de sécurité nationale et de gestion de crise’’, précise-t-il devant plusieurs Généraux.