L’ASUTIC DIT NIET A UNE TENTATIVE D’INTIMIDATION
La volonté du président Macky Sall de mettre en place un dispositif juridique pour réguler les réseaux sociaux a provoqué une levée de boucliers des membres de l’association des utilisateurs des technologies de l’information et de la communication

La décision du président de la République de mettre en place un dispositif de régulation et d’encadrement spécifique aux réseaux sociaux, annoncé en conseil des ministres, a fait sortir de leur réserve les membres de l’association des utilisateurs des technologies de l’information et de la communication (Asutic). Cette dernière voit dans cette volonté du chef de l’Etat une tentative d’intimidation et un renforcement des pouvoirs attentatoires à la liberté de la presse. Ainsi, ils invitent le gouvernement à abandonner ce projet sans fondement et appellent à une mobilisation pour faire face.
La volonté du Président Macky Sall de mettre en place un dispositif juridique pour réguler les réseaux sociaux a provoqué une levée de boucliers des membres de l’association des utilisateurs des technologies de l’information et de la communication (Asutic). Elle s’est fendue d’un communiqué pour dénoncer ces déclarations du chef de l’Etat jugées «infondées». Dans la mesure où se pose la question même de la légitimité des motifs de la mise en place d’un tel dispositif . «Quand on sait que le Sénégal dispose déjà d’un arsenal juridique pour réguler les réseaux sociaux», lit-on dans ledit document.
En effet, ils accusent le pouvoir d’avoir mis en place en 2016 une série de loi visant à porter atteinte à la liberté d’expression en ligne ainsi que le droit d’accès à l’information. Notamment les lois relatives aux services de renseignements, celles portant code pénal, code de la presse, ainsi que la loi portant code des collectivités territoriales. Sans compter qu’aucun « motif ne peut être invoqué pour justifier ce nouveau dispositif, sinon des déclarations non fondées », s’indignent les membres de l’association à but non lucratif. Mettant le gouvernement au défit, ils disent attendre des arguments (chiffres, indicateurs ou exemples véritablement détaillés) révélant les lacunes structurelles de ce dispositif légal, répressif et liberticide, de lutte contre le discours de haine et la désinformation sur les réseaux sociaux.
Pour l’Asutic, le désir du chef de l’Etat de veiller à la qualité des programmes diffusés sur les radios et télévisions pour renforcer la paix sociale, la cohésion nationale, l’autorité de l’Etat et les intérêts du Sénégal cache des intérêts politiques en cette veille d’élections. « En cette période de tension politique et sociale en perspective de l’élection présidentielle de 2024 au Sénégal, il ne serait pas surprenant que l’objectif visé soit d’empêcher les expressions politiques de l’opposition et des mouvements sociaux contestataires d’atteindre l’espace publique nationale via les réseaux sociaux », avertissent les membres de l’association qui estiment qu’il n’est plus nécessaire de nos jours, pour un leader politique, syndical ou de la société civile d’être invité par une radio où télévision pour être présent dans l’espace public national, car ces médias publient les messages postés sur leurs pages Facebook où comptes Twitter.
S’il y a lieu, c’est plutôt « au traitement que les journalistes font de l’information sur les réseaux sociaux que devrait s’attaquer ce dispositif », rappelle l’Asutic qui alerte sur la tentative des autorités étatiques de légitimer l’adoption d’une stratégie légale de contrôle de la manière dont cette information diffusée sur les réseaux est traitée par la presse de masse, à savoir les radios et les télévisions. « Nous devons nous mobiliser pour tenir en échec ce projet gouvernemental »
Dénonçant par ailleurs le communiqué du conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) du 04 février, qui mettait en garde certains médias audiovisuels en ligne, l’Asutic annonce que les protections associées à nos droits et libertés reculent partout dans ce pays depuis 2016, et maintenant de nouvelles menaces sont annoncées par le gouvernement du Sénégal avec ce dispositif de régulation spécifique des réseaux sociaux. Dès lors, les membres des utilisateurs des Tic rappellent au gouvernement que dans un état démocratique, l’instrumentalisation de concepts liés à l’unité nationale, aux valeurs morales ne «doit jamais être un prétexte pour censurer les oppositions politiques et les mouvement s sociaux contestataires». Ainsi, ils manifestent leur souhait de préserver un espace numérique où le pouvoir en place pourra être critiqué.
Aussi, l’Asutic invite le gouvernement du Sénégal à abandonner un tel projet qu’aucun motif objectif pour ne pas dire scientifique ne peut justifier. Elle exhorte également les organisations de défense des droits humains à être des remparts contre tout projet qui remettrait en cause la liberté de la presse.
Aux réseaux sociaux (Facebook, Twitter), les membres de l’Asutic leur demandent de privilégier le respect de la liberté d’expression et le droit d’accès à l’information plutôt que les requêtes de censure gouvernementale. Car, disent-ils, il est temps de se mobiliser pour tenir en échec ce projet gouvernemental afin que la presse puisse continuer de relayer et amplifier les expressions citoyennes positives afin qu’elles atteignent l’espace public national et international.