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L'AVENTURE AMBIGUË DES ÉMIGRÉS QUI ONT RATÉ LEUR VIE EN OCCIDENT

Ils font partie de la première vague de migrants en Europe. Aujourd’hui, ils vivent un véritable drame social, pour n’avoir pu rentabiliser le fruit de leur aventure en investissements porteurs

Ousseynou Masserigne Gueye & Saer Sy  |   Publication 27/12/2020

Madiop Bèye est amer. Mine déconfite, regard absent, le sexagénaire vit un véritable drame social. A Hersent, son quartier, il s’est brouillé avec tout le monde. Il ne parle plus à personne. L’homme en veut à tout le monde. Pour cause ! Emigré en Italie (région Lombardie) depuis 1985, Madiop qui s’est définitivement fixé à Thiès depuis 4 ans, n’a pas réussi son retour. «J’ai fait 30 ans en Italie, mais je peux dire que j’ai raté mon aventure en Europe, car je n’ai rien pu investir au pays. A part, un bâtiment construit dans la maison familiale, je n’ai rien. Je suis aujourd’hui sans le sous, alors que je menais une vie de pacha à chacun de mes retours au pays, quand j’étais encore émigré en Italie.» Nostalgique, Madiop plonge dans ses souvenirs. «En Italie, j’étais marchand ambulant. J’achetais des habits bon marché que je revendais à prix d’or. J’enlevais l’étiquette pour y mettre celle des grandes marques de couture. J’étalais mes marchandises sur la voie publique. Je n’avais pas de papiers. Mes aînés m’ont initié à la vente clandestine. Je m’en sortais très bien», informe-t-il. Le vieux Thiessois note qu’il gagnait beaucoup d’argent à l’époque. Il envoyait de l’argent sans compter au Sénégal. «Aujourd’hui, les gens ne m’ont pas rendu l’ascenseur. Ils sont ingrats. J’ai tout fait pour mes parents et mes voisins. Puisque je n’ai plus rien à donner, on me considère comme le raté de la famille», signale-t-il. Il pointe le bâtiment en dur situé presque à l’entrée de la maison familiale. «C’était le plus beau bâtiment dans le quartier dans les années 1990. Je l’ai construit alors que je projetais de me marier.» Son père lui avait conseillé d’occuper cet espace de la maison pour s’y installer avec son épouse, mais aujourd’hui, c’est le plus grand regret de Madiop. «Si c’était à faire, je ne le referai pas. J’ai construit dans la maison de mon père, alors que j’avais les moyens d’acheter une parcelle ailleurs», pleure-t-il.

«J’étais le prince de mes beaux-parents quand je venais en vacances au Sénégal, c’est à peine s’ils me saluent aujourd’hui»

Madiop Bèye, marié à 4 épouses, vit avec sa première femme et ses enfants. Les autres sont retournées chez leurs parents, il n’a plus les moyens de les entretenir. La dernière est en instance de divorce. «Les femmes sont ingrates. Quand j’avais les moyens, je leur offrais toutes sortes de cadeaux. Chacune d’elle a reçu au moins une dot d’un million de F CFA et des parures en or. Elles ont oublié tout ce que j’avais fait pour elles.» Madiop ne se rend d’ailleurs plus aux domiciles de ses autres épouses restées chez elles, faute d’avoir la dépense à leur donner, quand il y est de tour. L’homme partage la grande concession familiale avec ses frères et sœurs, mais l’ambiance y est très tendue. «Je les ai entretenus pendant plusieurs années. A chaque fin du mois, j’envoyais de l’argent pour prendre en charge toutes les dépenses de la maison. Eux, ils n’avaient rien. J’ai tout partagé avec eux, aujourd’hui, ils n’éprouvent que du mépris pour moi et mon épouse», signale-t-il. Madiop Bèye est parti en Italie quand il n’avait que 25 ans. Il en rit encore, se souvenant de la manière dont il a roulé les autorités aéroportuaires. «A l’époque, nous sommes tous partis avec le même passeport. J’avais un grand-frère qui était là-bas. Il m’a envoyé son passeport par l’entremise d’un de ses amis qui venait au Sénégal. J’ai voyagé avec le passeport de mon grand-frère. Je n’ai pas eu de problèmes. Pour les Blancs, tous les Africains se ressemblent à quelques différences près. La perception que nous avons des Chinois qui se ressemblent tous, c’est pratiquement la même chose que les Toubabs ont de nous», indique-t-il. Arrivé en Italie le 22 juin 1985, Madiop a été accueilli par son grand-frère à Toscane. Il lance un petit sifflement pour marquer son étonnement. «Quand je suis arrivé dans l’appartement de mon frère, j’étais vraiment déçu. Je pensais qu’il vivait seul dans une très belle maison. C’est ce que je m’imaginais parce que quand il venait au Sénégal, il distribuait beaucoup d’argent. En vérité, il partageait avec une dizaine de personnes un tout petit appartement qui serait considéré comme une chambre au Sénégal», révèle-t-il.

Madiop a vécu dans la plus grande promiscuité dans cet appartement où il y avait à peine le chauffage. Et c’est à peine s’il mangeait correctement, surtout que son frère lui servait tous les jours de la pâte ou du vermicelle. Il note que les émigrés font toujours une course contre la montre et vont de ville en ville, de plage en plage pour vendre. «Ce que je regrette, c’est de n’avoir pas investi au Sénégal, alors que j’en avais la possibilité, afin de préparer ma retraite. Le mal de la génération des émigrés des années 1980, c’est de n’avoir pas été clairvoyants. Nombre d’entre nous ont gaspillé leur argent dans des futilités. Des «Modou-modou» donnaient des voitures, des villas et faisaient des virements (les 3 V) pour épouser des filles. Toutes les jeunes filles voulaient avoir des maris émigrés. De nos jours, elles n’en veulent plus parce qu’elles savent qu’ils n’ont rien», confie-t-il. Désœuvré, Madiop vit aux crochets de ses grands enfants qui se débrouillent dans le secteur informel. «J’ai plusieurs enfants (une quinzaine). Beaucoup d’entre eux sont mariés. Le revers aussi de l’émigration, c’est que j’ai longtemps séjourné en Italie. Et je n’ai pas été là pour encadrer mes enfants. Ils ont très tôt arrêté leurs études. Ils sont en train d’ailleurs de le regretter amèrement», argue-t-il. Dans la commune mitoyenne de Thiès-Nord, Mbaye Souaré n’est pas mieux loti que Madiop Bèye. Polygame, il peine à entretenir ses deux épouses et sa ribambelle d’enfants. A 56 ans, Souaré a vécu plus d’une vingtaine d’années en Espagne. Maître d’arts martiaux, il a été enrôlé avec des sportifs sénégalais qui avaient des compétitions internationales en France. Arrivé à Paris, il a fait faux bond à la délégation pour se rendre en Italie puis en Espagne. De retour au Sénégal, il avait ouvert un magasin de vente de matériels de construction, mais l’homme a vite fait faillite. «La jeune génération a plus de chance que nous parce qu’elle investit dans l’immobilier. Cela rapporte plus. Ils ont tiré des leçons de nos erreurs. Souvent, je me reproche d’avoir été assez bête. J’étais un épicurien. Avec le temps, je me suis rendu compte que j’ai investi dans le paraître, mais c’était trop tard. L’Europe était devenue difficile pour les émigrés», constate-t-il. Et pour éviter de mener une vie de misère dans un pays étranger traversé par la crise, il a choisi de rentrer au Sénégal, le temps que les choses s’améliorent pour repartir. Souaré n’y pense même plus, surtout que ses amis restés en Europe lui décrivent une situation économique insoutenable. «Je vis une situation très difficile. Au Sénégal, on ne compte pas si on n’a pas d’argent. Avant, j’étais le prince de mes beaux-parents. Ils me déroulaient le tapis quand je venais en vacances au Sénégal, c’est à peine s’ils me saluent quand ils viennent chez moi», soupire-t-il.

«Parce que je suis rentré sans argent, ma famille me refuse le droit de fonder un foyer»

A 89 km de là, dans la capitale du Baol, Mouhamadou Bamba Thiam, 57 ans, célibataire, sans enfants, cuve son dépit. Lui est parti à 13 ans en France pour poursuivre ses humanités. Mais malade, il écourte son séjour. Il retournera au pays de Marianne en 1985 et s’inscrit à l’Université Paris Sorbonne et à l’Institut des Hautes études internationales (Ihei). Promis à un bel avenir, sa vie bascule quand sa tante rejoint son père en France. Ce dernier, chauffeur de taxi à Paris, fait partie des premiers émigrés sénégalais en France. «Pour préserver son ménage avec sa seconde épouse, mon père m’a obligé à abandonner les études et à aller en Italie pour tenter ma chance dans l’informel, en tant que Modou-Modou», explique-t-il. Fraîchement débarqué à Milan, Bamba qui refuse d’être considéré comme un Modou-modou, s’essaie à divers métiers. Il croise le chemin d’un dealer gambien qui lui propose de vendre de la cocaïne afin de se faire de l’argent rapidement. Futé, Modou décline. Un sourire en coin, il narre : «Je sais que si je l’avais fait, je ne serais pas dans cette précarité aujourd’hui.» Lassé de vivre des lendemains incertains, loin des siens et désargenté, Bamba décide de rentrer au bercail et de fonder un foyer. Mais il s’est heurté à la dure réalité. Sa première tentative bute contre le désaccord de sa mère. Et la seconde contre la désapprobation de son père. «Quand j’ai fait part de ma décision à mon père, il m’a clairement dit qu’il ne pouvait m’entretenir, moi et ma femme. Ma famille me refuse le droit de fonder un foyer parce que je suis rentré sans argent.» Avec juste de la frustration et une autobiographie, «Les vents du destin» qui cherche éditeur. Depuis 20 ans.

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