LE DOSSIER ENTRE LES MAINS DU PROCUREUR
Rebondissement dans l’affaire du bébé âgé de 09 mois décédé à la crèche «La Cigogne bleue» sise à Sacré-Cœur 3, à Dakar.

Du nouveau dans l’affaire du bébé âgé de 09 mois décédé à la crèche «La Cigogne bleue» sise à Sacré-Cœur 3, à Dakar. Après avoir bouclé son enquête, la Police de Dieuppeul a transmis le dossier au Procureur. En attendant d’y voir plus clair, le père de l’enfant qui a porté plainte contre la responsable de la garderie d’enfants, pour «négligence», engage un autre «combat contre les crèches de fortune» qui s’installent de plus en plus à Dakar.
Rebondissement dans l’affaire du bébé âgé de 09 mois décédé à la crèche «La Cigogne bleue» sise à Sacré-Cœur 3, à Dakar. Suite à la plainte des parents du nourrisson contre la responsable de la crèche «La Cigogne bleue» pour «négligence», plusieurs personnes auraient été entendues dans cette affaire notamment le père et la mère de l’enfant et des responsables de la crèche dont la Directrice. La Police de Dieuppeul, ayant bouclé son enquête, a transmis le dossier au Procureur, selon des sources médiatiques. En effet, considérant les circonstances de la mort du bébé «douteuses», la famille de Magor Dia (c’est le père du bébé) a déposé une plainte et commis un avocat, en la personne de Me Borso Pouye, pour suivre le dossier.
Pour la famille qui attend toujours de savoir les circonstances exactes de la mort de leur bébé, l’enfant s’est étouffé quand on lui a donné à manger. Elle n’avait pas encore reçu jusqu’à hier, mardi 15 décembre, le rapport de l’autopsie, selon le père de l’enfant à plusieurs médias, tout en précisant que la famille s’est juste contentée du certificat de genre de mort pour l’inhumation et en se demandant toujours pourquoi le Procureur n’a pas signé ce permis d’inhumer et ce qu’on a fait manger à leur enfant.
Et, ce document fait état d’une mort par étouffement alimentaire. Selon le certificat de genre de mort délivré par le Dr Abdou Magib Gaye de l’hôpital Aristide Le Dantec, le bébé serait mort «à la suite d’une asphyxie secondaire» et qu’il y a «absence de signe traumatique et de trace de violence». Ce qui confirmerait que c’est au moment où on lui donnait à manger que l’enfant s’est étouffé et les aliments seraient passés par les voies respiratoires. La famille n’exclut pas de porter l’affaire auprès des défenseurs des droits humains, ainsi qu’au niveau des Associations de défense de la petite enfance.
Et Magor Dia, le père de la victime, de rapporter que la babysitter a raconté qu’après avoir donné à manger à l’enfant, elle l’a posé au sol et, tout à coup, il aurait commencé à vomir. Ensuite, elle l’a porté pensant qu’il dormait et, à un moment donné, elle a constaté que le corps était inerte. Aussi, à en croire M. Dia, le gardien de la crèche aurait également confié que c’est lui qui a fait les premiers secours, il a fait la ventilation et l’enfant ne répondait pas. L’agent de sécurité aurait pensé que l’enfant avait fait un arrêt cardiaque.
Pour sa part, la directrice de la crèche a préféré ne pas se prononcer sur l’affaire qui est entre les mains de la justice.
CONFIDENCES DE MAGOR DIA, PERE DE LA VICTIME : «Une certaine légèreté dans le traitement du dossier… je compte porter le combat contre les crèches de fortune»
Des jours après le décès de son bébé de 09 mois à la crèche «La Cigogne bleue» sise à Sacré-Cœur 3 à Dakar, Magor Dia s’est confié sur les zones d’ombre décelées dans les explications qui leur ont été fournies sur la mort de son fils.
«Les faits ont eu lieu le lundi dernier (lundi 30 novembre). Ma femme devait reprendre le travail pour une semaine et, comme on ne serait pas libre tous les deux pendant cette semaine-là, on avait décidé d’amener l’enfant à la crèche pour une semaine. Le lundi, je suis parti au travail. Et avant de partir, ma femme a amené notre garçon de 9 mois à la crèche «La Cigogne bleue» à Sacré-Cœur 3, le matin vers 9h. Quand on l’amenait, l’enfant ne souffrait d’aucune maladie. Il était bien portant, joyeux, souriant et plein d’entrain. Il faisait tout ce qu’un enfant de son âge fait. Quand elle l’amenait ce jour là, l’enfant n’avait aucun souci de santé.
Depuis qu’il est né, son pédiatre ne l’a reçu qu’une seule fois en consultation ; c’était une consultation de routine et les autres fois, c’était des vaccins qu’il lui faisait. Vers 13h, j’ai reçu un coup de fil venant de la directrice de la crèche, Yacine Sène, qui me demandait de la rejoindre au Samu Municipal qui se trouve sur les deux voies de Liberté VI, vers la Foire. Je lui ai posé la question de savoir ce qui se passait, et elle m’a dit que l’enfant était un peu souffrant. Effrayé par cette annonce surprenante, j’ai pris un taxi pour rallier la structure sanitaire… Je suis arrivé à 13h40mn au Samu Municipal. Elle m’a rapidement conduit chez le médecin. Ce dernier m’a reçu dans son bureau et m’a annoncé que l’enfant était décédé bien avant d’arriver à l’- hôpital. Mais, il m’a dit qu’il ignorait les circonstances dans lesquelles l’enfant était décédé. L’enfant est arrivé à 12h30mn. Le médecin m’a révélé que l’enfant avait des vomissures un peu partout sur ses habits. Cela m’a mis dans un choc énorme. Dix minutes après, la maman arrivait totalement effondrée. Quelques heures après, la famille et les amis nous ont rejoints au SAMU.
Le corps a été déposé à l’hôpital Aristide Le Dantec pour les besoins d’une autopsie. Et, le jour des faits, les habits de l’enfant ont été changés avant qu’il soit conduit à l’hôpital. Le médecin que nous avons trouvé sur place nous a fait savoir qu’il fera l’autopsie le mardi. J’avais pris l’engagement de payer les frais. Mais, ce qui est bizarre, c’est que quand je suis venu mardi, le médecin m’a dit que la directrice de la crèche est venue avant moi pour (récupérer) les résultats de l’autopsie. Elle a pris les dossiers et s’est acquittée des frais de l’autopsie qui s’élèvent à 15 mille francs Cfa.
Le médecin ne m’a pas remis les résultats de l’autopsie. Il m’a délivré le certificat de genre de mort. Sur ce, je suis allé faire les démarches d’inhumation ; mais les éléments de la Police de Dieuppeul m’ont demandé de revenir parce qu’ils devaient, d’abord, saisir le Procureur de la République. Je suis retourné à la Police, le même jour vers 16h et on m’a remis un permis d’inhumation qui n’a pas été signé par le Procureur. En plus, on ne m’a pas dit si le Procureur a été saisi ou pas. On a enterré l’enfant le mercredi et, le jeudi, je suis allé déposer une plainte au Commissariat...
Le problème, c’est qu’on a constaté que la Police n’a pas fait le déplacement pour aller faire les constats d’usage. Il y a une certaine légèreté dans le traitement du dossier. C’est un enfant qui est décédé dans des circonstances non encore élucidées. Si on était dans un Etat de droit, la crèche allait être fermée en attendant les résultats de l’enquête. Or, la crèche n’est pas inquiétée. Elle continue ses activités. On doit protéger les enfants qui y vont. Un autre drame peut s’y produire à tout moment», a déclaré Magor Dia, qui attire l’attention des parents sur le niveau de sécurité au sein des crèches dans lesquelles ils déposent leurs enfants.
En attendant l’issue de cette affaire, en tant que spécialiste de la petite enfance, le père de l’enfant compte d’ailleurs porter le combat contre les crèches de fortune qui pullulent de plus en plus dans Dakar.
AFFAIRE «LA CIGOGNE BLEUE» : Interrogations sur les autorisations d’ouverture de crèches
Dans le secteur de la petite enfance, à côté des institutions préscolaires appelées «jardins d’enfants» et autres «cases des toutpetits», les crèches et autres garderies d’enfants (bébés) font de plus en plus partie du système au Sénégal. Une sorte de réponse aux préoccupations de couples où le père et la mère travaillent. Seulement, la mort, il y a quelques jours, d’un nourrisson de 09 mois dans une crèche à Sacré-Cœur 3 alimente le débat et suscite des interrogations quant aux critères de délivrance d’autorisations pour ces garderies d’enfants.
Regroupant des personnes spécialisées dans ce dernier domaine, l’Association sénégalaise de puériculture (ASP) qui ne digère toujours pas la mort d’un bébé de 09 mois à la crèche «La Cigogne Bleue», engage la responsabilité de l’Etat du Sénégal. «Aujourd’hui, les autorisations d’ouverture de crèches sont distribuées comme des petits bonbons à des ignorants de la petite enfance. Et nous assistons lamentablement et de façon stérile à un désastre qui s’abat sur la couche la plus vulnérable, nos bébés», a déploré le Secrétaire général de l’ASP, Simon Lissa Faye. Et d’appeler au retour à la norme : «revenons à l’orthodoxie et n’attendons pas que le serpent nous dépasse pour ensuite taper sur ses traces. Dans certains pays qui se respectent, nul ne peut ouvrir une crèche sans être puéricultrice ou puériculteur». Un infirmier puériculteur ou puéricultrice est un infirmier ayant suivi une formation spécialisée dans le domaine des enfants, de la naissance à 18 ans.
Mieux, dans des pays normaux, le directeur/directrice de crèche doit posséder les qualifications suivantes : Diplôme d’Etat de puériculture et trois années d’expérience professionnelle ; Diplôme d’Etat d’éducateur de jeunes enfants et trois années d’expérience professionnelle. Suffisant pour que Simon Lissa Faye de l’ASP dénonce, «avec toutes mes forces, les conditions dans lesquelles les bébés sont pris en charge dans les crèches et j’invite l’Etat à arrêter ce fléau».