LE FORUM CIVIL REMET EN CAUSE LA CREDIBILITE DE L’IGE
Une semaine après la publication des rapports 2017, 2018 et 2019 sur l’état de la gouvernance et la reddition des comptes, l’Inspection générale d’Etat (IGE) est vivement critiquée par le Forum Civil.

Une semaine après la publication des rapports 2017, 2018 et 2019 sur l’état de la gouvernance et la reddition des comptes, l’Inspection générale d’Etat (IGE) est vivement critiquée par le Forum Civil. Birahime Seck et ses camarades relèvent ainsi de nombreux manquements dans le travail de l’organe de contrôle.
Le Forum Civil pose le débat sur la crédibilité de l’IGE. En conférence de presse, hier, la Section sénégalaise de Transparency International a essayé de démontrer point par point pourquoi douter de l’organe de contrôle. Examinant les trois rapports publiés dernièrement, Birahime Seck a révélé que l’IGE a violé la loi à deux reprises. Selon lui, l’article 9 de la loi de 2011 sur le statut de l’IGE dit très clairement : « Chaque année, le vérificateur général du Sénégal publie un rapport d’activités sur l’état de la gouvernance et la reddition des comptes.» Alors qu’on s’est rendu compte, précise-t-il, que depuis 2015, l’IGE n’a pas publié de rapports. «Donc du point de vue de la durée, et de la période, il a été constaté une violation de la loi », laisse-t-il entrevoir.
Poursuivant, le coordonnateur du Forum Civil soutient que sur la nature du document, au lieu de présenter un rapport d’activités, l’IGE propose aux Sénégalais un condensé des manquements constatés dans les vérifications, audits et inspections. «Il ne faut pas distinguer là où la loi ne distingue pas. La loi parle de rapport d’activités ; donc l’IGE devrait nous présenter un rapport d’activités. C’est une violation de l’article 9 de la loi de 2009», a relevé Birahime Seck.
Critiquant toujours les rapports, Monsieur Seck dit aussi remarquer une violation du principe de l’imputabilité. «Si on regarde les documents, on se rend compte que la Délégation générale au pèlerinage a été fouillée surtout en ce qui concerne ses contrats signés avec des compagnies aériennes, mais également des contrats d’assurance. On se rend compte également que d’autres structures comme l’Office des pupilles de la nation, l’ANACIM, la délégation générale à la francophonie ont été aussi fouillées. Dans ces cas, l’IGE est allée au fond des choses », fait constater Monsieur Seck. Cependant, il se désole que pour l’Administration centrale, l’IGE se limite à faire des renvois comme : «Dans telle direction » ; «Telle autorité » ; «Un ministre ».
Selon le coordonnateur du Forum Civil, l’IGE n’est pas précise sur l’imputabilité de la faute ou de l’erreur quand il s’agit de l’administration centrale. Pourtant, il a été noté des conflits d’intérêts manifestes qui concernent des ministres, laisse-t-il entendre. Non sans déplorer que l’IGE ne précise pas de quel ministère ou de quel ministre il s’agit ; alors que pour les autres structures, elle renseigne sur la nature de la structure et la période d’intervention de la vérification. «Ce que nous considérons comme étant une rupture d’égalité dans le travail, mais également une violation du principe de l’imputabilité», a-t-il soutenu.
«L’IGE CONSACRE DES PAGES ET DES PAGES SUR DES CHOSES DEJA CONNUES»
Par ailleurs, le Forum Civil dit être étonné par le fait que l’IGE consacre des pages et des pages sur des choses que les Sénégalais connaissaient depuis longtemps. Pendant ce temps, déplore-t-il, l’IGE met de côté des projets et programmes essentiels qui méritent réflexion et vérification à l’instar du PRACAS que l’IGE n’a nullement cité dans ses rapports. Ceci étant, le Forum Civil se demande si les missions de vérification ont été réellement réalisées par l’IGE ou si les résultats n’ont pas été cachés aux citoyens. «Si vous examinez les 359 pages des trois rapports, vous ne verrez aucune information sur le PRACAS, le PUDC, le PRODAC, les Bourses familiales. De même, aucune information sur le marché de réfection du building administratif et celui relatif à la construction de l’autoroute Ila Touba. Aussi, aucune information sur les attributions de l’assiette foncière alors que les conflits fonciers sont notés partout dans le pays aussi bien sur les terres accordées sur le littoral que l’intérieur du pays. Mais l’IGE est restée muette sur toutes ces questions. C’est pourquoi on s’étonne», relève Birahime Seck.
RECOMMANDATIONS DU FORUM CIVIL
En définitive, la Section sénégalaise de Transparency International a fait de nombreuses recommandations par rapport à la gouvernance administrative. « On se rend compte qu’il y a des distorsions, des chevauchements et des conflits de compétences sur l’administration. C’est pourquoi nous demandons que le Bureau Organisation et Méthodes (BOM) soit replacé et qu’on lui donne tout son sens dans l’administration. On voudrait également que tous les errements soient diminués drastiquement en mettant en avant les inspections internes. Il faut qu’on relooke les inspections internes», préconise le coordonnateur du Forum Civil.
A l’en croire, celles-ci accompagnent les ministres, les conseillent et les orientent. Mieux, dit-il, ces inspections fournissent de l’information au président de la République et à l’IGE. Cela étant, le Forum Civil demande qu’on redimensionne fondamentalement les inspections internes au niveau des administrations. «Nous avons également formulé des recommandations d’ordre général sur la nécessité d’avoir une nouvelle loi sur la déclaration de patrimoine, une loi sur les conflits d’intérêts, une loi sur l’éthique et la déontologie, une loi sur le financement des partis politiques et le financement des campagnes électorales. Mais surtout, une loi sur l’accès à l’information», a conclu Birahime Seck.