«LE PARTI AU POUVOIR A LA PROPENSION D’ETOUFFER TOUT CE QUE FONT SES NERVIS»
Momar Diongue, journaliste analyste politique se prononce sur la présence des nervis aux côtés des forces de l’ordre lors des manifestations contre l’arrestation d'Ousmane Sonko

Quand les forces de sécurité et de défense, qu’ils soient policiers ou gendarmes, sont appelées sur le terrain des manifestations, elles se gardent de bastonnades, elles ne peuvent pas se le permettre. Parce qu’on peut crier très vite à la dérive ou à la bavure policière. Et donc tout ce qu’ils peuvent faire, c’est de maintenir l’ordre. Et quand on parle de maintien de l’ordre, il s’agit de maîtriser, disperser une foule en cas de manifestation. Cela est encore plus valable dans le contexte actuel où avec le développement des numériques, il est très facile d’accuser de bavures policières un élément des forces de l’ordre, donc ils font attention à cela.
Contrairement aux partis politiques qui, lorsqu’ils vont dans ces confrontations, ils veulent montrer au camp adversaire qu’ils ne vont pas se laisser faire. A ce moment, ils font recours à des nervis qui ne s’embarrassent pas de bastonner ceux qui se lèvent contre le parti au pouvoir. C’est pour cette raison qu’ils s’arment de gourdins, pour montrer qu’ils sont venus pour bastonner, pour faire mal. Une chose qu’un policier où un gendarme ne se serait pas permis. Donc, les partis au pouvoir savent qu’ils ne peuvent pas attendre des policiers qui sont régis à des règles strictes de maintien de l’ordre, des bastonnades de cette nature. C’est pour ces raisons donc qu’ils font recours à des civils qui sont armés pour la circonstance de gourdins pour taper sur les manifestants.
En quelque sorte, on peut dire que c’est pour effectuer le sale boulot. La deuxième chose qui explique ce phénomène de la part des pouvoirs (parce qu’on a connu ce phénomène sous le Ps avec les tontons macoute, les calots bleus à l’époque du Pds, aujourd’hui on a affaire aux marrons du feu), c’est tout simplement que ces partis ont la certitude d’une impunité quelle que soit la nature des actes qu’on peut coller à ces nervis. Il y a un sentiment d’impunité, c’est à dire comme c’est le parti au pouvoir qui les recrute, alors qu’il a une prégnance sur la justice, tant est si que ces actes quelles que soient leur gravité et leur flagrance restent impunis. Parce que le parti au pouvoir a la propension d’étouffer tout ce que font ces nervis. Mais ce qui doit alerter sur ce qui s’est passé dernièrement, c’est qu’on a l’impression que tout s’est passé sous le regard bienveillant ou passif des forces de l’ordre. Parce qu’elles étaient aux côtés de ces nervis qui opéraient au vu et au su de tout le monde. Donc, on a eu l’impression que les forces de défense et de sécurité acceptent à côté des interventions qu’elles des nervis recrutés par le parti au pouvoir pour opérer à leur côté. Et ce qui est extrêmement grave et inquiétant, c’est quand des institutions comme la Police ou la Gendarmerie acceptent d’opérer sur le terrain avec des hors la loi, parce que ce n’est ni plus ni moins que des hors la loi.
Dans la mesure où ils ne sont pas chargés de faire revenir l’ordre, de maintenir la paix ou même d’arrêter une manifestation. Ce sont des civils, ils n’ont pas été formés pour. Ils n’ont aucune qualification pour. Normalement, ils doivent être autant des fauteurs de troubles que les manifestants sur le terrain. Donc, les policiers de la même manière qu’ils essaient de maîtriser les fauteurs de troubles, devraient également se charger de museler ces nervis.