LE PROCÈS DE KEMI SEBA RENVOYÉ AU 27 AVRIL PROCHAIN POUR CITATION DES PARTIES
Le Franco-béninois est poursuivi par la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) pour avoir brûlé un billet de 5 000 Fcfa qu’il considère comme un «scandale politico-économique d’ordre colonial»

Bloqué à l’aéroport international Blaise Diagne de Diass (Aibd) depuis trois jours, l’activiste Kémi Séba a vu son dossier renvoyé au 27 avril prochain pour la citation des parties. Le Franco-béninois est poursuivi par la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) pour avoir brûlé un billet de 5 000 Fcfa qu’il considère comme un «scandale politico-économique d’ordre colonial». Opposé à la relaxe obtenue par le prévenu en première instance, le parquet a interjeté appel.
Ce n’est pas encore l’épilogue de l’affaire Kémi Saba contre la Bceao. Devant être examiné hier par la Cour d’appel, le dossier a été renvoyé au 27 avril prochain pour la citation des deux parties. A l’entame de l’audience, Me Khoureyssi Ba, conseil de Kémi Séba, a déclaré que toutes les dispositions ont été prises pour que son client comparaisse devant la barre mais les autorités policières l'ont retenu à l'aéroport. «J'ai fait ce que j'avais à faire, malheureusement nous vivons une situation indescriptible, car les autorités policières ont été déterminées à le refouler. Elles l'ont mis dans le même avion.
Le commandant a refusé de l’embarquer de même que mon client du fait qu’il est dans l'espace Cedeao», explique l’avocat. Ce dernier estime que rien n'empêche la Cour ou le procureur général d'ordonner sa comparution immédiate. «La police ne peut pas faire une voie de fait sous prétexte qu'elle a reçu l'ordre d'en haut. En vertu des droits de la défense, elle doit le laisser répondre à sa convocation. Notre client tient à honorer de sa présence pour le respect de la justice, sinon que le parquet se désiste de son appel», tranche l’avocat de la défense.
Lui emboîtant le pas, Me Assane Dioma Ndiaye rappelle que c'est l'État qui a délivré la citation des deux parties. «Notre client a fait des kilomètres pour comparaître. On ne peut pas comprendre que l'État s'y oppose. Il n'y a pas d'arrêté d'interdiction de son entrée en territoire sénégalais. La justice doit montrer sa souveraineté. Cette affaire peut être plaidée en fin d'audience. On ne peut pas opposer une décision administrative à la justice. On ne peut pas sacrifier son droit », clame-t-il. De l’avis de Me Amadou Diallo, conseil également de Kémi Séba, cette affaire risque d'être une épée de Damoclès. « Il s'agit d'une situation particulière concernant une personne particulière. Que le parquet prenne des diligences !» a plaidé Me Diallo. Mais sa plaidoirie a été rejetée par le procureur général qui a sollicité le renvoi du dossier. « Nous sommes au niveau de la mise en état. Je m'étonne de cette passion.
Dans cette affaire, le dossier n'est pas en état, car la citation concernant Alioune Abatalib n'est pas rentrée. Force est de constater que même si Kémi Séba était là, le dossier serait renvoyé, car son complice n’a pas encore été cité». Suivant son réquisitoire, le président de la Chambre de la Cour d’Appel de Dakar, Chimère Diouf dira que la cour ne peut pas constater la présence d'un prévenu absent à la barre. «Je ne suis pas comptable de ce qui se passe en dehors du Tribunal. Ce débat sur la souveraineté n’est pas nécessaire. Pis, la citation de votre client n'est pas rentrée. Même si j'ordonne sa comparution, le dossier ne sera pas jugé. Il ne faut pas qu'on revienne sur certains principes. On va éviter de faire du bruit pour rien. On ne peut pas particulariser cette affaire qui est comme les autres. La cour juge des justiciables et non des personnes particulières. De ce fait, le débat sur sa comparution ne sera pas réglé aujourd'hui», décrète le juge qui a renvoyé le dossier au 27 avril prochain.
Pour rappel, suite à la décision rendue en première instance par le Tribunal des flagrants délits de Dakar qui a relaxé l’activiste Kémi Séba le 29 août 2017, le parquet a interjeté appel pour contester ce verdict. En effet, le président de l'Ong «Urgences Panafricanistes», Kémi Séba, avait été placé sous mandat de dépôt le 25 août 2017 par le procureur de la République. Il lui était reproché d'avoir brûlé un billet de 5 000 F CF Alors d'un rassemblement à la Place de l’Obélisque, le 19 août 2017. C’est ainsi qu’il avait été arrêté dans son domicile. Devant la barre du tribunal de Dakar, le prévenu avait reconnu les faits en déclarant avoir brûlé ce billet dans l’optique d’enfreindre la loi sénégalaise.
Pour lui, il s’agissait d’un acte symbolique pour alerter l’opinion publique. Et suite à ses propos, son expulsion a été ordonnée par le Ministère de l’Intérieur pour «menace grave à l'ordre public». C’est ainsi que Gilles Robert Capo Chichi alias Kémi Séba a été expulsé vers la France en septembre 2017, à la suite de son combat ardu contre le franc Cfa.